Pour une agriculture écologique

mis en ligne le 19 novembre 2009
L’agriculture française repose sur un modèle de développement pour le moins catastrophique pour l’homme et la nature. Que constate-t-on sur le terrain ?
L’espace rural est quadrillé par des unités de production hyperproductivistes où processus chimiques, surmotorisation et biotechnologie règnent en maître. Le recours aux engrais, pesticides, herbicides et autres fongicides, l’emploi non contrôlé d’antibiotiques, d’amphétamines, la floraison de compléments nutritionnels stockés en silos, l’implantation de maïs et de soja OGM sous la pression des multinationales comme Monsanto s’imposent partout et viennent déstructurer le paysage agricole et les fondements de la biodiversité.
Le cheptel bovin et porcin se retrouve enfermé dans des parcs d’engraissement où triomphe la rentabilité immédiate en bouleversant le cycle naturel de l’animal. Les pâturages sont délaissés, les friches occupent la plus grande partie de la surface agricole, le bétail qui disposait de la nature pour se nourrir disparaît définitivement de notre environnement, parqué qu’il est dans ces usines à produire. Les céréales ne servent plus à nourrir l’homme mais à fournir au bétail sa quantité optimale de nutriments, orientation économique d’un illogisme insupportable, les champs, nourriture naturelle des bovins sont abandonnés au profit de cultures industrielles qui, à grand renfort de produits phytosanitaires, détruisent le cycle naturel de la vie agricole et animale et polluent l’ensemble des terres ainsi transformées. Dans le vignoble, qui rassemble des crus de très haute qualité, des hélicoptères sont utilisés pour épandre des pesticides, des viticulteurs juchés sur leur tracteur, équipés de combinaisons et de masques hermétiques, épandent les mêmes produits. Très rares sont les propriétaires viticoles soucieux de se tourner vers une pratique culturale traditionnelle, respectueuse du milieu naturel. Comment admettre que des exploitants agricoles usent d’un matériel d’épandage des plus sophistiqués pour inonder leurs terres de produits toxiques d’une à trois fois par an, d’où des constats scientifiques d’une gravité extrême interdisant désormais dans la majorité des réseaux hydrographiques régionaux la pêche individuelle comme simple loisir et la consommation de leurs poissons.
La société rurale elle-même s’est trouvée entièrement bouleversée par cette orientation économique, la petite et moyenne paysannerie a disparu, laissant place à une minorité d’exploitants, véritables chefs d’entreprise dotés de toute la technologie agricole, et la plus sophistiquée, disposant d’engins mécaniques d’une puissance exceptionnelle, à la tête de bâtiments gigantesques, adoptant des cadences de travail infernales (il est fréquent de voir ces derniers travailler la nuit dans leurs champs à la lueur des projecteurs), destructeurs de l’espace rural, pollueurs des champs et des nappes phréatiques. La prolifération des algues vertes en Bretagne révèle les effets négatifs de cette mutation néolibérale outrancière. Faut-il rappeler le drame ancien des farines animales, de l’ESB pour le bétail et de la maladie de Creutzfeld-Jacob pour l’homme?
Face à cette évolution catastrophique, que proposent nos responsables politiques et plus particulièrement les dirigeants d’« Europe écologie » et de son chef de file Daniel Cohn-Bendit? Sont-ils toujours prêts à soutenir les faucheurs anti-OGM? Sont-ils décidés à stigmatiser les attitudes criminelles de la FNSEA approuvant cette politique destructrice ? Sont-ils déterminés à dénoncer les agissements des industries agro-alimentaires, des scientifiques de l’INRA largement stipendiés par les trusts chimiques et les semenciers américains à l’exemple de Monsanto? Peut-on penser que la naïve production cinématographique de Yann Arthus-Bertrand avec Home pourra changer un tel système puisque son auteur invite, d’une manière sottement moralisatrice, chacun par sa seule volonté personnelle, à protéger la nature, se refusant tout au long de la démonstration à citer une seule fois les responsables directs de ces dégradations systémiques irréversibles : les États et leurs dirigeants politiques, le pouvoir économique, les multinationales, les laboratoires de recherche, les industries chimiques, les semenciers américains ? Faut-il croire au discours incantatoire de Nicolas Hulot mis en avant dans son Syndrome du Titanic, qui appelle solennellement à « une révolution des esprits » afin d’atteindre « une sobriété heureuse », démarche parfaitement abstraite, dépourvue de tout contenu politique et doctrinal pour combattre au quotidien l’orientation générale du capitalisme mondialisé ?
Pourtant les solutions existent. Il s’agit de casser le circuit infernal de la course au profit et d’imposer une éco-agriculture, c'est-à-dire d’implanter partout une agriculture biologique à taille humaine, respectueuse de la dignité des travailleurs, de rétablir une agriculture familiale de proximité protégeant la petite et moyenne paysannerie, de généraliser les « Amap », garantissant un revenu stable et décent pour le paysan, de redéfinir la mission des coopératives dans un sens autogestionnaire, d’imposer une charte de qualité pour chaque filière agricole, d’encourager les jardins ouvriers, de favoriser la location voire l’accès gratuit de terres laissées en friches au particulier comme cela se pratique dans plusieurs communes rurales de l’Est de la France, de développer les zones AOC à l’exemple des producteurs de comté ou de munster qui par leurs outils coopératifs assurent le contrôle de la chaîne de production percevant un prix du lait deux fois supérieur à leurs collègues des filières industrielles, de s’attaquer à la toute puissance des multinationales de l’industrie alimentaire qui avec leurs centrales d’achat exercent un quasi-monopole sur le marché de la consommation, étouffant en toute impunité les agriculteurs-producteurs.
À l’échelon européen, il est urgent de condamner l’orientation économique de l’UE reposant sur un ultralibéralisme effréné, sur une déréglementation absolue excluant toute intervention de la puissance publique au coeur du marché agricole. Il faut exiger le rétablissement des quotas, la restauration des barrières douanières afin d’ empêcher l’entrée des produits soumis au dumping social et environnemental. L’actuelle crise du lait et de la production maraîchère qui a vu une mobilisation sans précédent des paysans français démontre la nécessité d’une telle réforme structurelle.
Il est donc indispensable que les acteurs politiques et les dirigeants syndicaux de la gauche radicale se mobilisent au quotidien, luttent pied à pied, soutiennent une contre-propagande antilibérale aux côtés des agriculteurs pour changer en profondeur cette agriculture hautement pernicieuse et prédatrice à la fois pour l’homme et la nature.

Alain Cuénot



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


BAKOUNINE

le 10 décembre 2010
écoutez un peu, mes copains anar dont j'étais en 68 et toujours d'esprit, voyez un peu le programme de La France en Action mouvement écologiste spiritualiste et de politique écologiste radicale
et dites moi si ce n'est pas plus révolutionnaire réaliste que les sempiternels principes anarchistes ratiocinés depuis des lustres qui non eu d'applications qu'en Espagne et en Ukraine.
VOYEZ UN PEU CE MOUVEMENT crée par un capitaliste repenti qui n'a pas eu le parcours d'un COHN BENDIT mais qui met sa fortune pour aboutir à une société de bien être durable par la voie des élections
vous en avez pas marre de discourir dans la rue votre corps de doctrine sans tenter concrétement de réaliser quelque chose
mes salutations anarchistes et écologistes
yves montaud