Justice sociale ? Grève générale !

mis en ligne le 25 mars 2010
Aujourd’hui, nous nous retrouvons une fois de plus dans la rue à battre le pavé pour exprimer notre ras-le-bol et notre révolte face aux conséquences du programme de casse sociale et de répression mis en place par le capital, et déjà bien initié par les gouvernements précédents, de droite comme de gauche. Comme toujours ce sont les plus pauvres, les précaires, les immigrés avec ou sans papiers, les sans-domiciles et mal-logés qui sont les plus touchés par les difficultés à vivre correctement et dignement mais aussi par la radicalisation de la répression.

Organisons et gérons nous-mêmes nos luttes en dehors et contre les bureaucraties syndicales et politiques !

Les bureaucraties syndicales, loin de construire la mobilisation et la résistance sociale, s’échinent à canaliser le mécontentement dans des journées d’actions sans lendemain et se résignent, en échange de leur survie, à négocier nos conquêtes sociales arrachées aux patrons et à l’État par nos aînés. Comment compter sur les directions des confédérations syndicales alors même que la bagarre des cheminots d’octobre 2007 a été sabotée, que l’accord sur la « modernisation du marché du travail » a été signé par quatre confédérations et que la position commune sur la représentativité syndicale constitue une étape décisive pour l’intégration, au détriment de sa combativité, du syndicalisme dans l’appareil d’État.
L’issue ne peut relever des élections. L’évidence devrait s’imposer : la raclée prise par l’UMP aux élections municipales et régionales n’a pas changé d’un iota les orientations pour lesquelles Sarkozy a été missionné par les marchés.
La solution ne viendra pas non plus des combinaisons politiciennes : qu’attendre du Parti socialiste qui a largement prouvé ces trois dernières décennies sa capacité à égaler, voire surpasser, la droite dans sa politique de casse des droits sociaux et des services publics. Qu’attendre du Front de gauche et des écologistes qui seront contraints de s’allier avec le PS pour conserver leurs quelques élus. Qu’attendre d’une énième mouture d’un parti pseudo anticapitaliste, mais qui se situe déjà clairement dans une logique électoraliste, sinon confusion politique, opportunisme et perte de temps ?
Face à ce plan politico-syndical bien huilé qui s’organise un peu partout, et jusque dans les centres de rétention administrative, il existe tout de même des grains de sable : les luttes des sans-papiers (salariés ou non) qui s’organisent partout, les bagarres contre les plans de licenciements, contre les suppressions de postes dans les écoles, dans les hôpitaux, pour la hausse des salaires, pour le retour aux 37,5 annuités, etc.
Face à cette situation, le mouvement social a jusqu’à présent été atomisé à l’extrême ; cependant, les conflits sociaux se multiplient, prennent une tonalité de plus en plus radicale, mais la jonction des luttes ne s’opère que dans le cadre sclérosant des journées d’action étroitement contrôlées dans leur déroulement et leur calendrier par les hiérarchies des centrales syndicales institutionnalisées. Pourtant, la perspective d’une action d’ampleur décisive pourrait se dessiner au regard des événements récents : grèves et actions de résistance en Guadeloupe, en Martinique ou encore sur des sites industriels comme ceux de Caterpillar à Grenoble, Continental à Clairoix et Goodyear à Amiens…
Les services publics, de plus en plus menacés par la privatisation, ont connu de fortes mobilisations, que ce soit dans la santé contre la loi Bachelot, dans l’université contre les décrets Pécresse et la LRU, à La Poste, à GDF, etc. Mais ces mouvements n’ont pas connu de développements immédiats, pas plus que les importantes journées d’action qui demeurent sans lendemain et sans perspectives.

Face à l’impasse suicidaire du capitalisme, la révolution sociale, écologique et libertaire !
Dans le monde, le capitalisme, pour maintenir son taux de profit, doit sans cesse augmenter le taux d’exploitation des ressources humaines et naturelles. La croissance économique utilisée comme fuite en avant par le capitalisme pour masquer les inégalités sociales et la pauvreté a accéléré l’épuisement des ressources et fait atteindre les limites physiques de la planète.
Le système connaît aujourd’hui un basculement. Si aucun gouvernement ne le reconnaît encore, ce sont bien les limites physiques de la planète qui sont largement dépassées : nous savons que, désormais, le coût du pétrole ne baissera plus.
Le discours dominant s’enferre dans une attitude schizophrène : poursuivre la logique productiviste en accélérant la croissance (rapport Attali) tout en culpabilisant les individus par rapport à leur consommation (discours de Nicolas Hulot). Le démantèlement des services publics participe en ce sens à la disparition de toute gestion collective en limitant ses prestations aux seuls individus solvables.
Insister sur les solutions technologiques et entretenir l’illusion d’une croissance propre permettent à la classe dirigeante d’éviter le niveau politique, notamment les questions explosives de la répartition et de la redéfinition des richesses. En effet, le capitalisme, qui tire profit du gaspillage des ressources, est condamné à la croissance.
Sur une planète peuplée de 9 milliards d’individus en 2050, il n’y aura pas d’avenir durable sans un ralentissement du cycle production-consommation. La seule perspective est une forte réduction de la sphère marchande et donc une diminution du temps de travail (travailler moins pour vivre mieux), bénéfique tant pour l’individu que pour la société : développement du relationnel, usage optimal, social et économe des biens et des services produits.
La relocalisation de l’activité économique doit permettre de renforcer l’autonomie des individus. Toutefois, il faut se garder de toute tentation autarcique de repli sur soi : aucun îlot écologiste ne pouvant survivre dans un océan capitaliste, l’objectif reste l’élimination du système capitaliste.

De la grève générale expropriatrice et autogestionnaire à la société anarchiste, sans classes ni États
Face aux attaques concertées du patronat et de l’État, qui ne visent qu’à enrichir les actionnaires au détriment des travailleurs, il faut une réponse commune des exploités. Il reste donc à fédérer ces mouvements sociaux épars dans un mouvement d’ensemble qui s’appelle la grève générale autogestionnaire.
Les militants anarchistes appellent à la tenue dans les ateliers, les services, les bureaux, d’assemblées générales décisionnaires avec des mandatés révocables, pour préparer la lutte, d’une part contre chacune des mesures régressives prises par leur patron ou le gouvernement, et d’autre part, plus globalement, contre la politique d’appauvrissement généralisé des populations. Face à l’État et au patronat, les travailleurs du secteur public et du privé doivent pouvoir conduire et contrôler leurs propres luttes sans se préoccuper de ceux qui n’aspirent qu’à les diriger.
Les anarchistes appellent les jeunes, les chômeurs, les retraités à se joindre aux luttes interprofessionnelles, professionnelles et spécifiques.
Alors, de ces résistances et de ces pratiques pourra naître la perspective d’une grève expropriatrice et gestionnaire : gérons nous-mêmes nos entreprises puisque c’est nous qui y créons les richesses, gérons nous-mêmes la sécurité sociale, les écoles, les hôpitaux et les caisses de retraite, solidairement, avec de vrais moyens gérés collectivement, puisque nous sommes les premiers concernés, gérons nous-mêmes nos quartiers, nos villes, nos zones rurales puisque c’est nous qui y vivons.