Oppression, répression, résistance... Au milieu des frimas de février, c’est un numéro chaud comme le climat social que l’équipe du Monde Libertaire a concocté ce mois-ci, avec la complicité de ses contributeurs et contributrices, réparti.es sur de nombreux fronts. En un mot comme en cent, et même trois, le thème de notre dossier mensuel s’avère résolument faire écho à une rubrique récurrente du journal : terrains de luttes. Ces terrains de luttes sont alimentés par la présence en chair, en os et en drapeaux noirs claquant au vent des membres des groupes et liaisons, des individuel.les. On sait bien, depuis Ferré, qu’y en a pas un sur cent. Mais loin de s’arrêter à ce constat, il faut écouter la chanson jusqu’au bout... « Faudrait pas oublier qu’ça descend dans la rue, les anarchistes ! » Parmi nos terrains de luttes, nous revenons d’abord sur le combat qui s’est engagé pour faire barrage à la fonte des retraites qui, plus rapidement que les calottes glaciaires, se réduisent comme peau de chagrin et ont conduit en masse compagnons et compagnonnes à être présent.es dans les manifestations. L’urgence de l’enjeu a conduit presque au jour le jour les copains et copines à suivre le mouvement social contre la réforme que le gouvernement veut imposer. Le temps a manqué parfois pour se mettre au clavier. A défaut d’écrits (nous renvoyons au texte sur la réforme des retraites publié dans le numéro de janvier, disponible à présent sur le ML en ligne), les retours de manifs ont été alimentés entre autres par un reportage photos, qui revient sur plus d’un mois de manifestations et grèves, aux quatre coins de l’hexagone (qui en réalité en comporte d’avantage... !)

Cette opposition populaire à la réforme des retraites nous fait entrer de plain pied dans le thème du dossier du mois : oppression, répression, résistance. Oui, les violences policières existent. Macron et Castagnette ont bien dû se résoudre à en prendre acte. Même les médias mainstream les reconnaissent pour ce qu’elles sont : un usage abusif de la force par les détenteurs de la violence légale. Les pouvoirs, de tout temps, ont toujours singulièrement manqué d’originalité... Ce sont toujours les mêmes recettes, dans les mêmes vieilles casseroles de l’oppression et de la répression : frapper, tabasser, matraquer, gazer. À part la technologie qui évolue, la méthode reste inchangée. C’est là que cette triste et monotone litanie de violences se heurte à l’originalité et à la joie de la révolte et de la résistance ! Les couleurs chamarrées, les images ou slogans détournés, la dérision, les jeux de transgression face aux interdits, bref la créativité, voilà nos recettes pour résister joyeusement ! Résister, c’est créer. Créer, c’est prendre l’initiative, c’est faire le choix de ne plus subir. À cela s’occupent bon nombre de groupes organisés en résistance, que ce soient à travers les flash mobs en manif, les brigades activistes de clowns, les ronds-points occupés et festifs, les fêtes dans les ZAD... La liste est longue. Commencer à s’organiser, en créant ou rejoignant une AMAP, par exemple, ou un réseau d’échanges de savoirs, en montant un collectif artistique ou en mettant en place un système de coopération et de solidarité local, c’est comme entrer en résonance avec le communalisme libertaire du Rojava, ou avec le mouvement zapatiste au Chiapas. « Don’t mourn, organize » - « Ne vous lamentez pas, organisez-vous » - écrivait Joe Hill, militant de l’IWW exécuté en 1 91 5. Ne nous lamentons pas, parce que résister, c’est pas triste. Résister, c’est créer. Ce qui n’exclut pas les cris de colère, d’indignation, les emportements et les revendications. La joie n’appartient pas aux forces de l’oppression. Malgré leurs matraques, leurs flash balls, leurs tasers, leurs grenades fumigènes, jamais les pouvoirs réactionnaires ne nous déposséderont de la joie.

Vous trouverez également nos rubriques Histoire, Réflexions, (In)cultures , ainsi que les recensions, afin de nourrir vos autres centres d’intérêt. Il se peut que vous ne trouviez pas ce que vous cherchiez, dans ce journal. À cela, il existe un remède. Prenez la plume, ou le clavier, et proposez votre contribution !