Maudite soit la guerre et vive les mutins

mis en ligne le 17 novembre 2011
Maudite soit la guerre. C’est ce que l’on peut lire sur le monument aux morts de Gentioux (Creuse) devant lequel se rassemblent chaque année anarchistes, antimilitaristes, pacifistes et autres empêcheurs de massacrer en rond. Un autre 11 novembre est donc passé. Par définition il revient tous les ans ; ça fait un bail depuis 1918. Tellement longtemps qu’il n’y a désormais plus un seul survivant de cette guerre. Pardon, de cette « Grande Guerre ». Grande, elle l’a été assurément, par le nombre de nations impliquées, mais surtout par le nombre de victimes : huit millions de morts et des millions de mutilés et d’invalides.
Le dernier jour de cette boucherie mondiale, bien que sachant que l’armistice allait être signé, des généraux ordonnèrent quand même des actions militaires qui firent 11 000 tués et blessés. Parmi ces officiers jusqu’au-boutistes, le général Wright commandant la 89e division américaine entreprit de reprendre un village afin que ses hommes puissent y faire un brin de toilette. (Toujours être propre sur soi pour les grands événements). Résultat des courses : encore 300 tués à son palmarès. Qu’on se rassure, ces généraux commandant toutes ces opérations s’en sont sortis indemnes, eux. Il faut dire qu’à part Alexandre le Grand qui combattait en première ligne à la tête de ses troupes, les commandants d’armée ont tendance depuis l’Antiquité à rester à l’arrière et ont plutôt pris l’habitude de mourir dans leur lit. « Armons-nous et partez » est toujours de mise chez ces gens-là.
L’Histoire étant souvent parsemée de détails pour le moins saugrenus, on notera que le dernier « poilu » (mort en mars 2008) répondant au nom de Lazare Ponticelli, était, comme son nom le laisse deviner, un immigré qui obtint la nationalité française en… 1939. Quant à Louis de Cazenave, avant-dernier poilu décédé (en janvier 2008), que les autorités s’acharnaient à vouloir récompenser, ce qu’il avait vécu en 14-18 l’avait irrémédiablement transformé en pacifiste : « Les médailles ? Certains de mes camarades n’ont même pas eu le droit à une croix de bois ! »
Et il avait bougrement raison. Cette « Grande Guerre » n’avait rien d’un combat idéologique, mais plutôt d’un conflit d’intérêts, chacun des belligérants voulant redessiner les frontières en sa faveur. Comme le disait Carl von Clausewitz (ce stratège cher au cœur des situationnistes) : « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. » En conséquence de quoi l’Allemagne vaincue devra recéder l’Alsace-Lorraine à la France et se fera dépouiller de ses colonies en Afrique et dans le Pacifique, ainsi que de ses comptoirs en Chine. L’indemnité de guerre qu’elle devra payer est colossale (132 milliards de marks or) alors qu’elle est complètement ruinée. Le leitmotiv imbécile d’un Clemenceau : « L’Allemagne paiera » ne sera pas suivi d’effet, l’indemnité finalement versée sera « seulement » de 23 milliards de marks, mais provoquera chez les Allemands ressentiment et renforcement du sentiment nationaliste, causes en partie à l’origine du second conflit mondial vingt ans plus tard.
Parallèlement à ces tractations financières, la France, toute à sa flambée patriotique s’est lancée dans l’édification de quelque 30 000 monuments aux morts (pratiquement un par commune), et a instauré cette commémoration du 11 novembre. Peut-être serait-il temps de changer cette date et d’en choisir une plus neutre, célébrant non pas une victoire mais une fin de guerre, englobant ainsi tous les pays « vainqueurs ou vaincus » engagés dans ce conflit. Et puis dans la foulée il serait temps de célébrer aussi les mutins de 1917, qui refusant d’abandonner leur internationalisme et rejetant cette guerre impérialiste se réclamaient de cette devise, toujours d’actualité : « Pas de guerre entre les peuples. Pas de paix entre les classes. »



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


nervous breakdown

le 21 décembre 2011
bonjour, j'aimerais apporter une correction 14-18 c'est 10 à 11 millions de mort et 8 millions de mutilé

LDB

le 2 janvier 2012
Bonjour,

Merci pour cet article !

