éditorial du n°1703
mis en ligne le 10 avril 2013
Ce qui est bien, quand on a un président normal – à défaut d’être socialiste –, c’est qu’on a les ministres qui vont avec : normaux. Ainsi Cahuzac, ci-devant ministre délégué au Budget.Son boulot, c’était donc de ficeler le budget de l’État français. C’est sa faute, à lui, quand on supprime des postes utiles dans la fonction publique. C’est sa faute quand on garde les soldats et les bombardiers. C’est sa faute quand on rajoute des flics. C’est lui qui trouve les ronds pour les cadeaux aux patrons. C’est lui qui répète aux salariés qu’ils sont un poids pour le pauvre monde.
Quand vous attendez aux urgences à l’hôpital, criez : « Merci Cahuzac ! » Quand la TVA grimpe et que tout est plus cher : « Merci Cahuzac ! » Radié de Pôle emploi ? « Vive Cahuzac ! » Pour tout ce qui tient au budget de l’État, c’est lui le responsable pour tout 2013. C’est aussi sa faute, incidemment, quand on poursuit peu et mal la fraude fiscale.
Eh bien ce Cahuzac normal trouve normal de cacher tout ce qu’il peut de son argent (et il en a beaucoup) dans des paradis fiscaux pour ne pas payer ses impôts. Il fait comme tout le monde – tout le monde riche. Cela fait, il s’en va au travail, faire ce pour quoi on le paye. Normal.
Celui-là même qui imposait l’austérité soustrayait à l’effort ses propres possessions. Normal, quand les décideurs politiques du monde entier ont choisi de défendre avec les dents et d’imposer avec les armes les théories meurtrières du néolibéralisme triomphant, comme un salafiste brandit son Coran ou un marxiste son Capital.
Nous vivons dans un monde de riches salopards qui se moquent presque ouvertement des valeurs qu’ils prétendent inculquer aux pauvres : respect des lois, bien commun représenté par l’État, solidarité. Dès lors, la question se pose : pourquoi ceux d’en bas continueraient-ils à jouer le jeu, à se conduire en dupes ? Qu’avons-nous à gagner à subir sans cesse la morgue de ces parasites ? Pourquoi ne jetterions-nous pas toute cette fange au rebut ?