Pôle chômage

mis en ligne le 24 novembre 2011
« Le chômage est la période pendant laquelle une industrie est momentanément arrêtée. Le chômage peut être partiel ou total, local, national. Il se peut aussi qu’une usine, un atelier, une entreprise, une exploitation ne marchent qu’au « ralenti ». Ce moyen est souvent employé pour ne pas créer des troubles. Dans ce cas les ouvriers ne font plus qu’un certain nombre d’heures par jour et parfois, par roulement, ne travaillant que quelques jours par semaine. Le chômage c’est donc, pour l’ouvrier, l’arrêt forcé du travail. Le chômage tient à des causes multiples : incapacité du capitalisme à organiser la production d’une façon rationnelle, limitation du capital argent, mauvaise répartition des matières premières, spéculation sur celles-ci et sur les produits, afflux de main d’œuvre sur un point donné par voie d’immigration organisée par le patronat, fabrication intense de produits spécifiques et nouveaux dont l’offre arrive à dépasser la demande, sous-production des objets utiles, journées trop longues. Telles sont les causes générales et principales qui engendrent le chômage sous toutes ses formes et à toutes les époques. » Ainsi s’exprimait Pierre Besnard dans L’Encyclopédie anarchiste (1925-1934) à l’article « chômage ». Certes les choses sont plus compliquées aujourd’hui, entre autre, le problème de l’immigration… Pour autant les faits sont là multipliés à l’infini ou presque avec les délocalisations.
Quand il y a quelques années les pouvoirs publics procédèrent à la fusion de tous les organismes qui s’occupaient des chômeuses et chômeurs on pressentait le danger à venir 1.
Dans un premier temps les arguments avancés tournaient autour de l’efficacité dans le regroupement des efforts. La suite prouva que non et que la machine gouvernementale ne visait en fait à traquer celles et ceux qui étaient suspectés, à des degrés divers, d’être des « tire-au-flanc ».
Il y a un an des agents de Pôle Emploi (de quel drôle de cerveau est sortie cette appellation ?) inscrivaient sur leurs banderoles : « 38 % d’agences en moins = 1 800 emplois » En fait c’est près de 18 000 postes qui se sont envolés en trois ans. Pour traiter correctement tous les cas sociaux, ça fait un peu court…
Dernièrement la dernière goutte d’eau a fait déborder le vase. Au bord de l’implosion ou de l’explosion, on ne sait. Celles et ceux de ce que l’on peut appeler maintenant « ex-ANPE » étaient en grève la semaine dernière. Dix pour cent des salariés auraient suivi le mouvement 2. Alors échec malgré tout le grain à moudre côté conditions de travail ? Pourtant écrasés par la charge de travail, les violences verbales et autres de la part de la population chômeuse qui les prend pour la cause de tous leurs maux, la coupe est pleine.
Mais comme il y a des décennies entre les employés de l’ANPE/Pôle emploi et le monde des privés de travail, il y a souvent peu de différence. Chaque individu pouvant basculer d’un champ à l’autre… Vous avez dit sous-effectifs ? En voici un exemple parmi tant d’autres, comme le constate un militant du SNU (Syndicat national unitaire Pôle emploi) : « ça craque de tous les côtés, les conditions de travail sont très tendues. On a des clash à l’accueil, des agents qui partent en pleurant en pleine journée… » Tristement les violences contre les personnels suivent la courbe du chômage. Un militant CGT de Lorraine en remet une louche : « De façon quasi automatique, la hausse de l’agressivité des usagers correspond à la dégradation du service rendu. On ne leur donne aucune réponse ! On ne prend plus le temps de faire notre travail. »
Pourtant sur internet tout semble aller comme dans le meilleur des mondes… Pendant ce temps le locataire de l’Élysée et son staff gouvernemental lancent la chasse aux « fraudeurs » (appelés « voleurs » !) de tout poil. Tout en laissant entendre que le chômage est volontaire. Alors qu’il n’est pas besoin d’être sorti des grandes écoles pour comprendre que les problèmes (fraude sociale, déficit de la Sécurité sociale…) sont largement dus aux cotisations non versées par les patrons !






1. Il y avait l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) et les Assedic (ASSociation pour l’Emploi dans l’Industrie et le Commerce).
2. Nous y reviendrons. Quelques chiffres : Basse-Normandie 31 %, Lorraine 21 %, Aquitaine 20 %, Limousin et PACE 17 %.