Quelques petites remarques, tout d'abord sur les généraux :
"les commandants d’armée ont tendance depuis l’Antiquité à rester à l’arrière et ont plutôt pris l’habitude de mourir dans leur lit."
Pourquoi pas, mais stratégiquement parlant il est préférable qu'ils restent à l'arrière, histoire d'avoir une vue globale. N'oublions pas que les gradés (du capitaine au colonel) qui se devaient d'être sur le terrain partaient à l'assaut en tête des troupes (pour la plupart). Mais bon, c'était essentiellement par patriotisme...
Après, certains hauts gradés se sont aussi fait tués en zone de combat lors de visites du front, pour "garder le moral des troupes". D'autres sont restés indemnes, malgré leurs visites, comme Pétain par exemple ...
Et, il y a en effet ceux qui restes dans leurs lit, l'ami Nivelle est certainement de ceux-la ?

Autre point, les raisons de cette guerre :
"Cette « Grande Guerre » n’avait rien d’un combat idéologique, mais plutôt d’un conflit d’intérêts, chacun des belligérants voulant redessiner les frontières en sa faveur"
Je ne suis pas d'accord, c'était en effet certainement un "conflit d'intérêts", mais surtout, une vengeance ! On est toujours dans "la grandeur de la France" de de Gaulle (et oui ^^ ); la défaite de 1871 tachait avec le F majuscule de la nation ! Le leitmotiv de Clemenceau "L'Allemagne paiera" prend alors tout son sens. Autrement, n'oublions pas que depuis 1871 les manuels d'écoliers sont bardés de critiques envers l'Allemagne, histoire d'entretenir un peu le patriotisme des chers petiots ! Enfin, la vengeance ne vaut pas mieux que la guerre des frontières donc, "nevermind" !
c'est l'éternel engrenage : 1871 -> 1914/1918 -> 1938/1945 -> Guerre Froide -> Et bientôt le nouvel opus, Guerre froide Sino-Américaine !

Suite après

LDB

le 2 janvier 2012
SUITE

Enfin, l'élément le plus intéressant est le suivant : "Peut-être serait-il temps de changer cette date et d’en choisir une plus neutre, célébrant non pas une victoire mais une fin de guerre, englobant ainsi tous les pays « vainqueurs ou vaincus » engagés dans ce conflit."

Un peu d'actualité ne fait pas de mal ! En effet, notre cher président, a décidé de changer la signification du 11 Novembre, c'est maintenant, selon un communiqué de l’Élysée, une cérémonie de mémoire pour tous les soldats de toutes époques tombés pour la France ! Bien entendu, sans oublier l'Afghanistan; ça tombe bien parce que ça réduit considérablement le nombre de mutins, et puis, comme ça on pourra supprimer le 8 mai; dans un but économique bien sûr !

Autrement, faire une date commune ça risque d'être difficile, surtout que l'Allemagne niveau commémorations c'est pas encore ça !

Et puis, pour les mutins de 1917 ( et tous les autres d'ailleurs ! ) il va falloir faire un long travail sur la politique de mémoire, en attendant, elle prend le chemin de l’intérêt économique (et politique puisque c'est pareil !) qui n'est certainement pas le bon !


Pour 14/18, je pense que nous devons célébrer véritablement tous ceux qui se sont battus. Nous devons apporter (rapidement !) une nouvelle vision sur cette guerre, une vision de paix ! La paix à ceux qui refusèrent, la paix à ceux qui s'y sont pliés, la paix à ceux qui pensaient agir justement , aveuglés par leur milieu et leur éducation.


Si Gentioux vous semble trop loin, allez au monument de votre ville, et commémorez ceux que VOUS voulez ! Ceux qui le méritent !


Amis penseurs, je vous salue !

Léon

Raphaël Zacharie de IZARRA

le 18 mai 2012
1 - LA PAIX DES BURNES

La paix par l'épée ?

Maints défenseurs de la cause martiale au langage officiel, au ton solennel, au maintien étriqué, à la morale étatique rigide et au discours sottement autoritaire répandent autour d'eux le venin d'une pensée mortifère. Par martelages de propos patriotiques et grosses voix interposés.

