Tsark-ouille (aïe), fripouille ?

mis en ligne le 28 janvier 2011
La question reste posée bien qu’il n’y ait aucune preuve. Et pour cause puisque notre petit prince détient les clefs de la magistrature et d’une bonne partie des médias. Il n’empêche que des bruits et des éléments d’information le concernent. Attention, il faut être prudent et distinguer entre être concerné et être impliqué. C’est la blague des œufs au bacon : dans ceux-ci, la poule est concernée et le cochon impliqué. Je vais donc me contenter de recenser les différentes affaires dans lesquelles notre personnage apparaît.
Nous avons les travaux à prix d’ami effectués dans son ex-logement de Neuilly par une entreprise qui bénéficiait de permis de construire délivrés par la mairie. Un quidam a porté plainte mais il été renvoyé à ses chères études par le procureur Courroye (de transmission) nommé à Nanterre par qui vous savez, malgré l’opposition du Conseil supérieur de la magistrature. L’affaire a donc disparu sans être jugée. On sait aussi que des banquiers suisses prétendent que Tsark-ouille, alors avocat d’affaires, exportait des valises de billets pour le compte du tennisman Henri Leconte. Il est vrai que le président a eu l’audace d’attaquer verbalement la banque suisse et son secret bancaire.
Il y a l’affaire des sous-marins de Karachi et de l’attentat contre les employés de la Direction des constructions navales (DCN) pour cause supposée de non-versement des commissions promises aux Pakistanais impliqués dans le contrat passé en 1994, Ballamou étant prime minister et Tsarko ministre du Budget. On a de forts relents de rétrocommissions pour financer la campagne présidentielle dudit Ballamou en 1995, Tsarko étant alors son porte-parole attitré. Quand Raskoltignac était ministre du Budget, d’étranges sociétés avaient été montées au Luxembourg (Heine, par exemple) pour payer les commissions et faire sans doute transiter les rétros. Un certain Boi (pot de) vin, ex-cadre à la DCN, chargé des commissions et des boîtes aux lettres pour les acheminer, aurait tenté de faire chanter Rikiki Ier pour 8 millions d’euros ; las, pas de preuves. Pour Fiscard Déteint, c’était le carat chic de Bokassa, pour Gnafron Ier, c’est du Karachi dans la colle.
On vient d’annoncer le 29 décembre (WikiLeaks, d’après un mail diplomatique US à partir d’un haut fonctionnaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, après la mort d’Omar Bongo) que le dictateur du Gabon aurait détourné 30 millions d’euros pour financer essentiellement le RPR puis l’UMP. Avec la Côte d’Ivoire, c’est donc Gabon Banania, à moins que ce soit défense d’y voir.
On a eu droit aux péripéties de l’affaire Woerth-Bettencourt-De Maistre, de laquelle suinte un filet de financement illicite des partis politiques RPR-UMP avec remise de décorations et parfum de conflit d’intérêts. L’affaire a été dépaysée à Bordeaux et saucissonnée en quatre ou cinq instructions, ce qui laisse à penser que si par hasard des parties cachées de l’iceberg remontent à la surface, ce sera après les élections de 2012. Évidemment, pour ralentir l’apparition des vérités des affaires, le pouvoir use et abuse du sempiternel « secret défense », lequel vient d’être étendu aux locaux administratifs et barbouzards en sus des documents.
Œil-de-lynx Ier, sans doute pas au courant des manigances du loup-Servier pour fourguer son Merdiator à un taux de 65 % de remboursement par la sécu, a décoré le vénérable patron du laboratoire de la grand-croix d’officier de la Légion d’honneur pour ses éminents services rendus à la nation. Il est vrai que notre avocat d’affaires avait bien défendu dans son cabinet (c’est le mot adapté) les intérêts de ce monsieur très méritant et habitant Neuilly avec son labo. Le job du cabinet de Tsarko et associés consistait à aider Servier à minimiser les impôts de sa boîte… Mission réussie : le labo a mis le siège de sa holding aux Pays-Bas (Servier a moult filiales avec 22 000 employés, en France son siège est à Neuilly, avec 5 000 salariés) où la fiscalité des entreprises permet de « l’optimisation fiscale ».
Suite au prochain numéro de la vie paisible d’une république « putativement » irréprochable. Certes, les autres partis et leurs dirigeants ont trempé dans des affaires louches. Mais là, c’est à la louche ; les soupçons forment déjà une masse critique, donnent un saut qualitatif impressionnant. C’est sans doute pourquoi notre prince prierait beaucoup, bien que n’étant pas fou de la messe (faites attention : il y a contrepèterie). Se sentirait-il coupable, sentiment individuel, ou honteux, sentiment collectif résultant de la réprobation sociale ?