L’ombre dorée d’un bienfaiteur

mis en ligne le 29 avril 2010
Ce livre raconte une merveilleuse histoire d’amour entre un mort et un vivant. Le mort, c’est Jimi Hendrix, le vivant c’est Yazid Manou, et celui qui établit le lien biographique entre les deux, c’est Stéphane Koechlin. Beaucoup de livres sont parus sur la courte vie et l’œuvre monumentale du défunt maître. Aucun n’avait encore abordé l’histoire de son trajet unique et fulgurant sous l’aspect de la reconstitution magique. On a beaucoup parlé des faits, multiplié les éléments biographiques et les témoignages d’amis. Il restait à relier le tout pour faire apparaître l’essentiel : l’expression de la foi extraordinaire qui anime un jeune artiste lorsque celui-ci comprend la nécessité de franchir le seuil de son art pour rejoindre et incarner de son vivant cette force communicative qui fait la différence entre un artiste de très haut niveau et un artiste d’un niveau encore supérieur : l’artiste médium. La passion que voue Yazid Manou à l’œuvre et à la personne d’Hendrix est connue de tous les vrais amateurs de musique et vous n’en trouverez aucun, jusque dans le milieu le plus professionnel, qui mette en doute un seul instant le dévouement de l’un à la mémoire de l’autre. Rien de ce qui a été fait en France depuis la mort d’Hendrix ne s’est fait sans lui. Koechlin souligne à juste raison que dans le cas de Yazid Manou la relation mort/vivant conduit bien au-delà de la simple affinité élective. Manou a compris l’essentiel du message hendrixien. Il ne cesse d’en maintenir la permanence au plus haut qu’il le peut, sans aucune recherche de contrepartie et dans l’expression de la plus pure passion qui se puisse concevoir. Tous ceux dont la musique d’Hendrix a transformé la vie trouveront dans Blues pour Jimi Hendrix ce même écho, cette même résonance capable de modifier vos appuis, au point de transformer immédiatement le regard que vous portiez sur la réalité pour vous conduire là où il faut, dans le cercle générateur de la vraie vie. Hendrix était un magicien de la musique. Son art n’était point fait pour épater ou pour distraire, mais pour conduire ailleurs, dans cette zone de la mémoire sonore où communiquent les différentes périodes de l’histoire humaine et indigène. Un proverbe dit que « pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient ». Plus loin que tout effet spectaculaire, Hendrix fut celui qui indiqua aux hommes de son temps la direction du plus lointain passé qui conduit au plus vivant des présents. Yazid Mamou est celui qui maintient à hauteur d’oreille et de regard l’écho de ce miracle capable de nous rendre l’énergie de la vie. Un sacré petit bouquin, celui de Koechlin, chargé jusqu’au sommet de cette générosité, de cette énergie sans lesquelles la vie devient tout de suite le cercle d’un ennui profond… Stay tuned.

Claude Margat