À Feurs, la population et les salariés disent non !!
Empoisonnement radioactif
Les 450 salariés de la fonderie FeursMétal, ainsi que la population de Feurs, alertent l'opinion sur les dangers extrêmes d'un projet industriel hautement mortifère. En bref : on veut recycler des déchets issus de la filière nucléaire dans une installation industrielle vétuste et consacrée aux biens de consommation. Ils sont épaulés par leurs syndicats, l'ADSE (Association pour la Défense de la Santé et de l'Environnement), une association locale, et la CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Informations Indépendantes sur la Radioactivité).L'objectif est de mobiliser la population, les mondes associatifs et syndicaux, afin de stopper le projet de M. Jean Luc Gambiez, le patron fou de FeursMétal, entreprise appartenant au groupe AFE, une multinationale de la métallurgie. Non moins fou est le préfet de la Loire qui a autorisé ce projet, par arrêté du jeudi 30 septembre 2004. Non moins fous sont les élus, ainsi que les patrons de la nomenklatura forézienne, qui lui ont accordé leur bénédiction ! Non moins fous sont les fonctionnaires de la DRIRE et les experts officiels qui acquiescent à ces décisions irresponsables !
La Direction du groupe AFE envisage de retraiter des ferrailles contaminées, voire faiblement irradiées issues de la filière de l'Uranium sur le site de FeursMétal. L'usine de FeursMétal est dans un état de vétusté et d'insalubrité avancée. Les ouvriers en témoignent publiquement. Elle est entre autre spécialisée dans le recyclage de ferrailles spéciales. En particulier, elle s'occupe des piles salines et alcalines, par le biais de l'unité autonome VALDI (une trentaine de salariés), qui possède une concession à vie dans la filière. Le garde pêche a retrouvé des piles dans la Loire, mais pas que ça. Et il n'est pas le seul à avoir constaté des pollutions, parfois graves, de l'environnement... Des procès sont en cours contre la direction de l'usine.
Pourquoi les ouvriers sont-ils inquiets ? Avouez qu'il y a de quoi ! La vétusté des installations, les pollutions « accidentelles »... Il y a beaucoup de raisons de s'inquiéter...
Déjà, en 1983, un premier scandale est étouffé. L'usine retraitait des matériaux irradiés à l'insu des salariés et de la population. Puis, en 1996, elle déverse des produits toxiques issus du traitement des films gamma graphiques dans les égouts. Le 6 février 2000, un four à arc explose. Huit personnes sont blessées par brûlures dont deux très grièvement. Ensuite, en avril et octobre 2003, la vétusté des installations occasionne des dégagements de métaux lourds dans les fumées. Sous la pression du syndicat, certains cadres seront ensuite sanctionnés pour avoir tenté d'empêcher les ouvriers de sortir de leurs ateliers. Ceux-ci fuyaient l'asphyxie. En août 2004, la population fut évacuée à 50 m. Ceux qui résidaient à 55 m, et au delà, ne furent pas évacués, car considérés comme hors d'atteinte des brouillards envenimés. Dans une réunion publique, la dame de la médecine du travail témoigne que l'usine de Feurs était déjà réputée à Paris, dans les années soixante, pour ses maladies professionnelles. Aujourd'hui, c'est pareil, sauf que d'autres maladies sont concernées.
Le nouveau projet concerne le démantèlement de la centrale du Tricastin. Rien moins que ça ! 120 000 tonnes de ferrailles contaminées à retraiter, d'ici 2012. Il s'agit des containers de la société SOCATRI, ayant servi à transporter de l'uranium appauvri et faiblement enrichi, ainsi que les tuyauteries de la société Eurodif. Un premier essai concernera quatre coulées, 20 tonnes en tout. À 1 becquerel par gramme de radioactivité moyenne, d'après les dossiers de la DRIRE, on obtient pour ces vingt tonnes : 2 millions de becquerels, pour ce simple essai ! Ça promet !
Le procédé de retraitement est basé sur un mensonge grossier et éhonté : prenez 20 % de ferrailles irradiées, mélangez les à 80 % de ferrailles saines, et le tout sera acceptable pour la production civile courante des biens de consommation. A lui seul, ce bobard mériterait une condamnation pour tentative de crime contre l'humanité par empoisonnement radioactif de populations civiles ! En fait, appliquez ceci à 120 000 tonnes d'acier contaminé, et vous obtiendrez 3 600 000 tonnes de ferraille contaminée, c'est à dire 5 fois plus.
