éditorial du n°1541
Agnès Boutillon, grinçante pimpesouée chargée de distiller la voix de son maître sur la même radio, peut sans se cracher dessus annoncer fièrement, à propos des négociations entre gouvernement et syndicats sur le chômage, que ça a assez duré et que Nagui Bocsa va « siffler la fin de la récréation ». Le même sinistre sire, dans son titata télévisé de mauvaise année s’était vanté de « faire passer » en 2009 telle ou telle loi, omettant de dire au passage que c’est encore à son parlement-croupion de le faire.
Darcos supprime des milliers de postes de profs mais veut embaucher cinq mille précaires pour fliquer les mômes qui font l’école buissonnière. On prêche inlassablement la haine du jeune, du syndicat, du fonctionnaire, on brocarde le Droit du travail. Obama, le sauveur noir de la démocratie blanche va mettre un an à virer 250 taulards de Guantanamo. À ce train-là, il sera mort avant d’avoir pu dégager d’Irak ! On nous invente du terrorisme à tous les coins de gare, mais on apprend incidemment que Julien de Tarnac a été dénoncé par un mythomane récidiviste connu des flics pour ses dénonciations maladives, répétées et infondées…
Il est temps de supprimer enfin les juges d’instruction, sinon la thèse MAMelue de la conspiration ultra-gauchiste va définitivement sombrer dans le ridicule. On a beau se répéter comme Patrick McGoohan : « Je ne suis pas un numéro », une grosse boule molle nous bloque le gosier. Et pourtant, dans cette brume de réaction galopante, ça craque un peu partout, en Grèce, en Guadeloupe, chez les chercheurs, les hospitaliers, tous ces gens, pressurés, menacés, bafoués, calomniés qui se cabrent, bloquent, contestent, débrayent, se foutent de la sainte croissance, bref reprennent leurs affaires en main. Ce que nous allons faire nous aussi.