Athènes : soutien aux révoltés d’Amygdaleza

mis en ligne le 13 novembre 2014
1756LiberteCe lundi 3 novembre commence le procès des immigrés qui sont accusés de la révolte dans le camp de rétention d’Amygdaleza qui a eu lieu en août 2013. Les insurgés se soulevèrent contre la prolongation de la période de détention amenée à une durée indéfinie. Pendant les événements et aussi peu après, soixante-cinq immigrés sont d’abord arrêtés, puis chargés avec des accusations très lourdes. Un an après, certains des arrêtés sont incarcérés dans des prisons diverses, d’autres dans des camps de rétention, quelques-uns sont libres ou expulsés et cinq se sont évadés et n’ont pas été repris par les flics…
Plus précisément, la situation dans les camps par un immigré qui l’a vécue : « Les centres consistent en la manière dont l’État grec et la police se servent pour torturer les immigrés. Il y a plusieurs immigrés dedans qui, n’ayant pas la moindre idée sur la date de leur libération, arrivent à la déraison. Là-bas ils ne nous offrent rien du tout. Seule chose qu’on peut faire dedans c’est dormir tout le temps. L’été, la chaleur est insupportable. La nourriture est de mauvaise qualité et en même temps insuffisante. Pas de vêtements, de médicaments non plus et si l’un de nous tombe malade, les flics eux-mêmes sont les seuls responsables pour appeler le médecin et qu’est-ce qu’ils font ? Le plus souvent, soit les flics appellent le médecin avec un retard considérable, soit ils restent complètement indifférents. Nous ne pouvons pas contacter nos familles car l’usage de téléphone est interdit, les heures de visite sont très courtes et leur durée limitée change à la guise des flics. Les transferts des détenus dans d’autres camps sont une forme de punition habituelle rendant la communication avec nos aimés plus difficile encore. Les flics, eux, ils entrent dans les cellules quand ils le veulent et frappent les gens. Ils nous traitent comme des objets et pas en tant qu’êtres humains. Nous demandons le changement immédiat de cette situation. »
Et au-dehors, la situation à laquelle doit faire face un immigré ne diffère guère et a la forme d’une prison infinie : « Laissant nos pays derrière nous, on pensait qu’on allait continuer à vivre au moins libre. Cette liberté nous a été confisquée dès le moment où on est entré en Grèce, même si entrer en Grèce veut dire risquer de mourir dans la mer comme dans le cas des noyés de Farmakonisi et de Mytilini. Une fois en Grèce, on se retrouve dans une prison à ciel ouvert. On nous empêche de travailler par le biais de lois aussi racistes qu’obsolètes. Les flics, les fascistes, les racistes nous persécutent dans les rues. C’est pas seulement à l’Asoee [Université d’économie d’Athènes], c’est aussi Monastiraki, Thissio, Omonia [trois quartiers d’Athnènes], ça se passe dans tous nos quartiers. Chaque jour nous vivons sous la menace d’être emprisonnés dans un commissariat ou dans les camps de rétention. On nous stigmatise par le biais de campagnes racistes de désinformation. Selon les médias, nous sommes des voleurs, des tueurs, des porteurs des maladies. »
La révolte d’Amygdaleza est un acte de résistance exceptionnel contre la guerre menée par l’État grec et la partie raciste de la société grecque contre les immigrées. Une guerre avec des assassinats aux frontières, des déportations, des emprisonnements dans les camps de rétention ou les commissariats, avec des refus de demandes d’asile, avec une exploitation au travail, des lois racistes, des contrôles de papiers incessants, un voyage aux limites de la détresse et du désespoir. Pour nous, la seule solution est de trouver des manières de coexister et d’agir collectivement. Locaux et immigrés, sans hiérarchies, sans discriminations de race, sexe ou couleur de peau, unis contre toute forme de barbarie fasciste et policière nous luttons pour créer le monde que nous souhaitons. Nos armes dans cette lutte seront l’égalité et la solidarité. Solidarité avec tous les immigrés incarcérés ! Des centres de rétention ? Jamais et nulle part !

Assemblée immigrés et solidaires