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par Mollie Steimer, de la Magni*fica le 25 octobre 2020

Communiqué d’un.e activiste suite à l’expulsion de la Maison des femmes de Florence (Italie)

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Trad. Monica Jornet. Groupe gaston Couté FA

Histoire d’une occupation de 4 jours : Le collectif "Tantouzes Talon 12 cm Tolérance Zéro" (Froce Tacco 12 Tolleranza Zero : un nom qui se veut la dénonciation de Florence, une ville-vitrine, esclave de la gentrification et l’industrie du luxe, n’acceptant pas quiconque n’est pas hétéronormé, riche, quiconque n’a pas de papiers en règle) se joint en fin de Pride autogérée, le 18 septembre, à une assemblée transféministe de jeunes étudiant.e.s et squatters anarchistes, pour occuper un bâtiment ancien vide, propriété de la Région Toscane, dans la Villa Basilewski, Via Lorenzo il Magnifico ; d’où le nom donné ensuite à l’espace : Magni*fica Occupée, Maison des Femmes * Lgbtqia+.
Clin d’œil à notre lectorat : le collectif avait confié la conception de son affiche pour la Pride (voir illustration) à l’artiste Irina Zovich, la créatrice du logo de l’association anarchiste et féministe "Voltairine et ses ami.e.s", présentée dans mon article du ML de septembre 2020.

(Note de la traductrice)

Communiqué

Depuis toujours, certaines personnes sont poursuivies, asservies, abusées, raillées, réprimées, reléguées en marge de la société. Privées de voix, privées de respect, dépouillées de leur nom, torturées, brutalisées, tuées. Cette histoire, depuis des temps immémoriaux, lie le destin des femmes à celui des LGBTQIA+, des migrant.e.s et de quiconque choisisse de ne pas se plier au capitalisme cannibale qui ne vous permet de vivre qu’en phagocytant ton prochain. Nous en avons assez des narrations toxiques des journaux qui, quand ils nous consacrent quelques lignes mortifères, nient nos identités et nous réduisent à une stigmatisation, en plus de nous infliger leurs phantasmes d’un voyeurisme baveux, déguisé sous des idées bigotes et conforté par une mentalité fasciste et patriarcale. Nous en avons assez de ce scénario, assez que l’on choisisse à notre place. C’est cette conscience qui nous lie. C’est tout cela et bien plus encore en réalité, qui donne sa couleur à l’univers féministe et trans : l’anticapitalisme, l’écologie sociale, la haine des frontières, la lutte contre l’oppression et la solidarité avec les opprimé.e.s.

Le féminisme, comme le disait il y a presque un siècle, l’anarchiste espagnole Lucía Sánchez Saornil, ne peut que prendre fait et cause pour les opprimé.e.s. Il ne saurait en être autrement, c’est là son essence.
Ce que nous avons fait le 18 septembre au soir, après la Pride autogérée que nous avions organisée, c’est d’occuper un espace qui nous revient de droit et pour lequel, étant donné l’environnement hostile dans lequel nous vivons, nous n’avons pas besoin de demander de permission ou d’autorisation, surtout à qui nous opprime chaque jour. Nous ne croyons ni la représentation ni au Père Noël mais à l’autodétermination. Nous cherchions simplement à redonner vie à un bâtiment historique déserté et laissé à l’abandon et à en faire un espace actif, créatif, extraordinaire et accueillant. Nous voulions en faire un lieu de vie où pouvoir grandir, être écouté.e.s. nous sentir accepté.e.s, respecté.e.s, aimé.e.s, chez nous. Un espace où s’exprimer librement. Une maison pour qui ne trouve vraiment que très peu de place dans cette société et au prix de difficultés incommensurables. En quelques jours, contre toute attente, nous avons réussi à créer un tissu d’humanité merveilleusement varié et spontané. Nous avons compris par l’expérience directe le sens des mots "solidarité" et "sororité". La Magni*fica Occupée, Maison des Femmes * tqr (La magnifica occupata, Casa delle donne* transfemminista queer) de Florence, est immédiatement devenue un point de rencontre, notamment pour les jeunes. Nous avons été surpris.e.s de la solidarité qui s’est exprimée pour soutenir ce projet, au niveau local, national et même depuis l’étranger. Malheureusement cette fois cela n’a pas suffi, mais nous avons pleinement confiance d’avoir choisi la bonne voie et nous n’avons pas l’intention de reculer d’un pas. Ce n’est la fin de rien mais juste un fier départ. "Hacia horizontes preñados de luz".