Chez les jeunes gens qui ont l'esprit encore assez impressionnable -ou disons faible- pour adopter ce moule funeste et plus pernicieusement pour associer leur phallus à la forme d'un canon, ce genre de manipulation mentale fait des ravages.

Tourner en dérision les meneurs doués d'une naturelle autorité, ridiculiser et savoir résister à ces grosses pointures militaires à la voix sonore, à la carrure imposante, au charisme auguste, au verbe haut, à la mâchoire carrée et à la personnalité de fer, bref réduire ces promoteurs de la pensée martiale à de vulgaires paires de couilles ambulantes est encore le meilleur moyen de les contrer.

Leur sinistre charisme résulte d'un processus psychologique parfaitement primaire (et même parfois purement vestimentaire) qui fait que leur pouvoir est fondamentalement, humainement illégitime. Mais ils ont une grosse voix, des cocardes officielles sur la tête, des couleurs vives sur les épaules, une bonne paire de couilles. Cela suffit pour leur conférer un indiscutable prestige auprès des faibles, des dociles, des lâches, des sots.

Mes détracteurs patriotes convaincus par la morale de leurs précepteurs guerriers, quant à eux, portent une cocarde morale, des épaulettes verbales, des couleurs mentales et tentent d'exercer non sans abus leur petit pouvoir officieux de coquelets, bien dressés sur leurs ergots, en me martelant le discours étatique si cher à leur coeur probe, imbus de leur honnêteté cérémonieuse.

Raphaël Zacharie de IZARRA

le 18 mai 2012
2 - Seulement, leur morale mensongère n'a pas de prise sur moi. Je ne dis pas qu'ils sont mauvais, je dis qu'ils se trompent. Parce que je ne suis pas un volatile, parce que j'ai su neutraliser mes petites passions guerrières de coq moyen, je ne me rallie pas à leur chant.

Il y a trop de couillus mal contenus sur Terre. La guerre est simplement une histoire de couilles. Nous en avons fait une affaire d'État, de politique, d'idéologie.

Voilà encore une des grandes impostures de l'Humanité.

Fondamentalement, la pulsion martiale provient du fait que l'homme est un mâle. La guerre est une affaire d'hommes, pas de femmes. C'est tout simplement hormonal. L'explication n'est pas autre qu'une basse affaire de couilles. Ensuite on justifie par des raisons politiques, religieuses, idéologiques. Certains y croient vraiment. Ou font mine de croire à des raisons supérieures, alors qu'en fait la vraie explication de la guerre est dans le pantalon. Parce que l'homme est sévèrement burné, il a l'instinct guerrier en lui. Le mâle est un guerrier congénital.

Lorsque l'on plonge dans les racines du mâle, la guerre chez lui se résume à un combat de coqs. La politique, l'idéologie, la justice viennent après. La guerre est avant tout une histoire d'hormones.

Raphaël Zacharie de IZARRA

le 18 mai 2012
3 - De là, on pourra tirer toutes les conclusions possibles... Seuls ceux qui maîtrisent leurs flux hormonaux ont atteint une certaine sagesse. Pour les autres, pour ceux qui bouillent à l'idée de se faire toiser par un autre coq, moi je dis : il faut couper !

Si vous n'êtes toujours pas en paix avec les Boches, les musulmans ou les rouges, un conseil : faites-vous couper les couilles. Vous verrez la vie beaucoup plus sereinement. Neutralisez vos passions de petits mâles hargneux, et vous gagnerez une grande paix intérieure. Vous pourrez ensuite voir passer un panache de plumes arrogantes dans la basse-cour en toute indifférence.

Ou plutôt, en toute sagesse.

La meilleure façon de faire cesser les guerres est de castrer les belligérants. Transformer les loups en doux agneaux. Bien sûr il faudrait d'abord commencer par castrer les hommes politiques au pouvoir. Ensuite on descendrait dans la rue pour régler au cas par cas les menus problèmes de petits coqs belliqueux.

Militaires, si vraiment vous voulez construire la paix, coupez-vous les couilles.

Pacifiez le monde en commençant par vous pacifier vous-même. Et pour cela, une seule solution : couper !

Raphaël Zacharie de IZARRA

Raphaël Zacharie de IZARRA

le 30 mai 2012
Les vérités qui tranchent :

http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article1134

Raphaël Zacharie de IZARRA