Le Mesnil-Amelot : un nouveau camp d’internement pour étrangers

mis en ligne le 1 avril 2010
L’horreur de la xénophobie d’État et de la chasse à l’étranger se poursuit crescendo. Dans quelques semaines, le deuxième centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot va ouvrir ses portes grillagées pour enfermer plusieurs centaines d’individus sans papiers. À proximité de l’aéroport de Roissy, il s’agit du plus gros centre de rétention jamais construit en France.
Si actuellement la législation autorise un maximum de 140 détenus par centre de rétention, le gouvernement est ici parvenu à la contourner en divisant le nouveau complexe en deux centres de rétention mitoyens de 120 places chacun, reliés entre eux par une passerelle. Au total donc, 240 personnes pourront y être enfermées. Entouré d’un double grillage barbelé de plusieurs mètres de haut et de haies épineuses, ce nouveau centre de rétention est aussi, selon la Cimade, bourré de caméras de vidéosurveillance et de détecteurs de mouvement.
Sur les 240 places disponibles, 40 sont prévues pour les familles, ce qui laisse clairement présager que ce centre enfermera aussi les enfants, d’autant que la Cour de cassation a récemment estimé que « le seul fait de placer en rétention administrative un étranger en situation irrégulière accompagné de son enfant mineur ne constituait pas, en soi, un traitement inhumain ou dégradant ».
Quant aux conditions de vie, la présence de l’aéroport rend l’environnement extrêmement bruyant. Les cellules sont dotées de portes en partie vitrées, ce qui ne confère aucune intimité à des détenus constamment sous le regard des gardiens. En outre, contrairement à d’autres centres, l’accès à l’infirmerie, à la Cimade, aux parloirs et aux salles de visites n’est plus du tout libre, ces endroits étant désormais séparés des cellules par des portes et des grillages à fermeture magnétiques. Les détenus ne pourront donc s’y rendre que selon le bon vouloir des gardiens, qu’ils devront contacter au préalable à l’aide d’un interphone.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, ce nouveau camp d’internement pour étrangers dispose également de deux salles d’audience judiciaire dans lesquelles les cas des détenus seront traités. Autrement dit, l’on a ici un tribunal d’exception pour sans-papiers qui rendra une (in) justice qui n’aura plus rien de publique, le centre étant largement hors des zones habitées. Les détenus ne pourront donc plus bénéficier du soutien de leurs proches et des militants, et la justice ne sera plus rendue publiquement.
Le nouveau centre de rétention du Mesnil-Amelot est donc une véritable prison, une prison uniquement destinée à enfermer des individus qui n’ont rien fait d’autre que de ne pas posséder ce fichu bout de papier plastifié qui confirme cette absurdité : « je suis bien français ». Sans faire aucune comparaison malvenue avec les événements de la Seconde Guerre mondiale, c’est bel et bien une chasse à l’étranger que le gouvernement organise, perfectionne et dote de moyens de plus en plus importants. Cette xénophobie d’État, largement alimentée par le débat sur l’identité nationale, n’aura de cesse de s’intensifier. Le gouvernement prévoit même d’ouvrir de nouveaux centres de rétention pour atteindre un total de 1959 places d’ici à la fin de l’année 2010 (il y en avait 943 en 2005, selon la Cimade). Face aux rafles, aux centres de rétention et à la justice d’exception pour étrangers, il est plus que temps de se mobiliser pour dénoncer et arrêter cette odieuse machine à expulser. Comme en 2008, ces prisons doivent flamber.