Allez savoir ce que vont devenir les ferrailles concernées. Les procédures de traçabilité invoquées par les experts pour rassurer les naïfs ne sont que des foutaises. Quelques mensonges de plus. Dans le milieu industriel, tout le monde sait que cette « traçabilité » est quasi impossible à obtenir dès lors qu'on atteint des recyclages ultérieurs. C'est à dire qu'on pourra difficilement suivre la matière contaminée au delà de sa deuxième vie ou troisième vie. Lorsque l'on sait que les effets de la radioactivité mettent plusieurs milliers d'années, au minimum, à s'estomper, imaginez l'ampleur du désastre.
Cette opération crée un précédent gravissime : par ce procédé, on contourne la législation française, qui interdit d'utiliser les déchets du nucléaire dans les produits de consommation courante. Alors les becquerels, où va-t-on les retrouver, dans un avenir plus ou moins éloigné ? Sur les rivages de l'estuaire nantais, suite aux pollutions possibles de la Loire ? Ou bien dans l'acier de construction de nos futurs immeubles d'habitation, de travail, de loisir... ? A moins que ce ne soit dans les futures canettes de Coca, dans les châssis des lits d'hôpitaux, ou bien même dans les composants métalliques de nos autos et des jouets que nous offrirons à nos enfants. Allez savoir !
Il sera bien temps là de déclencher une enquête épidémiologique pour se laver de la misère créée, à défaut de pouvoir inverser les taux de leucémies en constante progression ! Bénévoles et bonnes consciences de tous horizons, il va falloir filer votre pognon à la recherche sur le cancer. On déduira 50% de vos dons sur vos revenus imposables, grâce à la loi Coluche.
L'usine pourrie est au cœur de la bourgade forézienne, rejetant ses trop pleins de merde dans le fleuve le plus long de la France et dans l'atmosphère d'un pays de terroir. Ses employés, embauchés ou précaires, viennent de toute la région, contraints à travailler dans des conditions d'hygiène et sécurité déplorables, sous l'autorité de cadres irresponsables, menteurs et méprisants !
Les ouvriers de FeursMétal comptent d'autres calamités. Outre les conditions d'hygiène et sécurité dégradées, ils endurent aussi les méfaits économiques des délocalisations. AFE a expédié une partie des activités de FeursMétal en Slovaquie, à Robotnicka, là où ils peuvent empoisonner les gens pour bien moins cher. Depuis un an, on compte environ 120 emplois en moins, rien que sur le site de Feurs.
Les bandits en col blancs sont sans scrupules. Avec ce nouveau projet, ils dépassent toutes les limites. Il faut dire que le cours des ferrailles sur les marchés boursiers mondiaux s'est récemment envolé de 120%. Certains comptent les (gros) sous ! On ne peut imaginer la totalité du pactole que si l'on envisage qu'après Tricastin, il y aura plein d'autres centrales à démanteler, compte tenu que la France engage actuellement le renouvellement de son parc nucléaire. C'est effrayant.
Nous sommes tous concernés : Ouvriers, commerçants, résidents du comté de Feurs, habitants et travailleurs du Forez, de France, de Navarre et de partout ailleurs. Cette certitude revient comme un leitmotiv. Il faut stopper cette saloperie ! Comme première action, le samedi 23 octobre 2004, une manifestation a réuni près de mille personnes, essentiellement des locaux ou des salariés de l'usine. Compte tenu de la taille de la ville, ceci est relativement important, ce qui en dit long sur l'inquiétude qui règne.
Acteurs du mouvement syndical, associatif, activistes de touts poils, défenseurs de l'environnement, de la santé publique et autres, il est l'heure de sonner le branle bas de combat au travers de tout le territoire, et de fournir une mobilisation maximale pour soutenir les salariés de FeursMétal, ainsi que la population de Feurs et du département de la Loire, pour stopper un projet de contamination radioactive de masse, qui dépasse largement l'échelle de notre département.
Ramon