Qui a dit : « À quoi bon organiser des élections ? » Non, ce n’est pas un vieil anarchiste de dedans les fagots

mis en ligne le 1 décembre 2011
« À quoi bon organiser des élections si, comme en Grèce, en Italie, ou hier, en Irlande, c’est la pression de la finance internationale qui fait et défait les gouvernements ? Pourquoi ne pas confier, au grand jour, le gouvernement de l’Europe à un aréopage d’économistes distingués tel Mario Monti, à condition, bien sûr, que leurs orientations satisfassent les réquisitions des milieux financiers ? On ironise à peine. »
T’as raison Joffrin ! Eh oui, c’est le Laurent Joffrin ! Dans Le Nouvel Obs la semaine dernière ! Un éditorial intitulé : « Les marchés au pouvoir ». Chers lecteurs et trices, soyez pas tristes : voilà une campagne offerte sur un plateau. On se posait la question : à l’occasion de la présidentielle, faut-il encore une campagne pour l’abstention ? Non ! Les mécanismes apparaissent au grand jour (pour ceux qui s’y intéressent), popularisons donc l’idée suivante : à quoi bon organiser des élections puisque c’est la finance qui dirige… Nous avons tous les exemples sous la main, y a pas plus actuel, c’est du vécu, du direct, du chaud, du bien saignant et ça va saigner encore un bout de temps. Il n’y a pas d’issue électorale, les marchés sont au pouvoir, la sentence « austérité » est à exécuter et les électeurs choisiront au deuxième tour celui ou celle qui fera office de bourreau.
Jean Daniel, lui, c’est pas trop ça qui l’embête : « Car il s’agit du coup terrible qui eût été porté à la gauche, à la démocratie, à la France si les révélations sordides sur l’affaire du Sofitel de New York, et sur quelques autres encore plus avilissantes, avaient été distillées une à une après que le directeur du FMI fut devenu candidat. Quelle effroyable éventualité ! »
On se bidonne avec l’Obs ! Pour nous l’effroyable c’est déjà qu’il ait été directeur du FMI, leur ex-futur candidat ex-non coupable ! Mais le coup terrible, qu’ils se sont porté eux-mêmes, c’est de l’avoir choisi, d’avoir des mois durant anticipé sa candidature avec force sondages et articles. C’était pour eux le plus « présentable ». Quand je pense que j’avais sous le coude pour les élections un visuel avec « Gengis Kahn/Shere Kahn/Strauss-Kahn », trois prédateurs juxtaposés, qui ne servira jamais… Snif ! Le parti « dit-socialiste » était prêt à porter au pouvoir le directeur du FMI ! Les choses sont claires, suffit de voir les socialistes au pouvoir ailleurs en Europe. Ils gèrent, pour la finance, contre les peuples. Le Hollande, même s’il n’a pas le sourire carnassier de DSK, endossera la tenue du politique « responsable ». L’indigence intellectuelle, la course aux places, le manque d’ambition collective (car les ambitions personnelles ne manquent pas !) se conjuguent pour faire d’un médiocre la seule alternative à Sarkozy. Et il ne faudrait pas l’affirmer aujourd’hui haut et fort ? On attend la fin de l’« État de grâce » ?
La moindre critique devient une trahison, vilipendée par tous les ténors et les plumes aux ordres.
Quand Eva Joly reste réservée sur son vote au second tour, elle est lapidée. Et présentée comme irresponsable, nigaude politique. Mais qui est nigaud ? Même dans leur jeu électoral, se présenter à l’avance soumis au candidat majoritaire n’apporte rien… pour faire avancer ses idées. Cela n’apporte que des promesses de postes. Les écolos auraient-ils oublié le laminage du Parti communiste, sa perte d’identité et… ses résultats électoraux en chute libre sur trente ans ?
La présidentielle est une personnalisation apparente de la politique. Mais en définitive, c’est une dépersonnalisation du candidat ou de la candidate qui se doit d’être sans aspérités, lisse. Il lui faut mesurer tout, son look, ses propos, les yeux fixés sur le miroir, les écrans et les sondages. Souvent les partis se choisissent des représentants médiocres, du moins idéologiquement médiocres, nécessairement médiocres puisque constamment à la pêche aux voix et cherchant à se concilier la majorité. Ici, la personnalité de Joly dérange les logiques d’appareils. Eva Joly qui dit ce qu’elle pense, ça me fait du bien. Surtout quand je pense la même chose qu’elle : le PS est archaïque, vendu au lobby nucléaire, nous sert et ressert les mêmes arguments que la droite depuis 1974 : les emplois, les emplois ! Les cons : avec les 58 réacteurs à démanteler ou à surveiller pendant des siècles, y aura du taf !
Et puis, qu’elle ait rendu hommage le 11 novembre dernier aux mutins de 1917… moi, ça m’émeut ! Je lui aurais fait la bise tiens ! Et ça après avoir demandé la disparition des défilés militaires lors du 14 juillet dernier… Je ne sais pas si cela lui apportera beaucoup de voix, mais elle gagne au moins mon estime. C’est un cas rare, et c’est cela qui gêne aujourd’hui les calculs de l’état-major écolo… Il ne la mérite pas.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


vicious

le 8 décembre 2011
tout a fais d'accord avec tout ça , il est temps que tout bouge que l'equilibre soit retabli entre les peuples ,non pas grace a l'argent mais grace à la raison et le courage de tous,nous sommes tous citoyens et égaux sur cette terre ;je respecte également le courage des "grandes gueules" ,il nous en faut plus.....mon cher coluche tu nous manques!!

julien bézy

le 17 décembre 2011
Que le PS ne soit pas révolutionaire on le sait depuis longtemps mais maintenant il se raccroche à l'économie et le triple AAA comme Sarkozy. Oui voter ne sert à rien.

Farid Ghehiouèche

le 5 janvier 2012
On peut se poser la question, "à quoi sert de voter?" tant qu'on n'est pas directement en démocratie, mais pour que la démocratie soit directe et réelle, encore faudrait-il avoir les moyens de la faire vivre au-delà d'intérêts particuliers (d'individus ou de groupes)... Quid du vote par référendum du budget annuel de l'état français ? Et puis, globalement, l'élection d'un chef suprême, comme d'un groupe de parlementaire majoritaire peu représentatif de la société à qui l'on délègue le pouvoir de nous représenter, c'est anti-démocratique./

Cependant, force est de constater que ni à droite, ni à gauche, ni au centre, ni aux extrêmes, aucune force politique ou très peu ne propose clairement de changement de paradigme sur des questions essentielles, comme par exemple l'instauration d'un revenu universel citoyen, la fin urgente du nucléaire, la sortie de la prohibition des drogues, l'abolition de l'armée...

Alors tentons de faire entendre ces revendications, en constituant la Force Autonome de Résistance par l'Imagination et la Démocratie http://farid2012.org