Pan sur le bec !

mis en ligne le 10 mai 2012
Il n’est jamais agréable de réaliser que l’on s’est fait « balader » par une info qui s’avère finalement être un canular. C’est bien ce qu’il m’est arrivé récemment et qui m’a fait commettre un papier dans Le Monde libertaire 1, à propos d’une soi-disant grève du sexe menée par des escorts-girls madrilènes contre des responsables du monde de la finance. Cette info a circulé via les nouveaux réseaux (twitter, web), un site féministe l’a repris du blog Lo mala que eres (ce que tu es méchante), puis de reprise en reprise l’histoire a commencé son tour de la planète : d’abord sur un site mexicain, puis russe, puis d’autres pays latino-américains, puis (consécration) le Daily Mail pour finir donc dans… Le Monde libertaire.
L’histoire était belle. Trop belle même. C’est ce que s’est dit Camille, journaliste à L’Express 2. Un(e) vrai(e) journaliste lui (elle), avec tout ce que ça comporte de sérieux, de savoir-faire et les moyens à sa disposition qui vont avec. Lui (elle) aussi a été emballé(e) par l’histoire, mais a flairé l’entourloupe (contrairement à moi). Il (elle) s’est donc lancé(e) dans des vérifications et a pu contacter la présidente de Sintrasex (Syndicat du travail sexuel en Espagne) qui lui a confirmé que cette grève des prostituées n’avait jamais eu lieu.
Résultat final : histoire plausible mais entièrement bidonnée ayant fait le tour du monde. Je suis donc partagé entre deux sentiments : d’abord dépit de m’être fait « enfumé », mais ensuite aussi, satisfaction quand même que le canular ait permis de parler des mesures antisociales du gouvernement espagnol, des dérives des banques et d’attirer l’attention sur la situation des prostituées. Il y avait de quoi rêver : des négociations secrètes tripartites entre gouvernement, banques et syndicat de travailleuses du sexe. Une première !
Quoiqu’il en soit, mes excuses les plus plates aux lectrices et lecteurs du Monde libertaire pour cette fausse information.






1. Voir Le Monde libertaire n° 1667 : « C’est dur pour les banquiers »
2. Consulter blogs.lexpress.fr/sexpress du 30 mars 2012.