Big Brother Awards : une cuvée de choix

mis en ligne le 27 mai 2010
1597RiriPour son dixième anniversaire, l’équipe de Privacy France, qui s’échine à traquer les suppôts les plus nocifs de l’ordre globalitaire, avait du pain sur la planche. Étant donné l’accélération de la mise en place d’une société où la contrainte est venue s’ajouter au contrôle et à la surveillance, les candidats nominés pour les Big Brother Awards se pressaient au portillon. Autant dire que le jury n’a eu, au sens propre de l’expression, que l’embarras du choix.
Pour le prix Orwell dans la catégorie « État/élus », cependant, un candidat a fait immédiatement l’unanimité, Éric Besson, ministre de l’Immigration, pour avoir « durci les quotas d’expulsions, refusé de mettre à l’abri des poursuites les personnes qui aident les migrants, et pour vouloir contourner le juge des libertés afin de bafouer les droits des migrants lors de procédures d’expulsion expéditives ».
Les ministres de l’Éducation nationale (Xavier Darcos, Luc Chatel), qui persistent à vouloir ficher les enfants, dans le fichier Bases Élèves, et refusent de répondre aux préoccupations de la rapporteuse des droits de l’homme de l’Onu, emportent une « mention spéciale fichiers ».
Pour départager les ministres nominés, très nombreux pour l’année 2009, une mention spéciale « exécuteurs des basses œuvres » a été créée. Le gagnant ? Éric Ciotti (voir LML 1595, p. 9), secrétaire national de l’UMP en charge des questions de sécurité et rapporteur de la Loppsi (loi d’orientation et de programmation pour la performance [sic] de la sécurité intérieure).
Brice Hortefeux, qui avait déclaré que « si vous n’avez rien à vous reprocher, vous n’avez pas à avoir peur d’être filmé », remporte pour sa part le prix Orwell Novlangue pour sa volonté de remplacer le terme « vidéosurveillance » par celui de « vidéoprotection »…
Maire de Nice, Christian Estrosi remporte quant à lui le prix Orwell localités pour son projet de déploiement de 600 caméras de vidéosurveillance dans sa bonne ville de Nice, en plus de ses gesticulations sécuritaires devant ses administrés.
Les entreprises ne sont pas en reste : la BNP Paribas, la Banque postale, LCL et la Société générale ont ainsi emporté un prix Orwell récompensant ceux de leurs employés qui n’ont pas hésité à dénoncer des sans-papiers venus naïvement déposer, ou retirer, un peu d’argent à leurs guichets.
Côté internet, c’est Trident Media Guard et Thierry Lhermitte qui emportent le prix, pour avoir proposé à l’Hadopi d’être sa police privée chargée de traquer les internautes suspectés de télécharger des fichiers. Dans ce système, ce sera à l’internaute suspecté d’apporter les preuves de son innocence, en installant un mouchard dans son ordinateur…
Côté médias, le prix revient, ex aequo, à la rédaction du JT de TF1 et aux « Infiltrés » de Capa/France 2. La première pour avoir promis de flouter le visage des Contis qui avaient saccagé une préfecture, avant de diffuser les images en clair, ce qui permit à la justice de les faire condamner. Les seconds pour avoir attenté à la charte de déontologie des journalistes, en dénonçant à la police des pédophiles présumés.
Alex Türk, le président de la Cnil, qui avait été deux fois nominé cette année, pour sa novlangue et pour son côté « exécuteur des basses œuvres » emporte un prix spécial du Jury bien mérité, pour avoir contribué à l’érosion des pouvoirs – déjà limités – de la Cnil.
Enfin, le prix Voltaire, qui récompense ceux qui s’illustrent par leur résistance à la société de flicage généralisé, est décerné au collectif Pièces et main d’œuvre, pour son travail de contre-expertise sur les technosciences en général et les nanotechnologies en particulier, ainsi que pour son activisme débridé contre les « débats publics » truqués.



COMMENTAIRES ARCHIVÉS


65326Lambe

le 4 juin 2010
Le gagnant de la mention "Exécuteur des basses oeuvres", M. CIOTTI est, aussi, président du Conseil général des Alpes Maritimes. Il a succédé à M. ESTROSI lorsque celui-ci est devenu maire de Nice. On est gâté dans le 06...
Martine