Festivals… rien n’est simple !

mis en ligne le 22 avril 2010
Le Festival de films de femmes, créé il y a trente-deux ans, ouvrant son espace une nuit pour célébrer les 40 ans du MLF, aura été l’endroit rêvé pour débattre de ces questions qu’il faut poser sans fin : émancipation, libération, luttes et création… Le programme avait pour but, entre autres, à nous révéler des archives inédites sur les suffragettes (Angleterre, au début du XXe siècle) prêtes à mourir pour modifier radicalement le statut de la femme. Suivi d’un montage d’archives sur les femmes tondues, Eût-elle été criminelle… de Jean-Gabriel Périot. Ces femmes étaient filmées de près, on voit les visages des hommes autour qui les touchent, etc. Scènes d’humiliation de femmes, abjection de la foule en liesse ! Quel rapport avec les 40 ans du MLF, quel rapport avec la représentation de la femme ? Et où sont passées la distance du documentariste ou une voix contradictoire ? Un extrait de Hiroshima, mon amour de Resnais, où une jeune fille qui avait aimé un Allemand, était tondue elle aussi, aurait pu engendrer une discussion indispensable. Décidément, rien n’est simple. D’autres films dans ce festival alimentaient ces questions : Mélodie pour orgue de barbarie de Kira Muratova montre, à travers l’errance de deux enfants qui cherchent leurs pères respectifs, la nouvelle société russe égoïste et cynique, les nouveaux riches et leurs passe-temps ridicules. Film radical qui donne à voir des situations et des faits. Il refuse de se lamenter ou de donner des faux espoirs. Admirable ! Nothing Personal de Urszula Antoniak serait l’autre versant de cette radicalité qui reste encore attachée à la beauté d’un paysage, à la compassion et au désir comme moteur des êtres. Ou alors War and Love in Kabul, le seul de ces trois films exceptionnels à avoir convaincu un jury. Helga Reidemeister obtint donc le prix Anna Politkovskaïa pour son histoire d’amour entre un jeune vétéran de la guerre en Afghanistan, abandonné par les talibans quand il perd l’usage de ses jambes, et une jeune femme qui a été mariée de force à un vieillard et qui doit racheter sa liberté pour retrouver son amour d’enfance.
On peut tous les aider. On peut tous faire connaître ces films pour qu’ils soient diffusés. En attendant, allons voir Fleur de désert de Sherry Hormann d’après le livre de Waris Dirie.