Partageons les richesses, pas la misère !
mis en ligne le 22 octobre 2014
La crise ! Quelle crise ? Si l’on définit le capitalisme par un système permettant à une minorité possédante de s’enrichir sur une majorité exploitée, force est de constater que les effets de la crise économique ne s’appliquent pas de la même manière à l’ensemble des classes sociales. Tout comme le fameux adage de La Fontaine, « Selon que vous serez puissants ou misérables… », la crise génère, exacerbe et renforce les inégalités économiques et sociales. Les riches s’enrichissent, les pauvres s’appauvrissent, du point de vue des puissants, ce n’est pas vraiment ce que l’on peut appeler une crise.De récentes études de grandes banques suisses sur l’état des richesses dans le monde nous apportent quelques éléments intéressants : l’année 2014 établit un nouveau record du nombre des milliardaires dans le monde avec un nombre de 2325 (dont 286 femmes) contre 2170 un an plus tôt. En France le nombre de milliardaires a chuté en un an de 64 à 46 mais les 46 de 2014 sont plus riches que les 64 de 2013 avec un patrimoine commun de 213 milliards de dollars contre 202 l’an passé. La France est ainsi passée du 9e au 11e rang en matière de nombre de milliardaires
En ce qui concerne les millionnaires en dollars dans le monde ceux-ci sont 34 837 000 cette année contre 30 997 000 en 2013, soit une augmentation de plus de 12 %. La richesse cumulée des millionnaires est estimée à 20 100 milliards de dollars, en augmentation de 8,3 % par rapport à l’année précédente. Ces 35 millions de millionnaires représentent 0,7 % de la population mondiale mais 44 % des richesses mondiales.
Si la France est un pays comptant relativement peu de milliardaires, elle recense en revanche un nombre impressionnant de millionnaires, se situant au 3e rang mondial derrière les États-Unis et le Japon. Ainsi, on peut aujourd’hui compter 2 444 000 millionnaires français en dollars, ils étaient 2 134 000 il y a un an. En douze mois, la France a compté 310 000 nouveaux millionnaires, soit une augmentation de plus de 14 %. Aujourd’hui, 3,78 % de la population est millionnaire, soit un Français sur 26. Selon une simulation publiée dans l’étude annuelle du Crédit suisse parue en octobre 2014, le nombre de millionnaires français va atteindre le chiffre astronomique de 4 160 000 en 2019, soit une augmentation de 70 % par rapport à 2014 ou un quasi-doublement par rapport à 2013, soit en à peine six ans ! Selon la même étude, le nombre de millionnaires dans le monde passera de près de 35 millions en 2014 à plus de 53 millions en 2019, soit une augmentation de 53 % en cinq ans seulement.
La spécificité française qui explique en grande partie cette explosion du nombre de millionnaires réside dans la part qu’occupe l’immobilier dans le patrimoine qui représente une part moyenne des 2/3 en France contre beaucoup moins dans les autres pays. Ainsi si le patrimoine français médian (50 % de la population possède plus, 50 % moins) a légèrement baissé en 2014 par rapport à 2013 avec 111 273 euros contre 112 232, le patrimoine moyen est passé en un an de 233 667 euros à 251 041, soit une hausse de 7,4 %, ce qui trahit le creusement des inégalités.
Le revenu médian atteint 1 675 euros en France en 2014 tandis que le revenu moyen est de 2 449 euros. Le seuil de pauvreté est usuellement fixé à 60 % du revenu médian soit 1 005 euros pour un individu. En 2004 le taux de pauvreté atteignait son plus bas historique avec 12,6 % de la population, soit 7,6 millions de personnes. Dix ans plus tard le taux a dépassé 14 % de la population, soit plus de 8,6 millions d’individus concernés.
La valeur boursière des entreprises du CAC 40 a augmenté de 18 % en 2013, la moitié des profits devraient rejoindre cette année la poche des actionnaires, ce qui représente la bagatelle de 39,9 milliards d’euros, soit 5 % de plus que l’année précédente. Ces chiffres parlent d’eux-mêmes, la crise ne touche en fait que les classes les plus défavorisées tandis que la minorité possédante s’engraisse toujours plus. La crise n’est qu’un artifice des puissants pour justifier un partage toujours plus inégalitaire des richesses, pour résigner les classes populaires à un précariat généralisé, un chômage de masse, la modération voire la baisse des salaires, la déréglementation du travail et une productivité accrue. Il n’y a pas de capitalisme à visage humain et il est totalement illusoire de vouloir contrôler voir réformer le système capitaliste.
La rupture révolutionnaire reste incontournable : seule une société communiste libertaire, c’est-à-dire sans classe et sans État, peut réaliser l’égalité économique et sociale, condition indispensable de la liberté de tous et de toutes. Ici comme partout dans le monde, les luttes populaires ont montré que, pour défendre nos droits et nos libertés contre les attaques incessantes du capital, seul le rapport de force compte. L’action directe et internationale des travailleurs, en dehors des bureaucraties syndicales et politiciennes et de l’impasse parlementaire, doit nous permettre de résister à la loi du profit et construire un monde où liberté, égalité et solidarité ne seront pas de vains mots mais une réalité concrète et vivante.