Anarchie dans le monde > Anarchosyndicalisme contre Néocommunitarisme. Pour une bataille des idées
Anarchie dans le monde
par Aleix Romero Peña • le 16 août 2021
Anarchosyndicalisme contre Néocommunitarisme. Pour une bataille des idées
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Publié le 13 juillet 2021 par le journal CNT
«Retrouver la souveraineté perdue». C’est pas mal comme cri de guerre pour une société en crise, appauvrie et désorientée, il est néanmoins difficile de se souvenir d’une époque où nous aurions eu un tel pouvoir. Dans nos démocraties libérales, aussi loin qu’il nous en souvienne, les grands accords ont toujours été signés dans les bureaux, sans caméras ni micros, ni comptes à rendre non plus par les parties négociatrices ; pour ne pas parler, bien entendu, de la dictature fasciste, qui se définit précisément par l’absence de contrôles sur une autorité toute-puissante. Mais ce récit, de par sa capacité d’évoquer de prétendus temps passés, réconforte à coup sûr les personnes qui, ayant eu une sécurité de vie ou à qui on a assuré qu’ils en auraient une, doivent face à un présent démoralisant.
La rengaine souverainiste est devenue populaire sur le net. Médias et réseaux sociaux s’en servent comme cerise sur le gâteau d’un discours parfois proche d’une gauche censée être ouvriériste, quoique très éloignée du monde du travail actuel et frisant parfois un nationaliste qui ne se distingue que peu ou pas du tout du fascisme. Mais nous ne trouverons aucun amalgame idéologique dans cette rhétorique, comme en témoigne sin refus de tout ce qui l’écarte du sujet auquel elle s’adresse : une classe ouvrière qui exclut ethniquement, sexuellement et dans ses affects, entre autres. Une classe ouvrière envisagée comme une communauté qui fournit une identité hégémonique uniforme, au point que l’aspect ouvrier apparaît comme contingent, une simple excuse pour donner le coup de clairon. Preuve en est que le néo communautarisme, quoique hostile à une gauche qu’elle dépeint comme enlisée dans des causes, identités et luttes étrangères aux travailleurs, tend à répondre par le silence aux demandes de solidarité lors de tout conflit social.
En principe, tout cela ne devrait pas aller au-delà d’une tendance à la mode sur le net. Mais il faut commencer à se faire du souci quand ce discours néo communautariste franchit les écrans et s’invite à une cérémonie officielle à la Moncloa [Matignon espagnol], comme cela a été le cas au mois de mai dernier avec une jeune écrivaine, dont je tairai le nom, lors de la présentation de l’ennuyeux rapport "España 2050" sur le dépeuplement rural. En premier lieu, parce qu’il y a une récupération de ce type de discours par le gouvernement actuel, ce qui oblige à le démasquer. En deuxième lieu, en raison de la gravité de ses affirmations.
En effet, l’intervenante, qui parlait de la précarité des jeunes et du manque d’encouragements à la natalité -qu’elle a imputé au "capitalisme global et européen", oubliant de façon significative de mentionner "espagnol"-, s’en est prise au phénomène migratoire (émigration) qu’elle présenté de façon retorse comme "vol de main d’œuvre", l’assimilant à l’esclavage. Mais elle n’a pas fait aucune place dans son exposé, un récit nostalgique, comme à son habitude, des années 80 et 90 en Espagne- à la dure réalité des travailleurs migrants (immigration) pendant cette période. Nous parlons de vies marquées par l’exploitation, la marginalisation et le racisme, dont on ne connaît que les gros titres lors d’événements dramatiques comme l’assassinat de l’employée de maison d’origine dominicaine, Lucrecia Pérez, ou la persécution des ouvriers agricoles africains à El Ejido.
Nous constatons ainsi que le problème ne tient pas seulement à ce que le néo communautarisme ignore la réalité de la classe ouvrière mais aussi à ce qu’il finisse par la diviser et l’affaiblir. Et même s’il peut y avoir là certaines confusions épistémiques -comme de croire que les identités sont des catégories étanches-, il n’en reste pas moins que le néo communautarisme agit de fait comme bélier du Capital. C’est pourquoi il faut envisager une bataille des idées où l’anarchosyndicalisme prenne toute sa place.
¿Pourquoi l’anarchosyndicalisme ? Parce que, rompu à la lutte de classes pendant plus de cent ans, ses principes d’unité -toutes et tous-, d’action -ne pas passer par des intermédiaires- et d’autogestion -ne recevoir aucune subvention d’entités extérieures-, sont toujours valides. Parce qu’il ne fait pas partie des syndicats qui ont favorisé un cadre de travail où les ouvrières et ouvriers comptent de moins en moins. Parce qu’il dispose d’une organisation syndicale qui s’étend jour après jour sur les lieux de travail. Parce que son engagement dans la lutte est prouvé par la répression que subissent ses militant.e.s, comme le montre encore une fois l’injuste condamnation des sept syndicalistes de Xixón (Espagne). Parce que, même si parfois il aime se féliciter de son passé, il a tout un avenir à conquérir.
