Homophobie : c’est pas fini

mis en ligne le 1 mars 2012
1662HomoLes pays les plus répressifs
Non seulement bon nombre de pays africains, à l’exception notable de l’Afrique du Sud, disposent de législations interdisant ou réprimant l’homosexualité, mais certains d’entre eux ont adopté des législations très répressives à l’encontre des homosexuels. En Gambie, où l’homosexualité est passible de peines allant jusqu’à quatorze ans de prison, le président Yahya Jammeh a déclaré qu’ils seraient pourchassés et expulsés de leur domicile. L’Ouganda prévoit des peines de prison de longue durée, voire même la peine de mort. Au Cameroun, trois hommes ont été condamnés en novembre à cinq ans de prison. Au Nigeria, une loi en cours d’adoption prévoit de lourdes peines de prison pour cohabitation ou mariage homosexuels. Ce projet de loi veut rendre « illégale toute manifestation publique d’affection entre personnes du même sexe et interdire les organisations d’homosexuels, ce qui pourrait nuire à la lutte contre le sida »… Un sous-entendu qui en dit long.

Les pays répressifs
L’homosexualité est illégale au Sénégal, au Tchad, au Kenya, en Tanzanie et dans les pays du Maghreb, avec toutefois des nuances entre les pays. Au Sénégal, un rapport d’Amnesty international a dénoncé en janvier les « arrestations arbitraires, les tortures et les procès injustes » visant la communauté homosexuelle. En Tunisie, la sodomie est punie par trois ans de prison. Un magazine, Gayday Magazine, a cependant été lancé sur internet en 2011 après la révolution… Souhaitons-lui longue vie ! Au Maroc, les homosexuels risquent théoriquement de six mois à trois ans de prison, mais ne sont pas poursuivis s’ils ne font pas étalage de leur orientation sexuelle. En Algérie, rares sont les poursuites pour homosexualité, passible en théorie de deux mois à deux ans de prison.

Les pays plus ou moins tolérants
Dans plusieurs pays, l’homosexualité reste un tabou avec certaines zones de tolérance. Au Zimbabwe, le président Robert Mugabe a publiquement estimé que les homosexuels étaient « pires que les chiens et les porcs », mais le groupe Gays et lesbiennes est tout de même autorisé. Le Premier ministre Morgan Tsvangirai a laissé entendre qu’il soutiendrait les droits des homosexuels dans la prochaine Constitution. En République démocratique du Congo, pas de loi répressive et des quartiers « gays » sont tolérés, mais il se produit des brimades dans la vie quotidienne. Au Bénin, pas de loi interdisant l’homosexualité non plus, mais le Code pénal réprime les auteurs d’actes « contre-nature avec un individu de même sexe ».
Toutefois, malgré cela, les homosexuels commencent à assumer leur identité et certains s’expriment dans les médias. Au Botswana, une nouvelle organisation appelée Lesbiennes, gays et bisexuels du Botswana (Legabibo) a attaqué le gouvernement en justice afin d’obtenir l’abrogation d’une loi sur la sodomie.
Enfin, quelques pays ne répriment pas du tout l’homosexualité, comme le Gabon ou la Côte d’Ivoire. Depuis la fin de l’apartheid en 1994, l’Afrique du Sud dispose d’un des cadres juridiques les plus libéraux du monde. La Constitution interdit toute discrimination fondée sur l’orientation sexuelle. Le Parlement y a légalisé le mariage homosexuel en 2006, faisant de l’Afrique du Sud le seul pays africain à reconnaître les unions entre personnes de même sexe.