Le rouge contre le noir
mis en ligne le 24 septembre 2009
Il a mis des guillemets à « flinguaient ». Guy Q. (dit Justhom) aurait peut-être pu s’en passer vu que Vladimir Ilich Oulianov, autrement dit Lénine, le verbe fusiller, il savait le conjuguer et à tous les temps encore, quoiqu’il ait eu une préférence marquée pour l’impératif présent ! Ainsi flinguer, ce n’est pas au sens figuré qu’il faut le prendre avec le tsar rouge mais bien au sens premier ! Cependant la vérité historique (les grands mots, ça fait bien dans le tableau) nous oblige à reconnaître que Marx et Engels n’ont pas de sang sur les mains. Ce n’était peut-être pas l’envie qui leur manquait mais on ne va pas réécrire l’Histoire pour se donner raison. On peut toujours dire que, contrairement au satrape rouge, ils n’ont pas eu l’occasion d’exercer le pouvoir à leur façon, les faits sont là. On estimera, à juste titre, qu’ils ont une responsabilité morale puisque leurs théories et pratiques déjà dénoncées de leur vivant comme lourdes de dangers ont engendré les Staline, Mao, Pol-Pot et autres assassins de masse, il n’empêche que… Va donc pour les guillemets, même si c’est tentant de les enlever !Pour autant, le mot flinguer ne nous gêne pas parce que c’est bien de cela dont il est question : feu sur les anarchistes ! Tel était l’un de leurs mots d’ordre préférés ! Et c’est le but de cette brochure que d’en causer. Elle n’a pas la prétention d’être exhaustive et de faire le tour complet du sujet. Simplement, derrière le coup de gueule, car c’en est aussi un, il s’agit de montrer que cette querelle (et le mot n’est pas assez fort vu son importance et les conséquences sur le mouvement ouvrier) entre les marxistes et les anarchistes (pour simplifier) ne s’est pas déroulée à la loyale, idées contre idées, arguments contre arguments. Le camp marxiste s’est livré à un pilonnage intensif à l’artillerie lourde de mensonges, calomnies, insultes, etc., contre les antiautoritaires, préfigurant déjà la phraséologie stalinienne, et ce, sans oublier les manœuvres malhonnêtes et autres coups fourrés. Mais c’est essentiellement sur l’argumentaire marxiste que cet opuscule s’attarde.
C’est d’ailleurs d’une certaine façon une curiosité : pour l’édification du lecteur, l’auteur a choisi de reproduire in extenso de longs passages des écrits de Marx, Engels et Lénine. Du coup, voilà une brochure anarchiste qui fait la part belle à la phraséologie marxiste ! Il y a dedans autant, si ce n’est plus, de contenu marxien que de contenu libertaire ! Marxisme libertaire, le retour ? Que nenni ! C’est tout simplement la construction choisie qui veut ça… Et les susdits passages n’honorent pas spécialement leurs auteurs !
Pour terminer, un petit mot sur l’auteur (et collecteur) : avant d’être membre du groupe de Rouen de la Fédération anarchiste, il a longtemps été un militant actif du PCF (il a même fait la haute école du Parti) et par conséquent, pour ce qui est du marxisme, il sait de quoi il cause ! Par contre, il ne prétend pas être devenu un grand théoricien ou historien de l’anarchisme. C’est donc en toute modestie qu’il apporte sa contribution à « la cause » par cet ouvrage, qui se veut un simple outil de plus pour la formation (et l’édification, au sens noble du terme) des militants anarchistes et des autres. À l’heure où règne la confusion des idées (qui, hélas, selon un air par trop connu, se vaudraient toutes), et où un certain facteur veut fonder un parti à la fois guevariste et libertaire (sic), ce n’est pas du luxe !