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par Todo por Hacer le 19 décembre 2021

Conflits armés internationaux en 2021 ou l’histoire interminable du capitalisme

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Todo por Hacer. Publication Anarchiste Mensuelle

Madrid. Décembre 2021

Dans un monde qui a besoin d’une vision globale et d’une action locale, nous voulons, en cette fin d’année 2021, situer sur la carte quelques-uns des conflits ouverts dans le monde, des coups d’État et de la répression contre les civils, un voyage aux limites de la périphérie. En l’espace de douze mois seulement, il y a trop de violences contre la population du monde, de vies humaines brisées et les fossés politiques et sociaux se sont creusés. Dans un système capitaliste qui nous habitue à vivre perpétuellement dans le conflit, ce système criminel génère des violences continuelles, la plupart en rapport avec la classe sociale ou l’ethnie culturelle et les migrations, se matérialisant par des occupations militaires, des exterminations de masse ou des assassinats ciblés au sein de communautés humaines dans le monde.



On compte actuellement 65 conflits armés ou situations de guerre ouverte dans le monde, "guerre" au sens de lutte armée entre nations ou entités politico-militaires. Nous passerons en revue brièvement certains de ces conflits dans le seul but de les localiser, notre intention n’est pas et nous ne pourrions pas proposer une analyse de chacun d’entre eux.


La guerre en Afghanistan et les talibans ; cet ennemi devenu encombrant

El conflit afghan comptait déjà vingt ans d’histoire depuis qu’en 2001, les États-Unis et leurs alliés avaient envahi le territoire, censément pour démanteler le réseau d’Al Qaeda, soutenu par les talibans. Plus de 46.000 civils morts en vingt ans de conflit, pour atteindre un triple objectif économique des États-Unis. Deux billions de dollars ont été investis dans la présumée modernisation du pays et de l’armée afghane ; en réalité le but était de s’assurer le contrôle des gazoducs depuis le Turkménistan jusqu’en Inde en traversant le territoire afghan. Une autre affaire pipée a été la production d’opium en Afghanistan qui l’a fait devenir le plus grand supermarché de la drogue dans le monde, inondant le pays de narcodollars. Et le dernier objectif de la dernière décennie a été le blanchiment de capitaux des plus grandes entreprises des États-Unis dans des affaires et des infrastructures afghanes. Après deux décennies de guerre, ces objectifs étant atteints, les troupes des États-Unis se sont retirées cette année en laissant derrière eux le sang versé et le chemin dégagé pour que les talibans reprennent le contrôle effectif du pays. des talibans qui sont toujours l’extrême-droite de l’islamisme et qui ont été maintenant présentés au monde comme l’ancien ennemi mais le futur ami.


La guerre au Yémen et le massacre opéré par la monarchie autoritaire d’Arabie Saoudite

La République du Yémen, seule république dans la Péninsule Arabique, est né en 1990 de l’unification de la République Arabe du Yémen (Nord) et de la République Populaire du Yémen (Sud) et fixé en 2000 ses frontières avec l’Arabie Saoudite. Dans le contexte des printemps arabes, le président Abdullah Saleh a démissionné suite à la forte contestation de rue contre la pauvreté, le chômage et la corruption. Tous les pouvoirs présidentiels ont été transférés au vice-président Al-Hadi (2012). Cependant, en 2014, la faction politique des Houthis, une branche islamique nationaliste libérale s’emparait de Saná, la capitale du pays. Dès lors, l’Arabie Saoudite soutient la faction Al-Islah, la branche ultraconservatrice et salafiste, bloquant les frontières du Yémen, et bombardant systématiquement la population yéménite depuis 2015. Cette situation, qui dure depuis six ans, a abouti à un conflit permanent de forte intensité mais rendu invisible internationalement et qui pourrait se prolonger indéfiniment. Le Yémen continue à se morceler et sa population vit harcelée par l’Arabie Saoudite, un allié économique important des pays occidentaux.


La guerre des narcotrafiquants au Mexique : les cartels le jour et la police la nuit

Ce conflit remonte à l’année 2006 et a été ouvert par l’ancien président Felipe Calderón,censé s’engager dans une lutte contre le crime organisé et le trafic de drogue au Mexique. Cependant les acteurs de cette guerre ouverte jouent presque toujours dans le même camp, il s’agit d’un conflit à différentes échelles territoriales pour le contrôle effectif du marché de la drogue, mais aussi d’autres affaires illégales comme le trafic d’êtres humains ou le trafic d’organes. Les forces armées fédérales et les cartels narcotrafiquants se disputent ces activités où chaque protagoniste a de puissants intérêts. Cela entraîne un conflit avec la population qui se retrouve impliquée dans cette guerre qui a causé la mort de 350.000 mexicain.e.s, dont 25.000 en 2021. Le président actuel, López Obrador, a annoncé officiellement la fin de cette guerre en 2019 ; cependant, en réalité, le conflit crée toujours un fossé important dans la société mexicaine. Au cours de la dernière décennie, des Groupes d’Autodéfense ou Gardes Communautaires sont nés, comme par exemple dans la localité de Cherán (État de Michoacán), où, en avril en 2011, ils ont chassé le narcotrafiquant et la police. Le Congrès national Indigène et les communautés de la sphère zapatiste sont sur cette même ligne et ont créé des unités d’autodéfense pour faire face à l’armée et aux cartels de la drogue.


