Dans un Athènes en grève, Socrate voit rouge

mis en ligne le 27 octobre 2011
Ce mercredi 19 octobre, la Grèce a encore sonné le clairon de la « grève générale ». Une grève pour protester contre le vote d’une loi introduisant de nouvelles mesures d’austérité. Une grève record, avec des manifestations d’une ampleur inégalée. Une grève de deux jours cependant, guère plus. Et c’est sans doute ça, aujourd’hui, le problème du mouvement social grec qui fait de la « lutte saute-mouton », coincé dans le carcan des politiques passives des directions syndicales. Cependant, la radicalisation est de plus en plus intense et dépasse désormais les seuls groupes anarchistes et formations d’ultragauche. C’est que le peuple grec est dans une misère affolante, entre chômage et absence de pension, flambée des prix et baisse ou gel des salaires. Poussés à bout, sans perspectives de sortie de crise par les voies parlementaires, les Grecs – qu’ils soient travailleurs, chômeurs, étudiants ou retraités – descendent dans la rue et manifestent leur désir d’en finir avec leur gouvernement et ce modèle de société. Mais cette radicalisation n’est pas du goût de tout le monde, et pas seulement du gouvernement. Comme dans tout élan révolutionnaire, l’ennemi de classe a plusieurs visages. Et c’est celui, bien rouge et bien connu, du stalinisme qui, ce jeudi 20 octobre, s’est manifesté en Grèce, à Athènes, dans toute son infâme splendeur.
Le jeudi matin, avançant main dans la main avec les flics, les militants staliniens du PAME (« Front militant de tous les travailleurs », sorte de syndicat, en réalité courroie de transmission du Parti communiste) se sont rendus place Styntagma, où se trouve le Parlement grec. Non pour se joindre aux manifestants déjà présents, mais pour empêcher les plus radicaux et ambitieux d’entre eux d’accéder à la grande bâtisse du pouvoir. Arrivés vers 11 heures, ils se sont alignés devant les rangs policiers à 13 heures, histoire de constituer un cordon de protection supplémentaire. Certains témoins affirment même les avoir vus contrôler des papiers d’identité et des cartes de presse. De vrais flics, en somme. La tension a vite monté, et ce d’autant que ces voyous encartés insultaient avec véhémence les manifestants présents. Vers 15 heures, les premiers coups ont commencé à voler, les apprentis flics aux drapeaux rouges passant à tabac certains manifestants. Devant la dégradation de la situation et l’attitude révoltante du PAME, des blocs antiautoritaires et des militants de l’Assemblée anarchiste pour l’autogestion sociale sont arrivés au même moment. Plusieurs tentatives d’approche du Parlement ont été effectués, toutes repoussées à coups de barres de fer et de bâtons par les staliniens. Peu après, non contents de seulement « défendre » la place, les nervis du PAME chargent les manifestants avec une brutalité inouïe. Ceux qu’ils coincent, ils les livrent ensuite à la police. En face, la réponse est, elle aussi, violente. Pour le coup, la résistance ne pouvait se faire sans violence. Les affrontements durent un petit moment, plusieurs blessés sont évacués vers les centres de soin avoisinants. Vers 16 h 20, les grévistes et autres manifestants syndicalistes se groupent dans les rues autour de la place, eux aussi désireux de l’occuper pour porter leurs voix jusqu’au pied du Parlement. Les staliniens finissent par se tirer vers 17 heures, laissant derrière eux du sang, des bleus et de la rage.
Dans ces échauffourées, un mec a perdu la vie. Un stalinien, apparemment. Qu’on ne pleurera pas, évidemment. Les médias grecs, la plupart muselés par le gouvernement ou inféodés au Parti communiste, se sont précipités pour pointer, comme coupables, les manifestants antiautoritaires. Sauf que, manque de bol, à en croire les toubibs, le type serait mort d’une crise cardiaque et aurait eu des problèmes respiratoires dus à l’inhalation de gaz lacrymogènes balancés par les flics…
Athènes ne fut pas le seul théâtre de la violence répressive et réactionnaire des communistes. À Rethymnon, en Crète, et à Ioamina, dans le nord-est de la Grèce, des militants du KNE (jeunesses du Parti communiste) s’en sont également pris aux manifestants antiautoritaires.
À 21 h 30, la loi, elle, est votée, dans le déni le plus total de l’imposante opposition sociale. Une fois de plus, le communisme d’État aura montré de quel côté il se trouvait. Une fois de plus, il aura fait preuve de sa violence et de son essence contre-révolutionnaire.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


julien bézy

le 1 novembre 2011
Quand les communistes sont au pouvoir il retrouve l'auritarisme et même la dictature violente. Mais avec la déclaration d'une tenue d'un référendum cette semaine ( le 1er novembre) la rue a obtenue une avancée et ce n'est qu'un début.