Défendons l'hôpital !

mis en ligne le 10 décembre 2009
Alors que la ministre de la Santé (et des Sports) Roselyne Bachelot court les plateaux de télévision et autres radios pour écouler le stock de vaccin antigrippe, les plans de restructuration à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris sont menés tambour battant, dans la quasi-indifférence générale. Les hôpitaux parisiens devront réduire leurs dépenses de 100 millions d’euros par ans durant trois ans, ce qui mécaniquement va entraîner des suppressions de postes : on prévoit 1 150 postes de moins par an (150 postes de médecins et 1 000 postes de soignants). Rappelons qu’en 2009, 700 emplois ont été supprimés. Il s’agit d’une logique purement comptable, faisant fi des considérations médicales et sanitaires. La situation, qui est déjà tendue dans les services hospitaliers, va aller en s’aggravant avec des difficultés croissantes pour les personnels, dont les conditions de travail se dégradent de jour en jour, et va conduire à une diminution malheureusement inéluctable de la qualité des soins, ce dont les patients feront les frais.
1576HopitalCes décisions sont prises aux mépris des personnels et des malades, sans aucune concertation avec les syndicats de soignants et les associations de patients et d’usagers. On assiste à un passage en force, le gouvernement se conduisant dans ce domaine comme dans les autres (Poste, énergie, éducation nationale, transport) en casseur et en serviteur zélé des intérêts privés. Les personnels hospitaliers avaient massivement rejeté le plan Bachelot, en défilant de manière unitaire le 28 avril dernier contre la loi HSPT : en vain, puisque la dite loi a été approuvé par l’Assemblé nationale et que les décrets d’application sont en train de paraître. Des syndicats, des associations tentent actuellement d’alerter la population sur la situation : entre autres, des médecins des hôpitaux parisiens, réunis dans le Mouvement de défense de l’hôpital public (MDHP) 1, ont décidé de démissionner de leurs fonctions de cogestionnaires et de co-administrateurs à l’hôpital. Ils demandent que les missions du service public hospitalier soient respectés et renforcés, que les personnels soient associés à la démarche de modernisation de l’hôpital, qui doit se faire selon des critères de santé publique et non sous la seule exigence comptable, que les emplois soient maintenus et les moyens accrus. Ils appellent à une assemblée générale des médecins hospitaliers le 15 décembre prochain. La situation est vraiment grave : les médecins ne sont pas en général pas très combatifs dès lors qu’il s’agit de défendre les intérêts collectifs ; s’ils l’avaient été plus tôt on n’en serait peut-être pas là… Au-delà de ces considérations, il faut souligner le profond malaise des professionnels de santé, infirmiers et médecins confondus : leur engagement au sein du service public est déconsidéré, et ils sont confrontés à la défiance de l’administration. Il est à souligner qu’au moment même où la ministre fait mine de s’agiter pour le bien de la population, avec cette campagne pour la vaccination antigrippe, dont le coût reste à estimer 2, on assiste à la destruction du service public de santé. Finalement, cette grippe tombe à pic !

1. www.mdhp.fr
2. Nous reviendrons, le moment venu, sur cette calamiteuse campagne et nous tenterons d’en faire un bilan.