Séville : foire du livre anarchiste

mis en ligne le 20 juin 2010
Pour faire dans la provoc’, on pourrait dire que l’Espagne est un peu la terre promise de certains anarchistes qui – moi le premier ! – sont fascinés par l’histoire de ce pays, le seul a avoir jusqu’alors connu une véritable révolution libertaire. Mais aujourd’hui, force est de constater que 1936 est loin et que le mouvement anarchiste espagnol a désormais perdu la base populaire qui l’animait jadis. Il est loin le temps où la CNT – la confédération anarcho-syndicaliste – comptait plus de deux millions d’adhérents et où les manifestations étaient peuplées de drapeaux rouge et noir. Pourtant, s’il semble s’être considérablement essoufflé, le mouvement anarchiste espagnol est toujours bel et bien là, présent dans les luttes et porteur d’initiatives pour le moins intéressantes.
En témoigne cette Foire du livre anarchiste et alternatif de Séville à laquelle j’ai eu le plaisir d’assister en ce début de juin, sous les 40 degrés quotidiens de l’Andalousie. Installée dans un ancien centre social squatté, au sein d’un quartier plus que populaire, la Foire s’étalait sur quatre jours, du 2 au 5 juin. à l’extérieur, devant la grande porte d’entrée ornée d’un gigantesque A cerclé, six tables exposaient et vendaient des livres, des brochures et des DVD sur, entre autre, l’histoire du mouvement anarchiste, l’anarcho-syndicalisme, le féminisme, la sociologie alternative, la presse libertaire, etc. à l’intérieur, dans une grande bibliothèque alternative, deux documentaires ont été projetés, suivis de débats : l’un sur une forme d’enseignement alternatif en rupture avec les schémas de l’éducation scolaire traditionnelle (La escuela expandida de Zemos 98) et l’autre sur la lutte collective des habitants du quartier San Bernardo – celui-là même qui accueillait la Foire – contre les expulsions de logements qui y sont perpétrées (San Bernardo 52 de Andres Lopez et Cristina Honorato). En dehors de ces projections, des auteurs sont venus présenter leurs ouvrages : V de Veganismo de Roberte Lemes, El tubo. Terror y miseria en las carceles espanolas de la democracia de Xavier Canadas, Un deseo apasionado de trabajo mas barato y servicial. Migraciones, fronteras y capitalismo de Eduardo Romero, Vida accidental de une anarquista de F. Ventura et Sevilla, Cuestion de clases de Iban Diaz Para. Bref, vous l’aurez compris : des livres aux documentaires en passant par la musique et les débats, tous les ingrédients étaient présents pour diffuser les idées et les pratiques anarchistes auprès d’un large éventail de personnes. Tout cela ayant été parfaitement bien oranisé, tout s’est très bien déroulé, l’accueil était chaleureux et j’ai particulièrement été impressionné par la taille, l’aménagement et la propreté du squat, qui donne un parfait exemple, à petite échelle, de la pertinence et de la viabilité de la vie en autogestion. Une initiative qui donne la pêche pour les luttes en cours et à venir, le genre de truc qui nous donne envie de gueuler : vive le communisme libertaire, vive l’anarchie !