Le 23 dans la rue, le 24 on continue
mis en ligne le 23 septembre 2010
Hé oui, même si on a un goût amer on sera dans la rue ce 23 septembre. Le 7 dernier, nous étions près de trois millions de manifestants et il ressortait des rangs une détermination et une colère qui ne demandaient qu’à s’exprimer les jours suivants. Las, les confédérations syndicales et leurs bureaucrates voyaient les choses autrement. Reconduire, remettre ça aussitôt, ça ne plaisait pas à l’Unsa et à la CFDT, alors, au nom de l’unité syndicale, on s’est retrouvé avec le plus petit dénominateur commun : le 15, jour du premier vote à l’Assemblée nationale, intermède pour les militants et le 23, journée d’action.Tout le monde s’attendait à un rendez-vous rapide pour une nouvelle journée de grève. Ça ruait dans les brancards, on était prêts pour le 8, mais les syndicats se rassemblaient, on était OK pour le 9, puis le 15… Ça n’aura été que ce 23.
Même si on a une piètre opinion des députés, voir le débat du Parlement sur les retraites, bâclé autoritairement par la droite, montre, s’il n’en était besoin, que ce n’est pas là qu’on pourra être défendu et qu’il ne faut compter que sur nous-mêmes. Pire, outre le fait que le texte initial aura été changé à la marge, une réforme de la médecine du travail dans un sens très favorable aux entreprises a été adoptée par voie d’amendements.
La forte mobilisation du 7 montre pourtant que tout est encore possible et malgré notre insatisfaction, il faut à tout prix poursuivre la lutte et participer aux différentes dates annoncées, en ayant en perspective de transformer des journées sans lendemain en grève générale reconductible. Parce que c’est de cela qu’il est question. Il n’y a pas d’arrangement possible : ce ne sera qu’en bloquant le pays, par la grève générale, que nous pourrons gagner. Juste montrer aux ministres et au chef de l’état, mais aussi et encore plus aux patrons, qu’on ne se laisse plus faire.
Le climat de mécontentement monte, d’autant plus que les affaires et les scandales de riches sont monnaie courante. Opération de barbouzes, violation du droit européen, mépris du Parlement et des syndicats, attaques contre la presse, polémiques avec l’Onu et l’Europe. Le pouvoir est entré en guerre contre tous ceux qui s’opposent ou simplement questionnent. Le pouvoir se fait arrogant et ne se cache même plus car sa « morale » n’est pas la même que la nôtre. Il est isolé et discrédité, raison de plus pour l’attaquer et, si possible, s’en débarrasser.
Tout n’est pas perdu. Si on est déçu de ne pas avoir reconduit le mouvement du 7, ces journées ont fait discuter et ont permis de prendre des décisions et faire monter la colère. On ne compte plus les appels de structures syndicales, d’intersyndicales locales à la reconduite du mouvement, à faire grève « à partir du 23 » ou même à la « grève générale » (CGT et Sud SNCF, FO Transport, CGT Archéma, etc.).
Le climat montre que nous pouvons gagner. Nous avons gagné en 1995, nous avons gagné contre le CPE, nous pouvons et devons gagner aujourd’hui. C’est possible. Le 24, on continue.