Les rats sortent des égouts

mis en ligne le 28 novembre 2012
L’on peut toujours douter du bien-fondé du mariage. Qu’il soit homosexuel ou hétérosexuel, ce n’est ni plus ni moins qu’un acte officiel signé devant les représentants de l’État, une légalisation souvent d’un état de fait et surtout à mille lieues de la libre association des individus entre eux à laquelle plus d’un libertaire est farouchement attaché. Mais, après tout le combat antimariage est loin d’être notre priorité. Alors, pour ceux aiment les dragées, les jarretières et les fins de banquet, pourquoi pas.
L’actualité toute chaude de la sans doute prochaine autorisation du mariage entre individus du même sexe, nous donne l’occasion, et on n’en avait vraiment pas besoin, de voir resurgir de la fange tout un tas d’associations, de ligues, de cliques, d’amicales, que sais-je, ultracatholiques à forts relents homophobes. Il n’est qu’à voir les événements du 18 novembre dernier pour en juger. Cette fois ci, c’est Civitas qui s’y colle. Ça nous change de SOS tout petits, devant les maternités pour tenter d’empêcher les IVG.
L’institut Civitas est un mouvement politique inspiré par le droit naturel et la doctrine sociale de l’Église et regroupant des laïcs catholiques engagés dans l’instauration de la royauté sociale du Christ sur les nations et les peuples en général, sur la France et les Français en particulier, on voit le genre. Un festival de saveurs ! Alors une petite manif antipédé le dimanche ça fait prendre l’air aux gosses. Ces gens-là eurent sans doute été mieux inspirés de s’occuper de leur propres affaires, plutôt que de venir renifler l’odeur du pavé. C’était compter sans les désormais célèbres Femen qui ont eu l’idée saugrenue de venir semer un peu une pagaille rigolarde dans cette prude assemblée vraisemblablement peu habituée à ce genre de provocation.
Quelle provocation en effet pour ces femmes que de se pointer le torse nu recouvert de slogans antipatriarcaux. Les Mujeres libres n’ont pas cru bon de jeter leur soutien-gorge aux orties pour combattre le fascisme. Elles avaient d’autres armes et bien plus efficaces ! Et pourtant l’on peut s’autoriser à penser que d’écrire « Françaises déshabillez-vous ! » sur ses seins relève plus de l’injonction que de l’avancée des propositions féministes. On conçoit mal en effet comment ces femmes aux formes normées, épilées, rasées, minces puissent longtemps échapper aux hordes de photographes ou de cameramen parce que le cul, ben oui, ça fait de l’image au 20 Heures et ça fait vendre du papier. Revendiquer vouloir faire une « armée de soldates aux seins nus » contre le patriarcat ça fait un peu louche. Reprendre les codes pornos et se dénuder pour dénoncer les violences sexuelles ne peut que produire davantage de haine sexiste.
Mais surtout pas devant les enfants ! C’est le prétexte invoqué qui a servi de détonateur aux violences auxquelles se sont une fois de plus livrés les nazillons du GUD. Civitas a lâché les chiens et ils s’en sont donné à cœur joie. Ces bas-de-plafond attirés par l’odeur, toutes rangers dehors, ont terrorisé les quelques militantes Femen. Et la violence, ils connaissent. Ils ne connaissent d’ailleurs que ça. Et se faire une petite journaliste au passage, ça n’a non plus jamais fait de mal à personne. C’est leur dessert, la cerise sur le gâteau comme on dit. Caroline Fourest, qui y a laissé une dent, témoignera le lendemain avoir été passée à tabac deux fois par ces commandos de crânes rasés suant la haine et bavant la crainte.
Alors tout ça pour ça ? Pas si évident. Le mariage homosexuel n’est qu’un prétexte. Ces sinistres bisounours sont et seront toujours à l’affût de la moindre avancée sociétale pour mieux lui briser les reins. Les traditionalistes cathos du calibre Civitas ne sont pas une déviance mal digérée d’une religion dominante, mais bel et bien une émanation un peu plus perverse que les autres. Le seul fait qu’elle soit défendue militairement par les crypto-nazis doit nous en convaincre.