Grève à Pôle emploi

mis en ligne le 18 novembre 2010
Suppressions de postes
Mardi 9 novembre, 50 % des travailleurs du Pôle emploi (36 % selon la direction) se sont mis en grève pour protester contre des conditions de travail qui ne cessent de se détériorer et contre les nouvelles mesures prises par la direction et l’État. Parmi elles, le non renouvellement de 1 500 CDD et la suppression de 300 CDI (par non remplacement des départs) en 2011. Même s’il n’y pas de plan de licenciement à proprement parler, cette suppression de 1 800 postes ne fera qu’empirer des conditions de travail déjà très difficiles pour les salariés du Pôle emploi. À en croire les syndicats et la direction, chaque conseiller doit en effet aujourd’hui traiter et suivre plus de 200 dossiers, ce qui représente une charge de travail énorme qui détériore non seulement les conditions de travail mais aussi le système d’aide à l’emploi, mettant les chômeurs face à une structure qui ne sera pas en mesure de les aider à sortir du chômage.

Une casse générale de l’aide à l’emploi
Ces suppressions de postes ne sont pas les premiers coups portés à la jeune structure née en 2008 de la fusion ANPE-Assedic. Déjà en 2009, l’État avait diminué de 187 millions d’euros la subvention qu’il avait promise à Pôle emploi (ou plutôt n’avait-il pas payé la totalité de son dû, le manque correspondant au chiffre précité) et annoncé qu’il ne financerait plus la gestion de l’allocation de solidarité spécifique (ASS) dont les frais s’élevaient, pour 2009, à plus de 80 millions d’euros.
Mais cette casse ne se limite au jeune Pôle et s’inscrit dans une politique globale de destruction de l’ensemble du secteur de l’aide à l’emploi. Ainsi, à l’Association pour la formation professionnelle des adultes (Afpa), où l’État ne cesse de se désengager depuis des années, les 80 millions d’euros qui auraient dû être versé pour l’exercice de l’année 2009 ne le seront finalement pas.
En outre, en 2011, le gouvernement prévoit également de réduire de moitié le financement des maisons de l’emploi, de supprimer l’aide à l’emploi pour les très petites entreprises, de liquider la prime de 500 euros jusqu’alors accordés aux chômeurs non indemnisés et de diminuer de plusieurs dizaines de milliers le nombre de contrats aidés 1.
Les coups portés aujourd’hui à Pôle emploi ne sont donc pas isolés et inaugurent de nouvelles attaques pour les mois à venir. À l’heure où le chômage ne cesse d’augmenter (3 865 100 chômeurs en 2010 selon Pôle emploi, toutes les catégories confondues), cette casse généralisée de l’aide à l’emploi en dit long sur les politiques du gouvernement actuel et ne fait que confirmer le rôle historique de l’État : celui de préserver les intérêts des riches et des puissants, aux dépends des travailleurs, des chômeurs et autres laissés pour compte de l’inégalitaire société capitaliste.

Barnabas Collins, groupe Salvador-Segui de la Fédération anarchiste


1. D’après Le Monde du 11 novembre 2010, le nombre de contrats uniques d’insertion passerait de 400 000 en 2010 à 340 000 en 2011.