L’expulsion, survenue le 22 septembre au matin vers 10h du matin, a vu l’intervention d’une dizaine de blindés et de nombreux autres cars de police, RAID, gendarmes etc. Les flics ont démoli les portes anciennes de l’immeuble à coups de hache. Sitôt entrés, ils ont gonflé leurs muscles et donné libre cours à leur arrogance en cassant tout, en détruisant les toilettes et en faisant tout valser. Tout cela pour 12 personnes qui, à l’intérieur, étaient occupées à dialoguer et à nettoyer l’espace, presque toutes de moins de trente ans. A la nouvelle de l’expulsion une centaine de compagnes et compagnons se sont rassemblé.e.s à l’extérieur, devant la Magni*fica pour nous exprimer leur solidarité. L’opération a donné lieu à des plaintes pour occupation à l’encontre de toutes celles et ceux qui ont été trouvés dans l’immeuble, et à des interdictions de séjour pour tous les non-résident.e.s avec application maximale de la disposition judiciaire, à savoir 3 ans (l’art. 1 du D. Lgs. 159/2011 prévoit trois catégories de sujets à qui les dispositions préventives peuvent s’appliquer et nous avons été inscrits dans la première : 1) individus dont on juge, sur la base d’éléments factuels, qu’ils se livrent habituellement à des trafics délictueux). En réalité il n’en est rien. Tou.te.s ceux et celles qui ont reçu une interdiction de séjour, travaillent ou font des études à Florence, sauf un.e qui y a cependant vécu pendant 15 ans et réside à quelques kilomètres. Dans les dossiers de la préfecture de police, nous sommes décrits comme des criminels récidivistes, des opposants anarchistes.




Dans la plainte pour occupation, l’expulsion est justifiée de façon on ne peut plus fantaisiste : elle aurait eu pour but d’éviter que nous puissions envahir le SERD (Servizio Tossicodipendenze) tout proche "où se trouvent de grandes quantités de drogue" tirant des conclusions d’une idiotie vraiment surréaliste. Le RAID nous a retenus dans l’immeuble pendant 5 bonnes heures, tandis que deux de nos camarades résistaient sur le toit. A chaque fois que nous demandions quand est-ce que nous serions relâché.e.s, ils nous donnaient des réponses vagues, comme des robots. Ils avaient clairement bon espoir de nous faire craquer pour pouvoir dire que nous avions opposé de la "résistance" afin de faire peser sur nous des charges plus lourdes, y compris financièrement. Nous avons gardé un calme insolent, c’est la seule chose que l’on puisse faire dans certains cas. Évidemment, pas si on est carrément contraint à réagir par la force des choses en cas de faits insupportables. Il y a quand même eu des épisodes particulièrement déplaisants, en particulier avec les sapeurs-pompiers que nous pouvions entendre hurler, malgré la pluie des lances à eau et les insultes : "Tantouzes mouillées, tantouzes heureuses". Les camarades ont tenu sur le toit comme pour railler La Nazione [quotidien de Florence] qui avait prédit que la pluie les ferait descendre. Nous avons aussi bien ri parce que cette expérience a été malgré tout une chance et une énorme victoire. Ensuite nous avons su qu’ils avaient ouvertement adressé des insultes homophobes aux personnes résistant sur le toit. Après nous avoir remis les interdictions de séjour [Voir photo ci-contre anonymée avec commentaires : "Faux !""Faux mais hilarant !"], ils nous ont laissé partir et nous sommes passés le long du cordon de CRS en hurlant le poing levé "Tout le monde déteste la police"[en français dans le texte] pour rejoindre les camarades accourus pour faire un sit-in devant l’immeuble. Nous avons aussi protesté en dansant pour manifester notre solidarité aux camarades résistant encore sur le toit. Nous avons le plus souvent chanté et dansé sous le nez des automates de l’État, et c’était amusant de voir que de temps en temps l’un d’eux, sous son gilet pare-balles, était pris de secousses réflexes dans le rythme malgré des efforts visibles pour les réprimer. Au bout de 9h et sous la menace d’une arrestation, les camarades sont descendu.e.s du toit. Le sit-in s’est alors dispersé et transformé en une manifestation spontanée à travers les rues, en interrompant le trafic et en essayant d’informer les gens de ce qui s’était passé. A notre grande joie, le long de notre passage, nous avons reçu de nombreux retours solidaires et d’encouragement, même si dans le même temps un déploiement disproportionné de forces de "l’ordre" continuait à nous surveiller dans une attitude d’intimidation. Nous étions une centaine de personnes à marcher et les forces de l’ordre étaient une véritable armée, heureusement que les avenues de Florence sont coupées de nombreuses rues transversales, donc ils n’auraient pas pu nous nasser facilement tant qu’on continuait à se déplacer. Le cortège s’est achevé Place de la Liberté.