La guerre du Tigré, conflit territorial éthiopien aux relents de post colonialisme





Ce conflit en cours depuis 2020 a éclaté suite à un affrontement civil sur le territoire du Tigré, en Ethiopie entre autorités régionales et gouvernement fédéral. A la fin de la guerre civile éthiopienne en 1991, le parti dominant était le Front Démocratique Révolutionnaire du Peuple Ethiopien ; or dans la dernière décennie, l’un des partis intégrant cette coalition, le Front de Libération Populaire du Tigré, s’est démarqué de cette ligne unitaire de gouvernement. L’an passé, le président Abiy Ahmed (Prix Nobel de la Paix 2019) accusait les autorités du Tigré d’avoir sapé son autorité et resserrait ses liens avec le président de l’Érythrée, Isaïe Afewerki, considéré comme un ennemi au Tigré. En novembre 2020, l’armée éthiopienne a lancé une opération militaire contre le Front de Libération Populaire du Tigré, après avoir annoncé que ceux-ci avaient attaqué une base militaire nationale. Cela a signifié le début d’un conflit territorial dans lequel l’Érythrée est aussi entrée, en occupant une partie du territoire de Tigray. En 2021, ce conflit a fait près de 20 000 morts, avec une répression ethnique contre les populations du Tigré. actuellement on est dans une spirale compliquée ; après le cessez-le-feu unilatéral en juin quand les forces du Tigré ont pris la capitale régionale, Mekelle. Les combats se sont étendus aux régions voisines d’Amhara et Afar ; et des organisations internationales essayent d’impulser un processus de paix qui est assez loin d’une quelconque solution.


Amérique latine : guerre sociale en Colombie et situation apocalyptique en Haïti

Cette année, l’Amérique latine a surtout été sous les projecteurs en raison du grand conflit social et des manifestations en Colombie. Cela fait des décennies que le pays est soumis à un régime politique incarné par Álvaro Uribe. Le président actuel, Iván Duque, suivant la ligne politique de l’ex président Uribe, voulait appliquer toute une série de réformes fiscales qui creusaient encore la pauvreté d’une population épuisée et asphyxiée par la crise du Covid-19. Les mouvements de contestation qui ont éclaté suite à la grève du 28 avril 2021, se sont étendus à tout le territoire et les principales villes colombiennes ; dans certaines enclaves telles que Medellín, Pereira ou Cali, les forces policières, militaires et milices en rapport avec les bandes paramilitaires sont entrées en action contre la population civile en tuant des dizaines de jeunes. Rien que pour cette année, en outre, 88 massacres ont eu lieu en Colombie, accompagnés de l’assassinat de 313 leaders sociaux, indigènes ou activistes des droits humains. Plus de 40 ex combattants des FARC ont également été assassinés, alors qu’ils s’essayaient à un long processus de paix, émaillé de violences de l’État colombien et des paramilitaires.
En Haïti, on vit une situation véritablement apocalyptique, on pourrait parler de tentative criminelle du capitalisme du XXI siècle, qui n’est pas sans rappeler des scènes de film de ce genre. Depuis des décennies, Haïti conserve une institution étatique qui en fait le paradis de l’ultralibéralisme, des gouvernements corrompus et clientélistes, des bandes armées qui contrôlent autoritairement certaines ressources comme le combustible et une population dépourvue de tout service éducatif, sanitaire et alimentaire de base.


Anciens et nouveaux conflits : frontières criminelles et occupations de territoires

Au cours de cette année 2021, les conflits internationaux ont connu de nouvelles évolutions ; et des conflits sont apparus, comme le coup d’État au Myanmar en février, l’insurrection au nord du Tchad en avril, la réouverture du conflit dans le delta du Niger entre les paysan.ne.s et les compagnie pétrolières, ou la révolte en juin au Swaziland contre la monarchie absolue. La guerre en Syrie et les attaques turques au Kurdistan se sont également poursuivies contre la population du Rojava. En mai, les manifestant.e.s palestiniens se sont défendus contre les attaques de la police israélienne suite à la décision de la Cour Suprême d’Israël d’expulser des familles palestiniennes dans le quartier de Sheij Yarrah. L’armée israélienne a lancé des attaques aériennes sur la Frange de gaza pendant deux semaines causant la mort de pas moins de 150 civils palestiniens. Le conflit au Sahara a été rouvert il y a un an avec l’entrée de militaires marocains dans la zone de Guerguerat, à la frontière mauritanienne. De plus, Joe Biden a clairement laissé entendre qu’il continuera la politique de Donald Trump dans ce conflit ; pendant ce temps-là, la monarchie marocaine instrumentalise les personnes migrantes qui servent de chair à canon à la frontière espagnole comme mesure de pression, alimentant les discours xénophobes et les violences envers les migrants.

Un autre conflit frontalier dans la vieille Europe serait situé sur le canal de la Manche, entre la France et l’Angleterre, où des centaines de migrants se pressent dans des camps assiégés par le gouvernement français en attendant de fuir. Cela fait des décennies que l’Union Européenne signe des accord commerciaux avec des pays tiers, éloignant les migrants de leurs frontières en échange d’argent, et il y a quelques semaines nous avons vu la police de Biélorussie charger des migrants, les obligeant à traverser la frontière avec la Pologne où les attendait aussi la répression policière.





L’histoire interminable de la violence sociale s’inscrivant dans un système capitaliste qui fait des affaires avec la misère humaine. Il crée les guerres et le peuple fournit les morts.

Traduction de l’espagnol. Monica Jornet. Groupe Gaston Couté FA
PAR : Todo por Hacer
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le 20 décembre 2021 05:54:22 par Philippe

Triste constat. Merci les anars pour cette liste.
Pacifiste ce monde me consterne.