éditorial du n°1562

mis en ligne le 5 juillet 2009

Chez nous, c'est bientôt les vacances et le fait divers règne, la fatuité, le creux, le titata. Las, sous le sable fin, c'est l'enfer habituel. Malgré de belles promesses patronales -- de celles qui n'engagent que ceux qui y croient -- et malgré les naïfs et pathétiques efforts (style : travailler plus pour gagner moins) de ses ouvriers depuis deux ans, Bibendum supprime mille emplois sur trois de ses sites. Pis, depuis quelques jours il est bien souvent question sur Radio-Paris du gouffre insondable de la sécu, plus de 20 milliards à en croire les caquetages téléguidés.

On sait ce que ça prépare, ce genre d'infos… et ça n'a pas tardé : reprise des « réformes », retraite à 67 ans (la Parisot n'en demandait que 63 et demi), incantations pour l'emploi des seniors etc.. Et le schizo élyséen campé sur ses maigres ergots de recommander, sans rire, à ses comparses européens de faire priorité au social afin de prévenir la haine des ouvriers devant les ravages de la crise : Faites ce que je dis, faites pas ce que je fais.

Enfin, ça barde en Iran et on admire avec quelle mesure, quelle sobriété, nos faiseurs d'opinion en ont traité l'information. Il a tout d'abord été question de quelques bourrages d'urnes bien anodins, façon Île-de-Beauté. Puis, peu à peu, les foules ne cessant pas de chahuter, les manifestants se faisant un petit peu dézinguer par la police, l'armée et les gardiens de la révolution, on a appris par la bande et de façon quasi confidentielle, qu'en fait il ne s'agissait pas d'une simple tricherie mais bel et bien d'un braquage électoral total. Ahmadinejad n'était pas seulement mis en difficulté, comme on voulait nous le faire accroire, mais tout à fait blaqueboulé par ses deux concurrents dans la course au pouvoir : il ne venait qu'en troisième position dans les scores. Les médias ont à ce sujet réussi ce tour de force de ne jamais le dire clairement; ils se sont contentés de relater l'imbroglio feuilletonesque des manifestations de plus en plus suivies et des prises de position contradictoires des barbus ; puis, au final, de nous annoncer sans état d'âme que le Coran, la trique et les chaussettes à clou avaient refermé le couvercle sur le juste courroux de nos amis perses.

À partir de désormais, ça sera comme d'habitude : élection truquée en Iran ou référendum bafoué sur la constitution européenne en Franchouillie : ici comme là-bas, on fout un homme ou un projet à la porte et il rentre en force par la fenêtre. En toute démocratie.