Reprise des uisnes laissées à  l'abandon

mis en ligne le 14 septembre 2003

Argentine

San Martín, vendredi 20 décembre 2002. La journée de lutte a commencé très tôt, un an après la rébellion populaire qui renversa de La Rua : les travailleurs de l'entreprise Industrias Isaco SA ont décidé de l'occuper à 7 heures du matin pour éviter son abandon et la remettre en marche. Les travailleurs veulent démontrer qu'ils peuvent gérer leurs entreprises sans les patrons.

L'occupation fut décidée lors d'une assemblée réunie le jour précédent et à laquelle participèrent près de quarante ouvriers. « Nous avons fait une assemblée pour décider des suites à donner parce que nous étions à la rue. Nous avons décidé de prendre l'usine parce qu'ils étaient en train de l'abandonner, tout en emportant les machines, les matrices, sans savoir où elles allaient. Nous voulons la réouverture et pouvoir travailler dignement comme cela nous ressemble, nous, les ouvriers de Isaco », commente Jorge, un des travailleurs de l'entreprise. « Aujourd'hui, nous y sommes grâce à tous les compagnons qui ont pris la décision. »

L'entreprise avait été fermée en décembre 2000, les ouvriers licenciés n'ont jamais touché d'indemnisation. « Les quarante-deux derniers licenciés n'ont jamais touché leurs congés payés ou une autre indemnisation, juste leur salaire de la quinzaine », assure Jorge.

Le quartier, spontanément et immédiatement, montra sa solidarité avec les travailleurs qui défendent leur droit. « Tous furent très solidaires depuis le quartier Italia, la Korea, tous… », répète Jorge avec orgueil. Isaco, entreprise de fabrication de pièces détachées d'autos (fermetures et autres), employait plus de 150 travailleurs à d'autres époques, jusqu'à 234 en 1994 ; elle est aujourd'hui déclarée en faillite. Celle-ci a été décrétée le 28 novembre, nous déclare Miguel, un autre travailleur qui occupe l'usine et, « jusqu'à présent, nous n'avons pu voir aucun des patrons. Nous restons à l'intérieur pour faire attention qu'ils ne sortent rien ».

Les travailleurs se montrent optimistes : « Nous suivons ainsi la voie de Renacer, Brukman, Ingenio la Esperanza, la Vasconia, Panificación Cinco et tant d'autres entreprises où les travailleurs luttent pour récupérer leur travail et, de cette manière, affronter la grave crise, la faim, l'abandon et le chômage qui dévaste notre peuple », dit le communiqué de presse des travailleurs. Miguel pense au futur : « Les avocats qui nous défendent ont présenté au juge toutes les pièces nécessaires pour les démarches à suivre. Devenir une coopérative est une des possibilités, c'est l'assemblée qui décidera. »

Trad. : Relations internationales FA