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Anarchie dans le monde
par Dimitri Deliolanes le 22 mars 2021

Répression contre les anarchistes en Grèce

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traduit de l’italien par Monica Jornet Gr. Gaston Couté FA. Transmis par un camarade de la FAI Trieste


Témoignage et dénonciation de notre camarade Aris Papazacharoudakis :
"Coups et tortures dans les prisons athéniennes"




« Nous violerons aussi ton gosse, me criaient-ils tandis qu’ils me tabassaient à coups de poings, de pieds et de matraque dans les sous-sols de la préfecture de police d’Athènes ». Un passage à tabac qui n’en finissait pas, juste interrompu pour transférer la victime, cagoulée et les mains attachées dans le dos, à un étage élevé pour lui montrer la fenêtre : « Si tu veux mettre fin à ton calvaire, personne ne t’en empêchera. Et de toute façon dans quelques jours tu iras en taule pour tentative d’homicide ». Et puis dans la foulée, encore des coups, des questions pour avoir des noms et des renseignements, avec la victime étendue sur le sol, toujours attachée et cagoulée.

Le passage à tabac ne s’est arrêté que tard dans la nuit pour enfermer la victime dans une cellule, il y trouve un ami et compagnon, qu’on avait lui aussi tabassé. Les deux détenus y sont restés deux jours en isolement complet sans toilettes et sans eau. Par chance, d’autres manifestants enfermés dans les cellules voisines ont réussi à leur passer quelque petite bouteille d’eau. Aucune n’est communication autorisée, ni avec sa famille ni avec son avocat. Sa mère avait téléphoné à la préfecture, mais les policiers lui avaient menti, disant qu’ils n’étaient au courant de rien.

Voilà le récit qui a été fait au quotidien athénien Efimerida ton Syntakton par Aris Papazacharoudakis, 21 ans, militant du collectif anarchiste Masowka de Nea Smyrni [Nouvelle Smyrne]. Et c’est précisément dans les locaux du collectif que, la semaine dernière, Aris a été enlevé par des policiers. C’était le lendemain de l’énorme manifestation qui a eu lieu à Nea Smyrni pour protester contre les violences policières.

Un enlèvement comme en Amérique du sud : traîné dans la rue cagoulé, menotté et jeté dans une voiture sans plaque minéralogique. Le chef d’inculpation ne devait lui être communiqué à la fin de son martyre à la préfecture de police quand, meurtri sur tout le corps, il a été présenté devant le procureure, qui l’a laissé libre sans manifester d’intérêt particulier pour son état. Son compagnon, en revanche, a été mis en prison sur la base des "indices" trouvés dans les enregistrements téléphoniques. Des enregistrements effectués sans mandat, de même qu’aucun magistrat n’a autorisé de fichage de l’activité politique des deux jeunes.

Hier, Efimerida ton Syntakton a publié le témoignage bouleversant d’Aris en première page [photo ci-contre]. A midi, un communiqué laconique de la police - d’une crédibilité douteuse car déjà erroné sur le nom même du plaignant-, démentait le témoignage. Aris n’est pas le premier à dénoncer des tortures et des mauvais traitements exercés par les policiers. Le 7 mars, le soir même de la manifestation à Nea Smyrni, la jeune Efi, 18 ans, est tombée entre les mains des policiers qui l’ont frappée sans répit, lui ont fait subir des attouchements et ont menacé de la violer. Le tabassage et les menaces se sont poursuivies jusqu’au dimanche, jour où elle a été libérée sous résidence surveillée et avec de lourdes inculpations. Dans son cas également, aucune communication n’a été autorisée et la même indifférence manifestée par le procureur. La jeune fille courageuse n’en est pas restée à la dénonciation dans les médias et a porté plainte en justice.
PAR : Dimitri Deliolanes
Correspondant italien de "Il Manifesto" à Athènes
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