03.03.2021.
Au cours des quatre dernières semaines sont tombées quatre décrets administratifs condamnant quatre camarades de la région, en lien avec la manifestation antimilitariste du 3 novembre 2018 à Gorizia que nous avions organisée, avec injonction de paiement de presque 11 000 euros au total. Les chefs d’inculpation sont : manifestation non autorisée, bombage et allumage dangereux de matériel pyrotechnique.

Ces jour-là, une manifestation de presque 400 personnes a parcouru les rues de la ville sur les rives de l’Isonzo à l’occasion du centenaire de la "victoire" au terme de la Première Guerre Mondiale au prix de millions de morts, blessés, mutilés.

Une initiative dérangeante parce qu’elle faisait le lien entre le souvenir du massacre mondial et la lutte contre le militarisme et les guerres actuelles. De fait, sur tout le parcours, ont été dénoncées la responsabilité de notre militarisme au niveau national dans les guerres qui ensanglantent tant de contrées du monde, et ce directement au travers de la production et la vente d’armement (un exemple concret étant l’usine Leonardo/Selex à Ronchi) et des interventions militaires et néocoloniales de l’armée en soutien aux intérêts des grandes compagnies, à commencer par ENI.

La journée de lutte a été immédiatement entravée par la Préfecture qui, sous des prétextes absurdes, a tenté de limiter notre visibilité en nous refusant d’emblée l’accès à une grande partie du centre-ville.

La manifestation a néanmoins réussi à se faire entendre avec force : tractage, affichages de banderoles et de pancartes, interventions au porte-voix, performances théâtrales, rues consacrées au militarisme rebaptisées et autres actions.

Mais dans cette ville où rien ne bouge, un rien vous précipite dans les griffes de la justice. Quelques fumigènes et pétards ont donc suffi, ainsi que le bombage de graffitis fascistes, à déclencher les condamnations. De toute évidence, toute la procédure judiciaire est un prétexte destiné exclusivement à frapper pour la énième fois des camarades actifs sur tout le territoire régional.

Les camarades n’ont certainement pas l’intention de baisser la tête et ont déjà fait appel des décrets pénaux pour aller ainsi devant les tribunaux. Mais ces plaintes ne sont malheureusement pas un cas isolé : depuis un certain temps, dans la région, des dizaines de dispositions légales sont en train d’arriver, pour les faits les plus divers, contre des compagnes et compagnons de mouvements de lutte dont, en tant qu’anarchistes, nous faisons partie depuis toujours. Ce sont les luttes pour l’environnement, contre les centres de rétention et les frontières, les luttes de solidarité anticarcérale, de réappropriation des espaces sociaux, antifascistes, qui sont dans le collimateur.

La répression peut être déjouée en crevant l’abcès de la politique institutionnelle, en érodant les bases de la hiérarchie sociale, en redonnant un souffle à la critique et au discrédit des classes dirigeantes, en faisant croître la volonté autogestionnaire de solutions directes de nos propres problèmes, en développant la solidarité envers les personnes qui luttent et résistent.

Pour notre part, nous revendiquons collectivement toute la journée antimilitariste du 8 novembre à Gorizia et sommes aux côtés de nos camarades ayant fait l’objet de plaintes et de l’ensemble de ceux et celles frappé.e.s par la répression.

Photo de banderole devant le Mémorial au fascisme, à Redipuglia.

Pour exprimer sa solidarité et contribuer aux frais de justice, écrire à : libertari-go@autistici.org

Note de la traductrice. O Gorizia, chanson antimilitariste, lors de la Première Guerre mondiale, est la Chanson de Craonne italienne mais aussi un classique du répertoire anarchiste. A écouter sur You tube, la très belle version de Les anarchistes, album "Figli di origine oscura" : https://www.youtube.com/watch?v=HPmNisMTqVI

Note de la rédaction : Magnifique version en effet. Nous vous proposons également la version de Nigra Safo avec la traduction du texte https://www.youtube.com/watch?v=rW9ycxbfkf4