éditorial du n°1641
mis en ligne le 23 juin 2011
C’est le dernier numéro de l’année. Et quelle année. Déceptions et gueule de bois après le mouvement social contre la réforme des retraites à la rentrée 2010, des pauvres bougres assassinés par la volaille en uniforme (au moins trois), des milliers d’autres traqués et expulsés pour défaut de papiers en règle, une éducation nationale de plus en plus incapable d’enseigner quoi que ce soit avec qualité, une montée toujours croissante des intégristes religieux de tous poils – des musulmans aux (s)catho(philes) –, un retour de l’extrême droite parlementaire sur le devant de la scène politique, l’énergie nucléaire qui de nouveau fait preuve de sa dangerosité – sur le long comme le court terme –, des pays qui s’effondrent (Grèce, Islande et Irlande au premier chef), bref, Le Monde libertaire a, une année de plus, dû relater les horreurs, les injustices et les malaises d’un monde à la dérive, qui laisse les trois quarts de la planète dans la misère et la pauvreté, soumis à l’exploitation économique et à l’oppression politique. Et, pourtant, on n’en sort pas complètement abattus. Quelques lueurs d’espoir se sont tout de même manifesté. Plusieurs pays arabes se sont enfin débarrassé de leurs tyrans, d’autres essaient encore. On ne sait pas encore ce qui les remplacera, mais ces instants de rage et de révolution, ces intenses moments de liberté auront au moins permis de secouer le vieux monde et de remettre au goût du jour les velléités de changements sociaux et politiques. Et ce, bien au-delà des seuls centres névralgiques des révoltes arabes. En Grèce et en Espagne aussi, le peuple révolté contre le chômage, la corruption des sphères politiques et la vie chère se soulève. Tout n’est pas perdu, loin de là. Mais, tout le boulot reste à faire. Alors, une fois de plus, ne mettons pas notre engagement entre parenthèses, évitons de le vivre comme une routine parfaitement intégrée au mode de vie capitaliste et continuons à construire, dans nos chaumières et dans la rue, dans nos boîtes et nos bistrots, sur internet et dans nos journaux, cette révolte qui deviendra révolution.