L’insoutenable légèreté de l’urne…

mis en ligne le 19 avril 2012
1669BesoinToutes les pièces du grand Monopoly mondial sont en place. La règle du jeu est simple. D’un côté les exploités, de l’autre les exploiteurs. Au milieu, le terrain de la lutte de classes. Pour les uns, tous les coups sont permis : on bluffe, on triche, on vole, on cogne. Pour les autres, on cherche à s’unir, à s’organiser, à résister. Pour les uns, arrogance, pouvoir et profits. Pour les autres, de la sueur, du sang et des larmes.
Telle est la situation. Le système capitaliste considère que les conditions sont réunies pour liquider les derniers droits sociaux conquis, notamment, après la Seconde Guerre mondiale, pour asservir quasiment sans limite les populations. Dans un précédent article, je posais la question : qui aurait pu imaginer, il y a deux ans, que l’on distribuerait de la nourriture aux enfants en Grèce, pays de la zone euro ? La barbarie est en marche partout, et il faudra plus que des discours pour l’arrêter.
En France, l’Insee nous apprend que 3,8 millions de famille sont en situation de « précarité énergétique », que les coupures d’électricité ont explosé. Bref, que des millions d’hommes, de femmes et d’enfants commencent à crever de froid. En regardant de près les chiffres de Pôle emploi, on s’aperçoit (sauf la plupart des journalistes) que les vrais chiffres du chômage, quand on additionne tout (catégories de A à E, RSA, DOM-TOM, radiés, sans droits), dépasse les 7 millions sans parler des 3 millions de travailleurs pauvres.
Et les tenants du système nous expliquent que ce n’est pas suffisant, qu’il va falloir baisser les salaires, les allocations et les retraites, multiplier les plans de licenciements et les fermetures d’hôpitaux et d’écoles, casser ce qui reste du Code du travail (accords « compétitivité emploi ») et des statuts (RGPP).
Le choc est inévitable et il faut s’y préparer sérieusement. C’est dans ce cadre qu’il faut replacer les échéances électorales. Observons, tout d’abord, que le « printemps arabe », porteur d’espoir de liberté mais aussi de conquêtes sociales, s’est englué dans les urnes, qui se sont révélées, une fois encore, plus efficaces que les chars pour casser un mouvement social. Observons, aussi, que les marchés ont choisi, en Italie, en Grèce, en Espagne, les équipes politiques de droite comme de gauche les plus à mêmes de faire passer les plans de rigueur. Observons qu’en France aussi quasiment tous les candidats nous préparent l’austérité à perpétuité dans le cadre des traités européens. Comment pourrait-il en être autrement ? Qui peut imaginer un peu sérieusement que le système pourrait se plier à un quelconque changement d’envergure venu de petits papiers placés dans des urnes ? Que de temps perdu, que d’énergie dépensée dans ce jeu de dupes.
Ah, bien sûr, il reste les discours de Mélenchon ! Ses « prises de la Bastille » ses hommages à la Commune de Paris, L’Internationale qui se mêle à La Marseillaise à la fin des meetings. Et ces dizaines de milliers de militants, cégétistes notamment, qui désertent la lutte sociale pendant la campagne du tribun qui appellera très sagement à voter Hollande au second tour.
Mais, comme me le disait un syndicaliste touché par son discours, « le 6 mai au soir je serai à poil ». Les beaux discours seront finis et la réalité sociale s’imposera dans sa grande brutalité. Et c’est là, aussi et surtout, que les militants anarchistes ont un rôle à jouer.
Des centaines de milliers de militants politiques et syndicaux chercheront une issue et il nous appartient d’aider à ce qu’elle se situe sur le terrain social. Multiplions les discussions avec eux sans dogmatisme, offrons des perspectives concrètes, développons et réapproprions nous l’outil syndical qui a notamment le mérite de se situer sur le terrain de classe. Battons-nous pour qu’il gagne son indépendance dans l’esprit de la Charte d’Amiens, bousculons les bureaucraties. Passons par la case départ de la grève générale et raflons la mise !