Et la Magni*fica, soyez-en certain.e.s, reviendra.


Texte original

Da sempre certe soggettività vengono perseguitate, asservite, stuprate, derise, osteggiate, relegate ai margini della società. Private della loro voce, private di rispetto, derubate dei loro nomi e torturate, brutalizzate, uccise. Questa storia da tempo immemore lega il destino delle donne a quello delle identità LGBTQIA+, dex migrantx e di chi sceglie di non sottostare al capitalismo cannibale che ti permette di vivere solo fagocitando il tuo prossimo. Siamo stanchx delle narrazioni tossiche dei giornali che quando ci dedicano spazio sulle loro pagine, ci uccidonx di nuovo, negando le nostre identità, lasciando di noi puntualmente solo lo stigma, oltre che un bavoso desiderio voyeuristico celato da idee bigotte e avvalorato da una mentalità fascista e patriarcale. Siamo stufx di questo scenario, siamo stufx che qualcun’altro scelga per noi. E’ questa consapevolezza che ci lega. Questo e molto altro in realtà, colora l’universo transfemminista: l’anticapitalismo, l’ecologia sociale, l’odio per le frontiere, la lotta all’oppressore e la solidarietà a chi è oppresso.
Il femminismo, come diceva quasi un secolo fa l’anarchica spagnola Lucia Saornil, può solo schierarsi con chi è opressx. Non può farne a meno, è questa la sua essenza.
Quello che abbiamo fatto il 18 settembre sera, alla fine del "Pride" autogestito che avevamo lanciato



, è stato prenderci uno spazio che ci spetta di diritto e per il quale, visto l’ambiente ostile in cui viviamo, non abbiamo bisogno di chiedere per favore o permesso, specie a chi ci opprime ogni giorno. Non crediamo in deleghe e principi azzurri, ma nell’autodeterminazione. Quello che volevamo fare era dare vita nuova ad un edificio storico lasciato vuoto e abbandonato all’incuria degli anni e renderlo attivo, creativo, favoloso e accogliente. Volevamo che fosse uno spazio dove poter crescere, essere ascoltatx, sentirsi accettatx, rispettatx, amatx, a casa. Uno spazio sicuro dove esprimersi liberamente. Una casa per chi di spazio, in questa società, ne trova davvero troppo poco e con una difficoltà immane. In pochi giorni, inaspettatamente, siamo riuscitx a creare un intreccio di umanità meravigliosamente variegato e spontaneo. Abbiamo sperimentato direttamente cosa vogliano dire le parole: solidarietà e sorellanza. La Magni*fica occupata, casa delle donne transfemminista/queer di Firenze, è immediatamente diventata un punto di incontro, specialmente per giovanx. Siamo rimastx stupitx di quanta solidarietà sia arrivata a sostegno del progetto, a livello locale, nazionale e addirittura dall’estero. Purtroppo questa volta non è bastato, ma siamo assolutamente fidiciosx che la strada sia quella giusta e non intendiamo retrocedere di un solo passo. Questa non è la fine di niente, ma soltanto un glorioso inizio. Hacia horizontes preñados de luz.

