Dieu est amour

mis en ligne le 25 février 2010
Au printemps 2002, deux mille ecclésiastiques américains connaissaient quelques menus désagréments, car coupables d’agressions sexuelles sur mineurs depuis de nombreuses années. Au moment où cette affaire était révélée, quinze millions de dollars avaient déjà été versés à une poignée de victimes de ces aimables serviteurs de Dieu et de la morale. Depuis, le nombre de ces pieux adorateurs de l’enfance fragile a dépassé les trois mille, et les dommages-intérêts versés les trois milliards de dollars.
C’est en 1995 que les premières plaintes furent déposées par des citoyens irlandais pour abus sexuels commis sur leur personne, durant leur enfance, par des prêtres catholiques de ce pays. Sept ans plus tard, plus de trois mille personnes ayant connu les maisons de correction, les orphelinats ou les pensionnats régis par l’Église catholique se disaient prêtes à venir témoigner de ce fléau devant les tribunaux. Cinq cents millions d’euros leur avaient alors été proposés par la richissime Église des pauvres contre l’abandon des poursuites et la non-révélation de l’identité des prêtres concernés. Aujourd’hui, un milliard d’euros a été versé aux victimes, qui se comptent par dizaines de milliers.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il n’y a bien sûr nulle raison de penser que ce triste phénomène de pédophilie apostolique et romaine se limite aux deux seuls pays évoqués.
Le Vatican, décidé à appliquer la même sévérité que jadis envers le clergé acoquiné avec le régime nazi, outre de plates excuses et d’efficaces prières pour conjurer le mal, a démissionné un cardinal américain et un archevêque irlandais. Dur !
Reclus dans son luxueux chalet de Gstaad, Roman Polanski doit regretter de ne pas s’être fait prêtre catholique américain ou irlandais plutôt que cinéaste polonais.