Solidarité avec la résistance kurde en Syrie

mis en ligne le 22 octobre 2014
1753KobanePlus d’un mois que le conflit à Kobanê a commencé. Les YPG (Unités de Défense du Peuple) et YPJ (Unités de Défense des Femmes), aidés aujourd’hui par deux unités de l’ASL (Armée Syrienne Libre), résistent contre les assauts des islamistes de Daech, devenu depuis cet été l’organisation islamiste la plus nombreuse, la plus riche, la plus organisée et la plus armée du monde. Malgré cette supériorité numérique et militaire, les YPG-YPJ ne sont pas tombés et Kobanê résiste toujours. Dès maintenant, nous pouvons déjà dénoncer l’hypocrisie du pouvoir, des médias et construire des initiatives de solidarité concrète.

Les médias voulaient faire tomber Kobanê
À moins d’une semaine du début du conflit, on pouvait voir dans les médias bourgeois « Kobanê va tomber », « La chute annoncée de Kobanê », « Kobanê bientôt aux mains de l’État islamique ». En fait, on nous préparait déjà à une défaite qui n’avait rien de sûre, comme pour ne pas voir l’attentisme de l’État français, les frappes de la coalition inutiles et la complicité de l’État turc. Mais les jours passaient, Kobanê résistait, malgré le sous-armement, malgré le blocage de la frontière par les Turcs. Face à cette réalité, les médias vont doucement évoluer et chanter l’héroïsme de la résistance kurde. Opportunisme donc, qui s’explique par la volonté de ne pas faire de la pub pour les « mauvais Kurdes » proches du PKK (Parti de Travailleurs du Kurdistan) et de préparer les esprits à une défaite de ces forces. La résistance acharnée contre Daech a même forcé la coalition à opérer plus de frappes et en réelle coopération avec les YPG. Les islamistes se voient obligés de rapatrier des forces pour renforcer leur assaut mis à mal.

Dénoncer la complicité de l’État turc
Dans ce conflit, l’État turc est tout sauf neutre. Il a dès le début favorisé Daech, soit en laissant des jihadistes passer la frontière, soit en fermant cette même frontière pour empêcher cette fois-ci les Kurdes Turcs d’aller aider leurs camarades. La haine anti-kurde du président Recep Tayyip Erdogan et de son gouvernement l’emporte sur le combat contre les « terroristes ». Lors des manifestations qui ont secoué tout le pays début octobre, qui demandaient une aide concrète humanitaire et militaire et l’ouverture de la frontière vers Kobanê, la répression a fait 34 morts et des centaines de blessés. Dernièrement, l’armée Turque a bombardé le PKK dans le sud-est à Diyarbakir, après que ceux-ci tentaient de s’emparer d’un poste militaire. Ces évènements remettent directement en cause le processus de paix engagé depuis plus d’un an. La faute à l’État turc.

Défendre la révolution dans le Rojava
Il ne s’agit pas d’une simple guerre. Les YPG-YPJ défendent un espoir pour la région. Celui d’une véritable révolution sociale dans le Rojava (Kurdistan Syrien) qui a redéfini les rapports sociaux autour d’un contrat social laïque, féministe et écologique. La théorie développée et appliquée est celle du confédéralisme démocratique, que le leader emprisonné du PKK Ocalan a récemment construite. Elle s’appuie en grande partie sur celle de l’anarchiste Murray Bookchin et son municipalisme libertaire. Au-delà du signe de la transformation idéologique du PKK, cela engage la construction bien réelle d’une société égalitaire et multi-ethnique, fédéraliste et écologique. Dans une région dévastée par la guerre, où se succèdent autoritarismes militaires et religieux, cette lueur d’espoir est directement mise en danger en ce moment par Daech et ses complices, et plus largement par le régime syrien et ses alliés (le Hezbollah principalement). Défendre ce projet est la lutte des YPG-YPJ et nous devons agir pour les aider.

Construire une solidarité anarchiste
D’abord, participer aux manifestations de soutiens à la résistance kurde et construire comme cela a été fait à Paris, un cortège anarchiste spécifique. Lors de la dernière manifestation, le 18 octobre, plus de 100 personnes ont défilé derrière la banderole « Des armes pour la résistance kurde. Rojava c’est l’espoir. Anarchistes solidaires ». Notre fédéralisme libertaire est en cohérence avec le confédéralisme démocratique, il nous faut donc être le porte-voix de ce projet. Cela a été initié avec un blog libertaire d’information sur le Rojava et doit continuer au-delà de Paris. Mettre en place dans la mesure du possible des souscriptions et initiatives pour récolter de l’argent, afin d’aider à minima les réfugiés en Turquie. Nous devons créer des liens avec la population kurde et leurs militants révolutionnaires, afin que la décomposition de l’héritage marxiste-léniniste et la transformation idéologique en cours deviennent pleines et effectives.

Paul
Groupe Regard noir de la Fédération anarchiste