La cuvée 2010 de la CFDT

mis en ligne le 20 juin 2010
C’est promis, on ne vous le fera pas façon revival de l’après 1968 où la jeune CFDT, fraîchement déconfessionnalisée, lâchait la bride sur le cou et n’était pas sans évoquer l’anarcho-syndicalisme.* Nous sommes en 2010 et le paysage social a bien changé. Comme on le dit dans les médias, la CFDT est « face aux attentes sociales », c’est-à-dire que la direction confédérale, François Chérèque pour ne pas le nommer, doit naviguer quasiment à vue pour présenter à ses adhérents un visage revendicatif. Il y a quelques années, voire décennies, on se demandait si la CFDT avait encore besoin de militants, des adhérents suffisaient, puisque tout allait pour le mieux dans les négociations dans les entreprises et avec le patronat… Au XXIe siècle, après l’hémorragie d’adhésions des sinistres années Notat, l’heure n’est plus aux vagues promesses. Comme le disait un délégué des Pays-de-Loire : « L’idée que toute réforme est bonne à prendre a été trop longtemps la boîte à outils de la CFDT. Mais là, nous ne sommes pas au pays des bisounours, nous sommes dans la France de Sarkozy. » D’autres militants ont « le sentiment parfois d’écoper un bateau qui fait eau de toute part ». Il n’en reste pas moins que la contestation interne en est restée là et que François Chérèque a été réélu à une majorité soviétique, le score de 86 % pouvant être qualifié d’historique. Il est vrai que, au moins dans le discours, la CFDT maintient le cap sur la retraite à 60 ans. Si rien, ou peu de choses, n’a transpiré des tensions internes au syndicat ex-chrétien (1964), l’avenir est incertain. Quand le gouvernement va hausser le ton, on verra qui reste ferme sur ses positions. En fait comme le disait il y a peu François Chérèque : « Un compromis, ce n’est pas un renoncement. C’est toujours une étape vers les objectifs qu’on s’est fixés. » Ah bon. Au pied du mur on verra le maçon…


*. Maintenant, ce sont les grands-parents qui raconteront à leurs petits-enfants comment c’était les drapeaux rouge et noir dans les unions locales.