éditorial du n°1546

mis en ligne le 29 mars 2009

3 000 chômeurs de plus par jour, 550 000 d’ici la fin de l’année selon les chiffres traficotés du Pôle-emploi. 2,8 milliards d’euros perdus pour la Sécurité sociale, du fait des exonérations de charges patronales sur les heures sup., bénefs astronomiques de Total, de la BNP et autres gras requins. Ne dites pas « leurs seigneuries risquophiles et entrepreneuriales licencient à tour de bras, la bonne aubaine cette “crise” ». Ânonnez plutôt comme le « spécialiste » en poste à Radio Paris (France Inter quoi) : « On réajuste la masse salariale » réajuste ! Masse salariale ! On voit où il place la justice et la répugnante masse, celle des risquophobes mous du cerveau, des gueux que nous sommes. Et DSK, sa turgescente-Suffisance-voyageuse, de déclarer, droit dans ses bottes, que dans tous les pays qu’il honore de sa visite, l’économie de marché n’est pas remise en cause… Toute cette prétendue moralisation du capitalisme est très francofrançaise...

Circulons donc, y’a rien à voir. Au reste, comment faire semblant d’avoir confiance en ces donneurs de leçons, ces maîtres à penser et à dépenser, quand ils prétendent « corriger » le monde du capital. Ceux-là mêmes, Sarkozy le premier, qui, il y a deux ans, nous considéraient comme des rabougris du bulbe si l’on ne se jetait pas à porte-monnaie perdu dans le monde enchanté des subprimes ou de la propriété immobilière. Dans tout ce pathos, le temps est comme suspendu, les gens transis, serrés comme des allumettes dans leur boîte, frileusement au coude à coude, attendent angoissés les retombées d’une crise qu’on leur prédit, longue, douloureuse, à peine commençante. Côté opposition pour rire, après Kouchner, Besson, c’est Jackie, la mauvaise Lang, qui rejoint les troupes du Frénétique pour le représenter à Cuba.

Démocratie, République, Foire d’empoigne et titatas. Des qui restent pas les deux pieds dans le même sabot, c’est les aminches de l’autre côté de la grande mare.

Quand vous lirez ces lignes, où en sera la juste lutte antillaise ?

Hypocritement réduite par nos exécrables médias à une simple demande d’augmentation salariale de 200 euros, chipotée par le Medef, cette vraie grève générale de 45 jours exige beaucoup plus : reconnaissance, droit au syndicalisme, éradication du pouvoir des nantis ; elle remet en avant la toute simple lutte des classes. Un vaste programme qui pourrait être celui des peuples des autres continents, de l’Europe et de notre petit microcosme hexagonal.

Ça vous a pas frappés ? Mercredi la radio dévoile : 83% des gus sont favorables à la grève antillaise. Dès le lendemain, elle nous glisse en passant, l’air de ne pas y toucher, que 51% du bon peuple de Franchouillie serait favorable à leur indépendance. J’ai comme l’impression qu’on nous souffle une solution, pas vous?