Pour mettre État et patronat à la retraite : la grève générale

mis en ligne le 14 octobre 2010
Enfin ça pousse ! Après plusieurs mois de mobilisation contre la réforme scélérate Sarkozy-Woerth encadrée dans des journées d’actions carrées, le mouvement social ne s’est ni essoufflé, ni résigné, mieux, il aborde enfin cette journée de grève du 12 octobre avec de nouvelles et réelles perspectives d’amplification et de généralisation de la lutte. Les préavis reconductibles se multiplient (SNCF, RATP, EDF, GDF Suez, Air France, Fonction publique, marins, ports, raffineries, pétrochimie, collectivités locales, hôpitaux, impôts, transports urbains, La Poste, France Telecom, Équipement, routiers, etc.), tandis que les étudiants et les lycéens conscients de l’avenir de chômage et de misère que leur prépare la contre-réforme sur les retraites se mobilisent massivement (116 lycées en grève ou bloqués le jeudi 7 octobre). Le gouvernement, qui affiche une unité et une détermination de façade, ne peut cacher sa fébrilité, conscient qu’il est de la détermination des grévistes et manifestants et d’un embrasement social très proche.
Les bureaucraties syndicales, engluées et compromises par l’accord sur la représentativité syndicale et leurs financements par l’État, ont tenté d’entraver et de retarder au maximum le développement d’un mouvement reconductible interprofessionnel en multipliant les journées d’action, espérant que Sarkozy leur accorde les quelques miettes permettant une sortie « négociée » et « honorable » du conflit. On peut d’ores et déjà parier que dès que la porte des négociations s’ouvrira, les partisans de l’accompagnement, « à la recherche d’une piste d’atterrissage » (Canard enchaîné du 29 septembre), s’y engouffreront aussitôt. Seulement la rue a clairement exprimé son refus en bloc de la réforme tout comme des pseudo-négociations. Les grévistes et les manifestants sont conscient que cette nouvelle réforme antisociale est une escroquerie, un véritable hold-up sur nos futures pensions, et la promesse de lendemains toujours plus difficiles. La menace étant clairement identifiée, il s’agit désormais de créer le rapport de force nécessaire à la victoire et ne pas détourner nos efforts dans les impasses électorales et parlementaires vers lesquelles nos habiles politiciens et bureaucrates ne manqueront pas de nous diriger.
Espérer des prochaines élections de 2012, c’est se condamner aujourd’hui à l’inaction et donc à une victoire certaine du gouvernement et du capital, c’est une fois de plus demain se résigner à de cruelles désillusions, qui pouvant croire que la « gôche » au pouvoir s’attaquera concrètement aux inégalités et à l’injustice sociale ? Les exemples grec et espagnol démontrent encore une fois que la gauche n’a rien à envier à la droite lorsqu’il s’agit de brider les salaires, détruire les acquis sociaux et démanteler les services publics pour satisfaire les exigences du FMI (merci DSK) et de la finance internationale.
Le 12 octobre et au delà nous avons enfin l’occasion de construire tous et toutes ensemble une grève reconductible et interprofessionnelle. Mais pour être certain de ne plus être trahi comme en 2003 lors de pour la première bataille des retraites, ou en 2007 lors de la contre-réforme des régimes spéciaux, nous devons rester maître de nos luttes. Pour cela, nous devons nous organiser à la base, dans les assemblées générales souveraines, dans des comités de grève élus sur la base de mandats impératifs et révocables, fédérés localement puis régionalement et rester constamment vigilants. Le blocage de l’économie, notamment des transports routiers, ferroviaires et maritimes, est le moyen le plus rapide et le plus efficace pour faire capituler le gouvernement.
Le retrait de la contre-réforme Sarkozy-Woerth est une victoire à portée de main si l’on veut bien s’en donner les moyens, elle mettrait un terme à une succession ininterrompue d’attaques antisociales passées ou à venir (déremboursement des médicaments, gel des salaires, etc.) et liberticides (stigmatisation des Roms, déchéance de la nationalité, « guerre » contre les « quartiers »). Mais le maintien du statu quo ne pourra nous satisfaire. Le système par répartition est bien entendu à défendre et à conserver mais il maintient aussi les inégalités entre les classes, les sexes et les salaires. Pour nous anarchistes, l’abolition du salariat et la conquête de la véritable égalité économique et sociale sont les conditions indispensables à la construction d’une société de justice et de solidarité. Pour cela, la grève reconductible et interprofessionnelle ne suffira pas, la grève générale expropriatrice et gestionnaire est bien pour nous le préalable à la plus que jamais nécessaire révolution sociale et libertaire.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


56255Meuni

le 14 octobre 2010
La grève générale c'est une bonne chose, mais il ne suffit pas de revendiquer pour une retraite à 60 ans. Il faut revendiquer un revenu citoyen pour tous dés la naissance, sous certaines conditions et en taxant le capital c'est possible dès aujourd'hui.

89911Avent

le 15 octobre 2010
Oui, la grève générale est une bonne chose, mais pour tenir, il faut aussi des caisses de grève, de la solidarité interprofessionnelle, et bien sûr, il faut déborder les syndicats en mettant en place blocages, actions coup de poing, etc. Alors que l' Etat nous disait que la pénurie en essence n'était pas d'actualité, c'est l'armée qui vient de débloquer un dépôt de carburant ... Quel aveu ! Ne lâchons rien !
Pour Paris, voilà le rendez-vous pour samedi :

MANIFESTATION DU 16 OCTOBRE A PARIS

Nous appelons nos militantEs et sympathisantEs à nous rejoindre samedi 16
octobre, à Paris, afin de former un cortège de la Fédération anarchiste au
sein de la manifestation de défense des retraites.

Nous vous donnons rendes-vous à 14h30 à hauteur du n°5 du boulevard des
Filles du Calvaire, tout prêt de l'arrêt de métro Sébastien Froissart.

Nous sommes plus que jamais déterminés à résister aux attaques incessantes
de l'Etat et des patrons. Nous appelons les libertaires, organisés ou non,
à faire bloc,à faire entendre notre voix, et à résister.
Emmenez vos amis et vos drapeaux noirs !
Faites tourner l'information !