éditorial du n°1435

mis en ligne le 26 avril 2006

Le CPE est mort, mais le CNE bouge encore, ainsi que d'autres régressions contenues dans la si mal nommée loi pour l'égalité des chances. La lutte, donc, se poursuit, sous d'autres formes. Car on ne saurait se satisfaire d'une aussi maigre reculade, et il ne faut pas oublier celles et ceux qui ont subi les foudres de la répression. Plus de 2 000 interpellations ont eu lieu durant le mouvement, 547 gardes à vue. Pour l'heure, 68 peines de prison ferme ont été prononcées, et ce n'est qu'un début.

Ainsi est-il urgent d'exiger l'amnistie de tous, sans distinction aucune entre les condamnés, et de se mobiliser lors des procès à venir.

Simple question de cohérence, dont le mouvement ne saurait se priver. À ce sujet on aimerait entendre davantage les grandes centrales syndicales, qui pour l'heure semblent se soucier comme d'une guigne des militants embastillés, concentrées qu'elles sont sur le souci de tirer la couverture à eux et de faire leur décompte des nouveaux adhérents, qui se compteraient « par milliers ». À ceux-là on ne saurait trop conseiller, comme certains anarchistes des années vingt s'adressant aux futurs adhérents du tout jeune Parti communiste, de garder leur argent pour acheter des fusils (symboliques, s'entend). On regrettera cependant que la chasse ne soit pas ouverte aux fausses vérités ainsi qu'aux appropriations auxquelles se livrent, sans honte aucune, les directions syndicales. Ainsi Chérèque se félicitant d'avoir su éviter l'appel à la grève générale, mérite sa volée de plomb (symbolique, s'entend...).

Quittons un peu le cloaque réformard hexagonal, pour aller respirer l'air international. Aussi curieux que ça puisse paraître, tandis que nous nous faisions gazer, le monde continuait de tourner. Mal, comme à l'accoutumée.

Tandis que les États-Unis menacent, de manière de plus en plus pressante, l'Iran d'une guerre à outrance (dans le cas de celleci le prétexte est tout trouvé, la menace nucléaire, réelle, se substituant avec avantage à celles des toujours introuvables armes de destruction massive), la Palestine crève sous nos yeux, soumise à la pression conjointe des États-Unis et de l'Europe. La suspension de l'aide financière, qui jusqu'à présent permettait de maintenir sous perfusion l'Autorité palestienne, est en train de créer dans la bande de Gaza les conditions d'un soulèvement qui, de l'avis même des ONG, serait sans précédent. Si affamer le peuple pour déstabiliser les dirigeants en place est une stratégie datant de l'Antiquité, on sait que ses résultats sont, la plupart du temps, parfaitement aléatoires.

Mais pour les fous qui nous dirigent, peu importe. Ici comme là-bas, ils ne sont plus à une improvisation près.