Les écureuils ont lutté et gagné !

mis en ligne le 27 mai 2010
Nos dirigeants qui, avant le 13 avril, ne voulaient concéder aucun centime, aucune discussion sur le PSE, ont été obligés de rabattre leur caquet face au mouvement de quatre semaines engagé par les salariés.
Ils ont dû céder un complément d’intéressement, aucun licenciement contraint et payer cinq jours de grève.
Un souffle de révolte grondait depuis plusieurs années sur l’entreprise Caisse d’épargne. Il faut dire que nos dirigeants y allaient de bon cœur dans le mal-être au travail des collègues : détérioration des conditions de travail, management par la peur, relations humaines et sociales provoquant angoisses et stress, remise en cause de droits sociaux et syndicaux, suppression d’une partie de salaire fixe « remplacé » par des revenus aléatoires.
Les errements du groupe avec la création de Natixis et sa volonté d’aller jouer avec les « grands » sur les marchés financiers et le pillage des Caisses qui s’en est suivi ont contribué à ce malaise. Différentes expertises constataient cette situation, concluant que la politique commerciale mise en place et les objectifs démesurés en étaient les principaux vecteurs. Cerise sur le gâteau en 2010 : une part variable a minima et un intéressement quasi nul. Les dirigeants pensaient pouvoir faire passer cette ignominie, estimant que les salariés n’étaient plus en mesure de se révolter.
J.-P. Decck, le DRHS, avouait d’ailleurs, il y a quelques mois, que depuis qu’il était là, le nombre de jours de grève annuels avait très largement diminué. Il avait parlé trop vite !
La réponse des salariés fut cinglante. À l’appel de la CGT et de SUD, rejoints ensuite par le SU, ils se mirent en mouvement avec le succès que nous constatons aujourd’hui.
Car, au-delà des acquis obtenus, cette grève fut un véritable moment de rassemblement, de débats, de convivialité, de fraternité. En France, dans un contexte économique de crise où ceux-là mêmes qui en sont responsables voudraient imposer encore plus de sacrifices, les salariés grévistes ont montré la voie de la nécessité de la lutte.
Mais notre combat suscitait aussi l’attention des autres salariés et notamment ceux des banques, qui n’ont pas manqué de marquer leur soutien par des interventions lors des AG et des manifestations, et par un important soutien financier.
Outre la satisfaction partielle des revendications, cette grève a permis de briser la spirale du renoncement, de casser le verrou de l’individualisme, de tisser les liens entre les salariés des trois ex-Caisses d’épargne qui ont fusionné en avril 2008 et que l’employeur a tout fait pour diviser. De façon tout à fait inédite dans notre entreprise, beaucoup de salariés non grévistes ont adressé des chèques de soutien aux grévistes…
Même si l’idéal avait été que ces salariés soient en grève avec nous, il est tout de même intéressant de noter que, par ce geste, ils étaient en accord avec les revendications. L’employeur ne peut pas compter sur eux comme il aurait pu compter sur les « jaunes », jaunes représentés dans cette lutte par la CFDT, la CGC et FO…
Cette première victoire n’est qu’un début, d’autres luttes devront être menées, notamment sur les conditions de travail, les retraites, etc.

La Louise