Ça chauffe au Sud

mis en ligne le 16 mai 2013
Qui dit mieux ? En Espagne, avril 2013 : 27,6 % de chômeurs. Personne ne fait mieux, même pas la Grèce ; 6 202 700 chômeurs au premier trimestre 2013. Depuis la prise de fonction de Mariano Rajoy en 2011 : 929 100 Espagnols sans emploi de plus. Bravo le libéralisme ; enfin une médaille d’or pour nos voisins ibères qui sont en route pour atteindre la barre des 30 %. Car rien ne semble indiquer que la tendance va s’inverser ; là-bas – comme ici – la sortie du tunnel est sans cesse reportée à plus tard (2015 maintenant) « quand la reprise… quand la fin de la crise… quand vous aurez accepté d’autres mesures d’austérité… » Et tout ceci au milieu d’une série de scandales qui alimente la presse espagnole : frasques de la famille royale, avec un souverain protecteur de la cause animale, mais pris la main dans le sac (et sur la gâchette de son fusil) au cours d’un safari pour chasser l’éléphant ; avec un gendre (Iñaki Urdangarín) accusé d’abus de biens sociaux et son épouse (l’infante Cristina) faisant de la publicité pour Noos, pardon, « recommandant » Noos, moyennant rétribution camouflée en frais payés par le biais de la société familiale Aizon. Les 1 500 euros qu’elle a investis se sont transformés en trois ans en 571 000 euros de gains : pauvres aristocrates « obligés » de nos jours d’avoir une activité professionnelle comme de vulgaires roturiers ! Luís Bárceras trésorier national du Parti populaire, se trouve lui aussi empêtré dans une affaire de corruption et de comptabilité parallèle de son organisation politique. Un réseau de médecins, de religieuses et de curés revendant – jusqu’à 6 000 euros – des bébés achetés au Maroc, via Melilla, enclave espagnole dans ce pays du Maghreb.
Là-dessus, un ministre de la Justice (Alberto Ruiz Gallardón) pour qui « l’avortement n’est pas un droit » et qui donc entend revenir sur l’application de la loi sur l’avortement en raison de « son caractère idéologique ». Un ministre de l’Intérieur (Jorge Fernández Díaz) qui en rajoute une louche en comparant « l’avortement au terrorisme d’ETA », et une députée et porte-parole de la commission justice du gouvernement (Beatriz Escudero) déclarant que « les femmes qui avortent sont celles qui ont fait le moins d’études » (les plus connes ?). ça a tout de même fini par susciter les réactions scandalisées de l’opposition et du parti au pouvoir.
Dernières mesures antisociales du gouvernement : la Lomce, loi organique pour l’amélioration de la qualité de l’éducation. On sait ce qui se cache, en novlangue, derrière le mot « amélioration » : la même chose que derrière celui de « réforme ». Il faut traduire par « détérioration ». Les syndicats ne s’y sont pas trompés, et réunis dans une Plate-forme pour l’éducation publique, ils appelaient 800 000 élèves et 80 000 enseignants à se joindre à la seconde grève générale de l’année dans l’éducation. Nous reviendrons bien sûr plus en détail sur cette grève qui a été suivie à 72 % chez les enseignants et à 90 % chez les élèves.