Omsk en Russie : persécution de l’opposition
mis en ligne le 10 décembre 2009
À Omsk a commencé le harcèlement intense et une pression sur les membres de la « Sibirskaya Konfédéraziya Trouda (SKT) » – la Confédération sibérienne du travail. Cette organisation est une union interrégionale des syndicats, fondée en 1995 par des militants de la Confédération des anarcho-syndicalistes. La SKT a beaucoup de sympathisants et est activement engagée dans la défense de leurs droits de travail et de leurs droits sociaux. Au sein de la SKT fonctionnent une organisation de la jeunesse « Soyuz Avtonomnoy Molodeji (SAM) », l’Union de la jeunesse autonome, ainsi que le Comité pour la protection des élèves sortant des orphelinats. La position politique de la SKT a attiré l’attention des structures policières, qui, accomplissant de facto les fonctions de la police politique, ont commencé à poursuivre les militants.Tout a commencé après le 31 août, quand les militants de la SKT ont déclaré un rassemblement contre la violation des droits et libertés des citoyens par des policiers. Puis, dans la ville, deux policiers ont tué un homme. L’action a réuni un grand nombre de jeunes et les actions des militants ont reçu une large publicité dans les médias. Lors du rassemblement, deux méthodes policières ont été utilisées : infiltration de provocateurs en civil (bien sûr parmi les membres du service d’ordre) et l’utilisation de la « Jeune Garde », qui empêchait d’organiser des rassemblements. Après cela, commença la véritable persécution des militants de la SKT.
Plus tard, en ville, eut lieu un double assassinat, encore une fois par un policier. À l’initiative du mouvement de la jeunesse « Iabloko », a eu lieu un meeting auquel les militants de la SKT ont participé. Bien que le rassemblement soit autorisé, il a été attaqué par environ cent employés du Département des Affaires Intérieures (UVD) qui étaient en civil et ont utilisé comme armes des drapeaux de la Russie ! Tout l’espace autour du meeting était blindé de bus. Bien que les journalistes présents aient été ceux du journal Novaïa Gazeta, l’article sur la campagne a quand même été publié. Ceci a mis en colère l’UVD et les autorités locales.
Afin d’être en mesure d’interpeller officiellement les membres de la SKT et les manifestants, l’UVD monte alors une affaire criminelle contre un militant d’une autre organisation – le Front de gauche – qui, selon des officiers des forces de l’ordre, se trouve sous l’influence de la SKT. La cause de l’ouverture de cette affaire est la découverte de tracts nazis, qui, paraît-il, auraient été en possession du militant. Dans le même temps, les membres de la SKT restaient fidèles à des positions cohérentes d’internationalisme et d’antifascisme.
Néanmoins, lors de l’un des rassemblements suivants, des provocateurs du département de police ont distribué un tract, où Elena et Vasiliy Starostin – deux des fondateurs de la SKT – sont accusés d’avoir des liens avec le mouvement nazi. En outre, le texte prétend que la SKT utilise des ex-orphelins, en leur promettant de régler leurs problèmes, promesses qui selon le département des Affaires intérieures ne seraient pas tenues. Ce qui s’avère mensonger, puisqu’à l’initiative de la confédération, plus de 120 procès ont été gagnés et environ 50 enfants vivent déjà dans des appartements suite à la décision du tribunal.
Puis le service de police a commencé à interroger des militants identifiés lors des rassemblements. Ils ont convoqué également les Starostin. Il a été déclaré que ces derniers avaient une mauvaise influence sur les jeunes et qu’ils devaient cesser leurs activités. Au travail, Elena Starostsina a commencé à éprouver des pressions de la part de son employeur : il y a de plus en plus de contrôles afin de pouvoir la licencier.
Sur de nombreux jeunes participant aux actions de la SKT commencent à s’exercer des pressions au sein de leur université. Ces jeunes ont été convoqués chez le directeur de la faculté. Une réunion a été organisée au sein de la faculté concernant leurs activités « extrémistes ». Ces étudiants sont menacés d’expulsion. En outre, la police a commencé à interpeller leurs parents, exerçant des pressions en raison des activités de leurs enfants. La mère d’un des participants serait prochainement licenciée, ce qui pourrait arriver à d’autres parents.
Lors de l’interrogatoire dans l’UVD, il a été ouvertement déclaré aux Starostin qu’en participant aux actions de la SKT et faisant partie de la SKT, ces jeunes ne pourront trouver du travail nulle part dans la ville. De plus, les menaces de caractère physique ont commencé : « Ne craignez-vous pas que des “skins” viennent vous casser les bras et les jambes ? »
Il est clair que le but principal de toutes ces actions est d’intimider les militants et de les empêcher d’organiser de nouvelles manifestations. La direction de l’UVD ne souhaite pas que les informations concernant cette affaire se propagent en dehors de la ville d’Omsk. À cet égard, les militants de la SKT demandent et insistent pour que soit diffusée cette information.
Traduction de Natalia, groupe Idées Noires