Tragédies grecques : un nouveau paquet de mesures antisociales

mis en ligne le 12 décembre 2012
1691GreceLe vote du mercredi 7 novembre
Le Parlement grec a voté un nouveau paquet de mesures d’austérité, incluant un grand nombre de licenciements, une baisse supplémentaire des salaires, des pensions et des avantages. Ainsi, ils détruisent ce qui était resté debout après trois années d’austérité.
L’âge de la retraite augmente de deux ans, ce qui signifie que la majorité des travailleurs partiront à la retraite à 67 ans. Réduction des retraites entre 5 % et 15 %, réduction des primes de Noël et de Pâques pour tous les retraités et les fonctionnaires, réduction, voire arrêt des prestations sociales, de même que des indemnités chômage, des aides contre la pauvreté, des prestations familiales et même des prestations pour les handicapés.
Ils introduisent également une modification rétrospective de la convention collective nationale du travail déclarée anticonstitutionnelle par une commission spécialisée du Parlement – ce qui ne semble pas déranger le gouvernement. Selon cette modification, le salaire minimum sera gelé et, à partir d’aujourd’hui, réglementé par le ministre du Travail lui-même. Il n’y aura pas d’augmentation pour quiconque, les employeurs ont le droit de donner un préavis plus court avant le licenciement, une prime de licenciement plus faible, une contribution moindre aux caisses de retraite et de santé. Enfin, les employeurs ne sont pas obligés de suivre la convention nationale s’ils ne veulent pas la signer !
On constate aussi de nouvelles hausses d’impôts indirects, des mesures contre le revenu des agriculteurs, des licenciements dans le secteur public et la flexibilité totale pour les fonctionnaires. Le paquet de mesures contient la poursuite de la privatisation du secteur public, renforçant la privatisation des soins hospitaliers, comprenant un forfait d’hospitalisation (un patient hospitalisé devra payer 25 euros), ce qui, pour un pays avec plus de 30 % de chômage, signifie que des milliers de gens ne vont plus être en mesure de payer un traitement médical.

La grève générale des 6 et 7 novembre
La Confédération générale des syndicats grecs a appelé à la grève générale les 6 et 7 novembre.
Mardi 6 novembre, premier jour de la grève générale. Il semble que les grèves
continues dans le secteur des transports et les grèves générales au cours de la dernière période ont empêché les gens d’y participer en masse. Malgré la présence d’un grand nombre d’escadrons de police anti-émeute, les manifestants ont occupé la place Syntagma, jusqu’à une heure du matin. Ce fut une journée de grève calme et assez décevante !
Le deuxième jour, mercredi 7 novembre, les choses ont été différentes. Dans l’après-midi, quand le paquet de mesures a été soumis au vote, il y a eu plusieurs appels à se rassembler à l’extérieur du Parlement. Beaucoup de grévistes ont été arrêtés par la police, dont les unités ont attaqué et bloqué les manifestants qui tentaient de se rendre au point de rassemblement. De plus, des stations de métro dans le centre d’Athènes ont été fermées par la police qui, à plusieurs reprises, a procédé à des arrestations préventives afin d’empêcher les manifestants d’atteindre la place Syntagma.
Malgré la mobilisation de la police, au moins 100 000 manifestants se sont rassemblés à 18 h 30 devant ou près du Parlement grec. À 19 heures, les manifestants ont commencé à pousser les grilles qui protégeaient le Parlement et dès qu’ils ont réussi à en détruire une petite partie, les unités de police antiémeute sont intervenues et ont utilisé pour la première fois des canons à eau contre des personnes en grève.
Il y a eu des affrontements en dehors du Parlement et autour de la place Syntagma pendant des heures. Mais la combinaison des gaz lacrymogènes et de la pluie a rendu la place irrespirable pour la majorité des manifestants. Quand les groupes de grévistes ont quitté la place, les unités de police les ont attaqués, causant un grand nombre de blessés. Au moins 40.
Après une ultime tentative pour reprendre la place Syntagma, vers 22 heures, des unités de police anti-émeute ont finalement quitté les lieux sous une pluie battante. Il y eut 103 interpellations, 5 arrestations, au moins 40 manifestants et 7 policiers blessés. Le sévère paquet de mesures d’austérité a été voté et adopté par le Parlement à minuit.

Ce n’est pas fini
Dehors, les flics avec leurs APC (blindés légers anti-émeute), des produits chimiques, des fusils, des motos, et, pendant ce temps, à l’intérieur, le Parlement qui a voté d’une manière éhontée une augmentation sans précédent des mesures antisociales.
L’État a de l’argent. Il a de l’argent pour faire respecter un État policier dans les rues, pour acheter des tonnes de produits chimiques et des APC, pour armer les unités spéciales de répression.
Peu importe combien de flics ils ont mis en place, cette lutte ne va pas s’arrêter. Peu importe les mesures qu’ils prennent au Parlement, le nombre de voix aux élections, rien n’est fini et nous lutterons pour les empêcher de réaliser leur sinistre projet.
Nous n’avons rien d’autre à faire que de donner une place à la rage, comme le dit un récent slogan anarchiste écrit dans une rue d’Athènes.

Groupe de communistes libertaires
Athènes