Retour sur quelques chroniques

mis en ligne le 17 mai 2010
Avec les politiques, imaginer le pire ou le plus grotesque est une occupation des plus ludiques et des plus salutaires pour l’esprit. Dans la bêtise que vous leur prêtez, dans l’absurdité des mesures que vous les supposez capables de prendre, vous n’êtes jamais déçu, et cela peut vous permettre de passer aisément pour un visionnaire.
Dans le billet intitulé « Garde à vue pédagogique », paru sous cette rubrique hebdomadaire en février dernier, l’installation de commissariats dans l’enceinte même des établissements scolaires était préconisée avec ironie pour mieux parfaire l’éducation citoyenne des enfants de France. Il n’aura pas fallu trois mois pour qu’une mesure assez semblable soit proposée le plus sérieusement du monde, dans le même temps où paraît un rapport accablant sur la faillite éducative de l’école républicaine.
Dans le billet intitulé « Dieu est amour », la conclusion supposait que « Roman Polanski doit regretter de ne pas s’être fait prêtre catholique américain ou irlandais plutôt que cinéaste polonais ». Ses regrets doivent davantage l’amener aujourd’hui à ne pas s’être fait star française du ballon rond. Dans l’approche des jeunes filles mineures faisant plus que leur âge, nul besoin de talent artistique ou d’apprendre le latin et de servir la messe. Un bon jeu de jambes, quelques signes de croix ou autres singeries religieuses à l’entrée sur les terrains et un pois chiche dans le crâne suffisent amplement. Si la jeune fille est originaire d’un pays du Maghreb, ses photos dénudées, sans doute vendues chèrement à des magazines mus par le noble désir d’informer, contribueront qui plus est à lutter contre l’expansion de la burqa.
Dans le billet intitulé « Faire-part », consacré à la fin programmée de Siné Hebdo, notre profonde tristesse nous faisait oublier ce que serait le devenir des Guy Bedos, Isabelle Alonso, Christophe Alévêque et autres phares de la pensée, privés brutalement d’un moyen d’expression. C’est avec soulagement que nous avons appris que l’un d’eux, celui qui n’a pas couché avec sa belle-sœur, comme ce salaud de Freud, avait trouvé refuge dans le grand quotidien de référence du soir. Vous savez, cette publication à prétention mondiale qui, dans une conception toute… nietzschéenne du journalisme, au lendemain des grandes manifestations en Grèce évacuées en quelques lignes, consacrait une pleine page à l’Olympique de Marseille, nouveau champion de France de football.