Haro sur le mariage mixte !

mis en ligne le 3 avril 1997

Chronique de l'immigration

Les Français qui désirent actuellement épouser un(e) étranger(e), sont obligés de constituer un dossier de demande de visa de long séjour. Les renseignements à fournir pour pouvoir faire venir en France le futur conjoint sont révélateurs de l'attitude de suspicion de l'administration, non seulement envers les étrangers mais également à l'égard des ressortissants français soupçonnés par elle de n'avoir qu'une idée en tête : vouloir aider les étrangers à pénétrer sur le territoire.

En étudiant dans le détail le formulaire du visa de long séjour, on est frappé de constater que la dégradation des droits des étrangers, sur laquelle on a fermé les yeux pendant tellement d'années, atteint maintenant de plein fouet les Français eux-mêmes. Comme si la législation honteuse, qu'on a toléré pour les uns, se mettait à déteindre sur les autres.

Pour obtenir l'autorisation de se marier en France, le couple doit d'abord écrire au ministère des Affaires étrangères une longue bafouille afin d'exposer les raisons qui le poussent à vouloir s'unir. Il doit, dans cette lettre de motivation, apporter suffisamment d'éléments pour parvenir à convaincre de la réalité de ses sentiments amoureux. C'est parce qu'elle est soucieuse de leur bonheur, comme le serait leur propre mère, que l'administration surveille de près les couples mixtes et protège ses administrés des fiancés écornifleurs.

Les pauvres sont plus suspects que les autres

Sur le formulaire, il est écrit que l'étranger doit justifier de ses ressources dans son pays d'origine. Est-ce pour avoir l'assurance que la cour qu'il fait à sa dulcinée n'est pas uniquement dans dans le but de venir manger son pain ? A moins que ce ne soit le moyen d'éliminer d'office tous les pouilleux venus d'ailleurs qui seraient susceptibles de s'installer sur le territoire sous prétexte qu'ils sont parvenus à séduire une de nos femmes ou de nos filles ? Comme le disait si bien une dame de l'ambassade de France en Thaïlande à un futur conjoint qui ne parvenait pas à obtenir son visa : « Mais Monsieur, vous voulez épouser une Française et vous n'êtes que jardinier ! »

Il faut produire un extrait du casier judiciaire afin de démontrer que l'étranger, s'il vient en France, ne sera pas une menace pour l'ordre public. La copie des pages du passeport, où sont censés figurer les cachets d'entrée et de sortie du territoire, est également exigée. L'administration veut être certaine que l'étranger n'a pas séjourné en France de manière clandestine. Sinon, gare, elle le lui fera payer, en l'empêchant d'y remettre les pieds.

Aux Français, il est demandé de fournir un justificatif d'hébergement du futur conjoint étranger. Un contrat de location est souhaité ou bien, et c'est encore mieux dit le formulaire, une attestation de propriété. Inutile de souligner que ceux qui sont en sous-location ou qui habitent chez un ami ou qui sont logés à l'hôtel n'ont évidemment aucune chance de se voir accorder le visa pour que vienne leur Juliette ou leur Roméo.

Enfin, on ose obliger les Français à fournir le montant de leurs ressources. Si elles sont considérées comme insuffisantes, c'est-à-dire inférieures au SMIC, le visa ne sera pas donné et le mariage n'aura pas lieu. Aujourd'hui, en France, le mariage n'est donc plus un droit qui appartient à tous. Si vous êtes SDF, RMIste, si vous travaillez à mi-temps, si vous êtes au chômage, vous n'avez plus la liberté de vivre avec celui ou celle que vous aimez. Votre cœur n'a plus le droit de choisir son alter ego en dehors de l'Hexagone. Et bien, voilà ! On y est arrivé. L'administration a réussi à imposer aux Français les plus pauvres les règles du regroupement familial !

Une loi qui lutte contre le métissage...

Par le truchement de la famille mixte, en privilégiant chaque fois la législation des étrangers au détriment du droit français, on est parvenu à remettre en cause les libertés fondamentales. En donnant à l'ordonnance de 1945 la priorité sur le code civil, on a sacrifié les droits des Français. Au point qu'on voit la Justice forcée de rendre aujourd'hui des décisions qui sont contraires à la loi. Certains Français peuvent maintenant se considérer comme des étrangers dans leur propre pays. S'ils veulent épouser la personne de leur choix, ils sont obligés de s'expatrier.

Cherche-t-on ainsi à réduire la quantité de mariages mixtes ? Les difficultés que l'administration impose aux couples franco-étrangers pourraient biens'expliquer de cette façon. On veut réguler le métissage et nous soumettre à des quotas. L'intention politique semble être de vouloir gérer la population française comme est gérée l'immigration.

Claude