Mexique : halte à la répression des mouvements sociaux

mis en ligne le 15 novembre 2012
1687YaBastaAux peuples du Mexique et du monde.
Compañeros et compañeras.

Au motif de la visite officielle d’Enrique Peña Nieto en France, nous, collectifs adhérents ou organisations solidaires de la Sixième Déclaration, nous sommes retrouvés pour manifester et réaffirmer notre pleine solidarité avec les peuples du Mexique en lutte. Réunis sur le parvis des Droits-de-l’Homme au Trocadéro, à Paris, nous avons donc organisé un petit rassemblement d’information et, surtout, nous nous sommes manifestés contre la répression et contre l’oubli.
Nous ne pouvions manquer cette occasion : Enrique Peña Nieto est pour nous le reflet et la synthèse parfaite du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), organisation responsable depuis presque cent ans de tout type de massacres et d’abus : plus de 200 étudiants assassinés à Tlatelolco en 1968, 45 indigènes assassinés à Acteal en 1997, la répression des 3 et 4 mai 2006 lors de laquelle le terrorisme d’État a balayé Texcoco et Atenco (sous le mandat local du même Enrique Peña Nieto), la réforme de l’article 27 de la constitution pour privatiser les terres communales, la signature du TLC avec les terribles conséquences économiques et humaines engendrées… La liste est longue. Aujourd’hui, Enrique Peña Nieto rend hommage à tout cet arbitraire, allongeant ainsi la liste des violations.
Alors qu’Enrique Peña Nieto vante « la main d’oeuvre qualifiée mexicaine », « la stabilité du système bancaire, la prospérité du marché interne » ou dénonce « l’exagération donnée à la violence et au crime organisé au Mexique », les Conseils de bon gouvernement zapatistes ne cessent de nous faire parvenir des lettres dénonçant les provocations systématiques contre les bases d’appui zapatistes de la communauté de Jechvo, les attaques, expulsions, menaces, vols et intimidations contre les communautés Comandant-Abel et Union Hidalgo, l’emprisonnement de six bases d’appui zapatistes de l’ejido (Ndlr : ensemble de terres communales) Guadalupe los Altos, où les compagnons sont non seulement humiliés par le PRI mais aussi par l’organisation Cioac Historica – dans laquelle militent des membres du Parti d’action nationale (PAN) et du Parti de la révolution démocratique (PRD).
Alors que les malentendus diplomatiques entre la France et le Mexique « s’arrangent », les écoles normales rurales sont brutalement frappées. Au Michoacán, la police de l’État et la police fédérale exécutent une violente opération pour prendre l’école normale rurale Vasco-de-Quiroga, à Tiripetio, et le centre régional d’éducation normale d’Arteaga, frappant et arrêtant avec un luxe de violence environ 176 étudiants ; à Cheran, les forces fédérales et de l’État sont entrées brutalement dans la communauté et ont frappé comuneros et étudiants.
Alors que les marchandages diplomatiques entre François Hollande et Enrique Peña Nieto sont mis au point, à Notre-Dame-des-Landes près de Nantes, 2 000 gendarmes pénètrent et attaquent la ZAD, zone occupée par des centaines de personnes et où un projet de vie alternatif et anticapitaliste a grandi de jour en jour. La ZAD se trouve sur un terrain que le gouvernement veut utiliser pour construire un aéroport. Une zone où, aujourd’hui, des centaines de personnes résistent comme elles peuvent et défendent cet espace face à la police de l’État français et les intérêts économiques qu’elle protège.
Avec cette même logique de contrôle social, expulsion et destruction, la France a coopéré avec le Mexique en fournissant véhicules blindés, hélicoptères avec système de détection ultra-moderne, formant les polices d’État et militaire mexicaines, implantant EDF dans l’isthme de Tehuantepec ou encore les entreprises EADS, Eurocopter et le programme Reed contribuant ainsi au saccage, à la destruction de l’environnement et à l’expulsion de nombreuses communautés indigènes.
Alors qu’en haut ils préparent leur agenda pour piétiner et mépriser, nous, nous tissons autre chose. Nous préparons un autre agenda, incompréhensible pour ceux qui, d’en haut, s’enrichissent et imposent leur gouvernement, leur capitalisme. Ici, en bas, nous continuons à être solidaires, à construire quelque chose de plus digne, à exiger comme toujours : halte aux menaces et aux actes de harcèlement contre les bases d’appui zapatistes !
Paramilitaires hors du Chiapas ! Liberté pour les compagnons prisonniers, zapatistes comme de l’Autre Campagne ! Liberté pour tous les membres des écoles normales rurales enfermés au centre de réadaptation sociale Francisco-J.-Mujica au Michoacán ! Halte à la répression et à la criminalisation des mouvements sociaux !
Courage, compagnons, continuons ainsi !
Solidairement. 

Le Comité de solidarité avec les peuples du Chiapas en lutte (CSPCL), Les Trois Passants, Secrétariat international de la CNT, Collectif De BoKa En BoKa, Association Espoir Chiapas, Association Terre et Liberté pour Arauco, Comité de solidarité avec les Indiens des Amériques – (CSIA-Nitassinan), Fédération SUD Éducation, Union syndicale Solidaires.

Paris, France, 17 octobre 2012.