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par Jean-Marc Raynaud le 9 janvier 2023

Antimilitarisme, pacifisme, révolution sociale…

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Article extrait du Monde libertaire n° 1843 d’octobre 2022




Être antimilitariste n’est pas toujours simple. Être antimilitariste et pacifiste l’est encore moins. Et quant à être antimilitariste, pacifiste et révolutionnaire, c’est carrément compliqué.
Essayons néanmoins de défricher le terrain d’une problématique complexe.

Antimilitariste
L’armée étant ce qu’elle a toujours été et sera toujours ; c’est-à-dire un outil au service des pouvoirs politiques, économiques, financiers, religieux… ; une école du crime et de l’obéissance aveugle aux ordres imbéciles d’une hiérarchie également aux ordres ; une baïonnette avec un prolétaire à chaque bout ; une université de la culture intensive des plus bas instincts de l’animal humain ; un instrument de répression, avec sa cousine la police, des mouvements sociaux et des libertés de toutes sortes ; la « mère » de toutes les guerres…, il est relativement simple et de bon sens d’être antimilitariste… en pensée. Car, en actes ?




Être antimilitariste c’est, en effet, également refuser de partir à la guerre, de faire le service militaire, de participer aux cérémonies guerrières de toutes sortes, d’accepter les logiques d’ordres et d’obéissances inhérentes aux innombrables institutions des non moins innombrables hiérarchies sociales… C’est non seulement refuser d’obéir mais également de commander. C’est refuser de travailler dans ou pour les usines d’armement. C’est déduire de ses impôts la part consacrée à l’armée (cela fut fait au moment du Larzac)…
Bref, être antimilitariste implique d’être un minimum cohérent et de joindre autant que faire se peut les actes à la parole. Ah bon !

Antimilitariste et pacifiste
Logiquement l’antimilitarisme se conjugue au même temps que le pacifisme.
Le pacifisme, en effet, est contre la guerre et, donc, contre l’armée. Très souvent il est, en plus, non violent.
Tout cela semble relever de l’évidence. Mais… Mais qu’est-ce qu’on fait quand, comme en Espagne en 1936, un général fasciste fait un coup d’État militaire ? On se défend ou on ne se défend pas ?




On va à la rencontre des factieux avec des fleurs ou avec des armes ?



Miliciens attendant de partir au front. "Caserne " Bakounine. Barcelone le 27 août 1936

Et quand, toujours comme en Espagne, on n’en a guère et que Staline seul en propose (contre l’or de la Banque d’Espagne) sous condition de militarisation (sous contrôle stalinien) de la résistance au fascisme, on fait quoi ? Ce sont des questions qu’il faut se poser AVANT qu’elles ne se posent et qu’elles… s’imposent.
Lors de la guerre de classe c’est à priori légèrement différent et être antimilitariste et pacifiste, voire non violent, est à l’évidence plus plausible. Enfin, pas toujours, car quand l’armée ou la police tirent sur la foule si ça renforce le sentiment antimilitariste ça titille sévère le pacifisme et la non-violence.

Antimilitariste, pacifiste, révolutionnaire
Si, pour faire évoluer significativement la société vers non pas un peu mais beaucoup de progrès social, il suffisait de voter pour certains, de faire de grandes manifs pacifiques, de « négocier » autre chose que des miettes de « réformes » avec le patronat et le pouvoir, de refuser de faire la guerre et de la financer par notre travail et nos sous… ça se saurait.

Or, incroyable, les exploiteurs et les oppresseurs en tous genres renâclent toujours à se laisser déposséder de « leurs » biens et de leurs pouvoirs. Cékomça. Ça a toujours été comme ça et ce sera toujours comme ça.
Devant ces évidences, certains, et parmi eux les anarchistes, estiment que seul un processus révolutionnaire est à même de faire avancer significativement les choses. Mais c’est quoi un processus révolutionnaire si ce n’est, au départ, une révolte soudaine (pourquoi celle-là et pas celle d’avant ?) mettant le feu à la savane et détruisant tout sur son passage ? Et, cékomça, confrontée à la résistance des maîtres du monde, ça fait rarement dans la dentelle. C’est juste logique. La logique de toute guerre civile qui, parce que c’est une lutte à mort, ne laisse souvent pas d’autre choix à la révolte que les armes de l’adversaire, à savoir la concentration monopolistique du pouvoir et la militarisation de la lutte. Et, donc, retour à la case départ, comme en 1789 en France, 1917 en Russie, 1936 en Espagne et je ne sais plus quand en Chine, à Cuba, au Vietnam, au Nicaragua… Voire pire !

On l’aura compris, être antimilitariste, pacifiste et révolutionnaire c’est non seulement compliqué mais ça semble du genre désespérant. Alors, on laisse tomber ? On se contente d’être un antimilitariste à la mode café du Commerce, un pacifiste du week-end et un révolutionnaire de salon en peau de lapin ?

En guise d’introduction
Si on pense que l’antimilitarisme, le pacifisme et la révolution vont soudainement tomber du ciel et s’imposer comme évidence dans le conscient et l’inconscient des populations grâce à l’action résolue de quelques milliers de militant(e)s qui plus est embourbés dans des querelles de sacristie, là, c’est clair, il faut mettre les pouces.

Si, par contre, on pense que l’avènement de l’antimilitarisme, du pacifisme et d’une révolution digne de ce nom ça se prépare et ça s’inscrit dans un temps long, alors il faut continuer et continuer encore notre combat. En unissant nos faibles forces. En étant créatifs. Malins. Organisés. Persévérants. Tenaces. En avançant toujours, même de peu, sans jamais reculer sur l’objectif final. Le camarade Élisée Reclus avait déjà compris cela quand il expliquait que l’évolution et la révolution n’étaient pas obligatoirement antinomiques et pouvaient être complémentaires, à l’instar de ce qu’il en fut du syndicalisme révolutionnaire.
Ce que n’avait pas prévu Reclus, c’est qu’avec la crise écologique qui s’est enclenchée via le capitalisme (privé ou d’État), le pillage des ressources non renouvelables, l’empoisonnement de l’air, de l’eau et de la terre, un productivisme échevelé, une croissance économique, démographique, sans fin dans un monde fini, une surconsommation (pour certains) de l’inutile, une marchandisation des choses et de la vie…, nous en arriverions au stade d’une menace sur les conditions mêmes de la vie (humaine) sur cette planète et que, désormais, vu l’urgence de la situation, le temps allait nous être compté.
Soyons optimistes. Ça motive pour que notre combat pour une société de liberté, d’égalité et d’entraide, c’est-à-dire pour la VIE, ne se réduise pas à un combat pour la SURVIE.

Jean-Marc Raynaud

PAR : Jean-Marc Raynaud
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