Lo sgombero, avvenuto la mattinata del 22 settembre verso le 10 am, ha coinvolto una decina di blindati e numerose altre vetture di polizia, digos, carabinieri etc. Gli sbirri hanno demolito le antiche porte dello stabile a colpi d’ascia. Appena entrati hanno fatto sfoggio di tutta la loro muscolare arroganza, spaccando tutto, distruggendo i bagni e buttando tutto per aria. Tutto questo per 12 persone che all’interno erano semplicemente impegnate a dialogare e ripulire lo spazio, quasi tutte sotto i trent’anni d’età. Alla notiza dello sgombero, un centinaio
di compagnx si sono riunitx fuori dalla Magni*fica per esprimerci solidarietà. L’operazione ha portato a denunce di occupazione per tuttx coloro che sono statx trovatx all’interno dello stabile, e fogli di via per x non residentx, con applicazione massima del provvedimento, ovvero
3 anni (L’art. 1 del D. Lgs. 159/2011 prevede tre categorie di soggetti a cui possono essere applicati i provvedimenti di prevenzione, noi siamo rientratx nella prima ovvero: 1) coloro che debbono ritenersi, sulla base di elementi di fatto, che siano abitualmente dediti a traffici delittuosi;).In realtà non è così. Tutti quellx che hanno ricevuto il foglio di via fra l’altro, lavorano o studiano a Firenze, tranne unx che ci ha però vissuto 15 anni e sta fuori provincia per una manciata di km. Negli incarti della questura veniamo descrittx come criminalx abitualx, antagonistx anarchicx.
Nella denuncia di occupazione si giustifica in modo a dir poco fantasioso lo sgombero per scongiurare il rischio che potessimo invadere il serd vicino, "dove ci sono ingenti quantitativi di droga". Alludendo a conclusioni davvero di un’idiozia surreale. La digos ci ha sequestrato all’interno dello stabile per almeno 5 h, mentre altrx due compagnx resistevano sul tetto. Ogni volta che chiedevamo informazioni sul nostro rilascio rispondevano in maniera vaga, robotica. La speranza era chiaramente quella di portarci allo stremo per farci reagire male e poterci dare "resistenza", denuncia ben più onerosa, anche economicamente. Abbiamo mantenuto una calma strafottente, unica cosa possibile che si può fare in certi casi. Certo, se proprio non si è
costretti da eventi insostenibili a dover reagire per forza di cose. Ci sono comunque stati episodi particolarmente spiacevoli, specialmente con i pompieri. Ma nonostante la pioggia e gli insulti li potevamo sentire urlare : "Froce-bagnate, froce-fortunate". In barba alLa Nazione che invece ha scritto che sarebbero scesx a causa della pioggia. Abbiamo anche riso, riso tanto, perché comunque questa esperienza nonostante tutto è stata un’ opportunità e una vittoria enorme. In seguito abbiamo saputo che hanno apertamente rivolto insulti omofobi a chi resisteva sul tetto. Quando, consegnati i fogli di via, ci hanno finalmente lasciato uscire, fianco a fianco abbiamo passato il cordolo della celere urlando a pugno alzato "tout le monde deteste la police" e ci siamo ricongiunti ax compagnx che erano accorsi per presidiare l’edificio da fuori. La nostra protesta è stata danzante oltre che di solidarietà a chi resisteva ancora sul tetto. Abbiamo per lo più cantato e ballato in faccia agli automi di stato, notando divertiti che ogni tanto qualcuno, sotto i giubetto antiproiettile aveva degli spasmi ballerini incontrollabili, visibili nonostante il tentativo di reprimerli. Dopo 9 ore e la minaccia di arresto sono scesx dal tetto. A quel punto si è smontato il presidio improvvisando un corteo lungo i viali, bloccando il traffico e cercando di informare la città di cosa fosse realmente accaduto. Con gioia, lungo il nostro passaggio, molte sono state le risposte solidali e di incoraggiamento, nonostante nel mentre, uno spropositato dispiegamento di forze dell’"ordine" continuasse a piantonarci con fare intimidatorio. In cammino c’erano un centinaio di persone e loro erano davvero un esercito, per fortuna i Viali di Firenze sono pieni di traverse e quindi non avrebbero potuto chiuderci facilmente fin tanto si restava in movimento. Il corteo è terminato in Piazza della Libertà.

E la Magni*fica, statene pur certx, tornerà.













PAR : Mollie Steimer, de la Magni*fica
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