Spartacus, sculpture de Denis Foyatier (1830), Musée du Louvre

Un mois avant « les événements » de mai 68, le journal Le Monde, journal de référence démocrate-chrétien centriste du centre penchant plutôt vers…, titrait : « La France s’ennuie !». C’est ce qu’on appelle avoir du flair. Mais, c’était hier, et le même, après nous avoir expliqué en quoi il avait eu raison d’avoir tort, a pris un virage à 180 degrés.

Ces derniers jours, en effet, au diapason de tous les médias, gros titres et innombrables pages sur la liesse populaire qui a déferlé sur la France après la victoire de l’Union Bordeaux Bègles en finale de la coupe d’Europe des clubs champions… de foot. Et rebelote, avant-hier lors de la victoire de Marseille en coupe d’Europe des clubs champions… de rugby. Des troupeaux de supporters avinés, beuglant comme des veaux, le maillot (acheté à prix d’or) de leur idole sur le dos, bras dessus, bras dessous avec le premier black, blanc, beur venu, unis comme jamais pour célébrer une victoire de la grande France éternelle des droits de l’homme éclairant le monde, ça méritait des pages et des pages et au moins autant de temps d’antenne. Tandis que, la guerre, partout dans le monde, les massacres et autres génocides ici là et ailleurs, sans oublier les pauvres petites luttes quotidiennes contre l’exploitation, l’oppression et la destruction des conditions mêmes de la vie humaine sur cette planète, bof ! On verra çà … demain !

Bon, d’accord, tout cela ne date pas d’aujourd’hui. Déjà, du temps de l’empire romain … Mais, quand même ! À l’heure d’une soi-disant société de la communication où chacun est connecté à l’information relative à tout ce qui se passe dans le monde, il est permis de réfléchir, voire de s’interroger, sur le pourquoi de telle information plutôt que telle autre.

Jadis, le peuple était tenu en laisse à coups de fouet. Désormais, l’hypothèse des coups de fouet est gardée en réserve. La société de consommation spectaculaire préfère ne pas trop affamer le peuple et se contente de l’abreuver de croquettes pour chiens et de spectacles le faisant rêver bêtement…, mais pas gratuitement.

Qui a dit que le capitalisme s’effondrerait sous le poids de ses contradictions ? Et qui a dit qu’un petit coup de pouce de révolution sociale n’aiderait pas ?

Spartacus et la révolte des esclaves mériteraient qu’on s’en inspire. À condition qu’on n’en fasse pas un film à grand… spectacle !

Ah, les délices de Capoue !

Oléron le 03/06/25
Jean-Marc Raynaud