Si la mode, les réseaux sociaux, ou les gouvernants, nous imposent un discours néo communautaire, nous le contrerons par les paroles et par les faits. Par de la formation, des lectures et des débats ; et avec la solidarité et l’entraide. Comme toutes les personnes syndicalistes le savent, rien n’est acquis pour toujours, et si ce qui hier était un droit fondamental devient aujourd’hui annexe, à quoi pouvons-nous nous attendre pour nos idées fondatrices ? C’est pourquoi il faut aussi se préparer pour le combat intellectuel.
Traduction Monica Jornet Groupe Gaston Couté FA
La rengaine souverainiste est devenue populaire sur le net. Médias et réseaux sociaux s’en servent comme cerise sur le gâteau d’un discours parfois proche d’une gauche censée être ouvriériste, quoique très éloignée du monde du travail actuel et frisant parfois un nationaliste qui ne se distingue que peu ou pas du tout du fascisme. Mais nous ne trouverons aucun amalgame idéologique dans cette rhétorique, comme en témoigne sin refus de tout ce qui l’écarte du sujet auquel elle s’adresse : une classe ouvrière qui exclut ethniquement, sexuellement et dans ses affects, entre autres. Une classe ouvrière envisagée comme une communauté qui fournit une identité hégémonique uniforme, au point que l’aspect ouvrier apparaît comme contingent, une simple excuse pour donner le coup de clairon. Preuve en est que le néo communautarisme, quoique hostile à une gauche qu’elle dépeint comme enlisée dans des causes, identités et luttes étrangères aux travailleurs, tend à répondre par le silence aux demandes de solidarité lors de tout conflit social.
En principe, tout cela ne devrait pas aller au-delà d’une tendance à la mode sur le net. Mais il faut commencer à se faire du souci quand ce discours néo communautariste franchit les écrans et s’invite à une cérémonie officielle à la Moncloa [Matignon espagnol], comme cela a été le cas au mois de mai dernier avec une jeune écrivaine, dont je tairai le nom, lors de la présentation de l’ennuyeux rapport "España 2050" sur le dépeuplement rural. En premier lieu, parce qu’il y a une récupération de ce type de discours par le gouvernement actuel, ce qui oblige à le démasquer. En deuxième lieu, en raison de la gravité de ses affirmations.
En effet, l’intervenante, qui parlait de la précarité des jeunes et du manque d’encouragements à la natalité -qu’elle a imputé au "capitalisme global et européen", oubliant de façon significative de mentionner "espagnol"-, s’en est prise au phénomène migratoire (émigration) qu’elle présenté de façon retorse comme "vol de main d’œuvre", l’assimilant à l’esclavage. Mais elle n’a pas fait aucune place dans son exposé, un récit nostalgique, comme à son habitude, des années 80 et 90 en Espagne- à la dure réalité des travailleurs migrants (immigration) pendant cette période. Nous parlons de vies marquées par l’exploitation, la marginalisation et le racisme, dont on ne connaît que les gros titres lors d’événements dramatiques comme l’assassinat de l’employée de maison d’origine dominicaine, Lucrecia Pérez, ou la persécution des ouvriers agricoles africains à El Ejido.
Nous constatons ainsi que le problème ne tient pas seulement à ce que le néo communautarisme ignore la réalité de la classe ouvrière mais aussi à ce qu’il finisse par la diviser et l’affaiblir. Et même s’il peut y avoir là certaines confusions épistémiques -comme de croire que les identités sont des catégories étanches-, il n’en reste pas moins que le néo communautarisme agit de fait comme bélier du Capital. C’est pourquoi il faut envisager une bataille des idées où l’anarchosyndicalisme prenne toute sa place.
¿Pourquoi l’anarchosyndicalisme ? Parce que, rompu à la lutte de classes pendant plus de cent ans, ses principes d’unité -toutes et tous-, d’action -ne pas passer par des intermédiaires- et d’autogestion -ne recevoir aucune subvention d’entités extérieures-, sont toujours valides. Parce qu’il ne fait pas partie des syndicats qui ont favorisé un cadre de travail où les ouvrières et ouvriers comptent de moins en moins. Parce qu’il dispose d’une organisation syndicale qui s’étend jour après jour sur les lieux de travail. Parce que son engagement dans la lutte est prouvé par la répression que subissent ses militant.e.s, comme le montre encore une fois l’injuste condamnation des sept syndicalistes de Xixón (Espagne). Parce que, même si parfois il aime se féliciter de son passé, il a tout un avenir à conquérir.
Si la mode, les réseaux sociaux, ou les gouvernants, nous imposent un discours néo communautaire, nous le contrerons par les paroles et par les faits. Par de la formation, des lectures et des débats ; et avec la solidarité et l’entraide. Comme toutes les personnes syndicalistes le savent, rien n’est acquis pour toujours, et si ce qui hier était un droit fondamental devient aujourd’hui annexe, à quoi pouvons-nous nous attendre pour nos idées fondatrices ? C’est pourquoi il faut aussi se préparer pour le combat intellectuel.
Traduction Monica Jornet Groupe Gaston Couté FA
PAR : Aleix Romero Peña
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1 |
le 16 août 2021 12:27:24 par Luisa |
…. la tâche est immense !!