Diviser pour mieux régner : revalorisation du salaire des enseignants

Il faut avoir moins de sept ans d’ancienneté pour prétendre à une augmentation.
Le fait que les salaires de l’ensemble des enseignants n’aient pas augmenté depuis dix ans n’entre pas en ligne de compte. Il faut également rappeler que treize pays européens payent mieux leurs enseignants que la France.
Ce que Luc Chatel oublie de dire, c’est que les futurs enseignants se payent leurs études, Bac plus cinq années d’étude ; cela correspond à la suppression des deux premiers échelons de leur carrière, la mastérisation leur fera perdre 13 000 euros sur dix ans suivant le master 1.
Ce que ne dit pas non plus notre ministre de l’Éducation de moins en moins nationale, c’est que le master 2 va inévitablement devenir un master de préparation au concours et non un master professionnel.
Ce qu’il nous dit, par contre, avec un cynisme tranquille, c’est que ce sont les suppressions de postes, donc la dégradation de nos conditions de travail, qui alimentent l’augmentation de nos jeunes collègues…
Pour les anciens, Chatel réserve un merveilleux cadeau : un bilan de santé à 50 ans ! Faut-il en rire ou en pleurer ?
Cette « revalorisation » ne va pas favoriser une amélioration de l’ambiance dans les écoles. Même travail, salaire différent !
Les enfants vont être les premières victimes de la mastérisation. Ils vont devoir s’habituer à travailler avec une moyenne de quatre enseignants par classe quand ils auront la malchance d’être dans une classe dont l’enseignant sera professeur des écoles stagiaire, un PES (il a été reçu au concours mais n’a eu comme formation professionnelle que quatre semaines d’observation dans deux classes quand il est à Paris, et deux semaines dans une seule classe dans l’académie de Créteil).Ce PES aura des formations en cours d’année, donc sera remplacé également par un professeur débutant qui aura une année de plus d’enseignement, mais qui partira en cours d’année lui aussi pour une formation complémentaire. Je rajoute le maître formateur et le maître tuteur de l’école, qui interviendront également dans la classe, et je vous laisse imaginer les conditions d’apprentissage pour les enfants ! Je ne parle pas des absences si l’un d’entre eux a le mauvais esprit de tomber malade.
C’est avec cette organisation que le ministre veut faire croire qu’il va réduire l’échec scolaire.
Actuellement, la situation est de plus en plus tendue dans les écoles. Les enseignants subissent les pressions gouvernementales, les programmes beaucoup trop lourds dans un temps minimum, les évaluations et la hiérarchie qui contrôle la mise en œuvre des programmes, les heures annualisées… Les professeurs crient beaucoup sur les enfants, attendent d’eux des productions irréalisables, imposées de l’extérieur. Ils ne sont plus réceptifs aux demandes des enfants mais répondent à celles de l’institution.
Les enfants fragiles craquent beaucoup : révoltes, cris, insultes, conflits très nombreux, beaucoup de pleurs et autres manifestations de leur malaise.
La situation empire très rapidement et nous devons réagir afin que chacun sache que la casse de l’école publique c’est la souffrance des enfants et l’organisation d’une société autour d’une élite qui gardera pour elle le privilège de l’accès au savoir.

Isabelle Aubel, groupe Pierre-Besnard

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